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Page:Encyclopédie méthodique - Mathématique, T01.djvu/98

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PRÉLIMINAIRE

parler, le moins du monde, d’une autre méthode beaucoup plus simple qu’on venoit de lui enseigner en Angleterre ? Ainsi, de deux choses l’une : ou Léibnitz ne vit point, au mois d’Octobre 1676, l’ouvrage de Analysi per œquationes, & la lettre de Neuton, du 10 Décembre 1672 : ou s’il vit ces deux pièces, il n’en tira aucun secours, non plus que les Géomètres Anglois, qui avoient eu tout le tems de les méditer. Ses Adversaires n’ont jamais dit formellement qu’il eût vu l’ouvrage de Analysi per œquationes ; ils se sont contentés d’avancer qu’il avoit vu la lettre du 10 Décembre 1672 ; mais cette lettre est si vague & si obscure, que leur assertion, fût-elle vraie, ne prouve rien contre Léibnitz.

Il n’y a, dans toute cette affaire, que trois pièces véritablement décisives : savoir, 1.o une lettre de Neuton à Oldenbourg, du 24 Octobre 1676 ; lettre communiquée, l’année suivante, à Léibnitz. 2.o La réponse que Léibnitz fit à Oldenbourg, le 21 Juin 1677, relativement à cette lettre. 3.o Le Scholie qui accompagne la proposition VII du Livre II, des principes Mathématiques de Neuton, ouvrage publié en 1686.

La lettre de Neuton contient, indépendamment de différentes recherches sur les suites, qu’il faut ici mettre de côté, plusieurs Théorêmes qui ont la méthode des fluxions pour base ; mais il en cache les démonstrations ; il se contente de dire qu’il les a tirées de la solution d’un problême général qu’il énonce énigmatiquement sous des lettres transposées, & dont le sens est : étant donnée une équation qui contienne des quantités fluentes, trouver les fluxions, & réciproquement. Il est évident, par cette lettre, que Neuton possédoit alors la méthode des fluxions, ou le calcul différentiel.

Léibnitz, dans sa réponse, commence par dire qu’il avoit reconnu, comme Neuton, que la méthode de Sluze pour les tangentes étoit imparfaite. Ensuite il explique celle du calcul différentiel, assurant que depuis long-tems, il s’en étoit servi pour mener les tangentes des courbes. Il donne ainsi ouvertement la solution du problême que Neuton avoit proposé en énigme.

Le Scholie, cité du Livre des principes, porte : dans un commerce de lettres que j’entretenois, il y a dix ans[1], avec le trés-savant Géomètre M. Léibnitz, ayant mandé que je possédois une méthode pour déterminer les maxima & les minima, mener les tangentes, & faire autres choses semblables, laquelle réussissoit également dans les quantités rationnelles & dans les quantités radicales, & ayant caché cette méthode sous des lettres transposées

  1. Par l’entremise d’Oldenbourg.