Page:Encyclopédie méthodique - Mathématique, T01.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
lxvj
DISCOURS

parcourir le rayon de l’orbite terrestre ; il trouva depuis que la vîtesse de ce fluide étoit un peu plus grande. Aucun phénomène n’est plus remarquable que celui-ci dans la Physique céleste, ni plus essentiel, comme élément, dans les théories Astronomiques : il assure l’immortalité au nom de Roemer.

À chaque pas que fait une Science, les arts accessoires, sur-tout ceux qui sont utiles à la société, prennent des accroissemens proportionnés. La Navigation & la Gnomonique ont ainsi éprouvé l’influence des progrès de l’Astronomie.

Navigation. En bornant toujours l’usage des cartes plates à représenter de petites étendues de terrein, on pouvoit éviter l’inconvénient qu’elles ont d’exprimer par des lignes égales les degrés des deux cercles parallèles qui terminent la carte nord & sud, & donner la proportion An. 1550. convenable aux expressions de ces degrés. Gerard Mercator, Géographe des Pays bas, en fit la remarque, qui est d’ailleurs fort simple & fort élémentaire. Edouard Wright, le même dont il reste des observations astronomiques parmi celles de Horoccius, développa l’idée de Mercator, ou plutôt envisagea la question sous un nouveau point de vue. Ayant remarqué que le rayon d’un parallèle, en allant de l’équateur au pole, diminue en même raison qu’augmente la sécante de la latitude, il proposa de construire des cartes d’après ce principe. On les appella cartes réduites. L’invention en est très-ingénieuse : elles s’introduisirent dans la Marine, vers l’année 1630. On a calculé depuis des Tables pour en perfectionner la théorie & la pratique. La Loxodromie ou la route que suit le vaisseau sur la surface du globe, par un même rhumb de vent, est une courbe à double courbure : sur la carte réduite, elle est une courbe ordinaire dont la longueur est d’autant plus facile à calculer, que, dans la pratique, le problême se simplifie encore. Jamais le vaisseau ne suit une même Loxodromie pendant une longue Navigation : car toutes les mers sont interrompues par des isles ou par des continens ; & d’ailleurs on change souvent de direction, soit pour chercher des vents favorables, soit pour éviter des écueils, &c. La route entière du vaisseau est donc composée de plusieurs parties de Loxodromies différentes ; & chacune de ces parties, considérée séparément, peut se confondre, dans la plupart des cas, sans erreur sensible, avec la simple ligne droite.

La Navigation tira un nouveau secours de l’Astronomie, en s’appropriant l’usage de plusieurs instrumens pour diriger la route du vaisseau d’après l’inspection des astres. Mais on sent qu’à cause de la mobilité continuelle du vaisseau les observations en mer ont dû être, pendant long-tems, fort imparfaites.