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ARI ARI 233

l’opération de Dieu où des démons dans les faits qu’on cite, si cela avoit été réel. Cela jette un doute sur cette question ; on sent que Pomponace grossit la difficulté le plus qu’il peut. Il en fait un monstre, & sa réponse ne sert qu’à confirmer de plus en plus l’incrédulité de ce philosophe.

Il apporte la raison pourquoi Aristote a nié l’existence des démons ; parce que, dit-il, on ne trouve aucune preuve de ces folies dans les choses sensibles, & que d’ailleurs elles sont opposées aux choses naturelles. Et comme on allègue une infinité d’exemples de choses opérées par les démons, après avoir protesté que ce n’est que selon le sentiment d’Aristote qu’il va parler, & non selon le sien, il dit premièrement que Dieu est la cause universelle des choses matérielles & immatérielles, non-seulement efficiente, mais encore finale, exemplaire & formelle ; en un mot, l’archétype du monde.

1°. De toutes les choses corporelles créées & corruptibles, l’homme est la plus noble.

2°. Dans la nature il y a des hommes qui dépendent les uns des autres, afin de s’aider.

3°. Cela se pratique différemment, selon le degré de dépendance.

4°. Quoique Dieu soit la cause de tout, selon Aristote, il ne peut pourtant rien opérer sur la terre & sur ce qui l’environne, que par la médiation des corps célestes ; ils sont ses instrumens nécessaires : d’où Pomponace conclut qu’on peut trouver dans le ciel l’explication de tout ce qui arrive sur la terre. Il y a des hommes qui connoissent mieux ces choses que d’autres, soit par l’étude, soit par l’expérience ; & ces hommes-là sont regardés par le vulgaire, ou comme des saints, ou comme des magiciens.

Avec cela Pomponace entreprend de répondre à tout ce qu’on lui oppose de surnaturel ; cette suite de propositions fait assez connoître que ce m’sth pas sans fondement que Pomponace est accusé de l’impiété des péripatéticiens : voici encore comme il s’explique dans les propositions suivantes.

Dieu connoit toutes choses soi-même dans son essence & les créatures dans sa toute-puiffance.

Dieu & les esprits ne peuvent agir sur les corps, parce qu’un nouveau mouvement ne fautait provenir d’une caufe immobile, que par la médiation de l’ancien mouvement.

Dieu & les esprits meuvent donc l’entende-

Philosophie anc. & mod. Tom. I.

ment & la volonté, comme premiers moteurs, mais non sans l’intervention des corps célestes.

La volonté est en partie matérielle, parce qu’elle ne peut agir sans les corps ; & en partie immatérielle, parce qu’elle produit quelque choie qui est au-dessus des corps ; car elle peut choisir, elle est libre, (rien n’a moins démontré).

Les prophètes sont disposés par leur nature & les principes de leur géneration, quoique d’une façon éloignée, à recevoir les impressions de l’esprit divin : mais la cause formelle de la connoissance des choses futures leur vient des corps célettes. Tels furent Elisée, Daniel, Joseph & tous les devins des gentils.

Dieu est la cause de tout : voilà pourquoi il est la source des prophéties. Mais il s’accommode à la disposition de celui qu’il inspire, & à l’arrangement des corps célestes : or l’ordre des cieux varie perpétuellement.

La santé rendue à un malade miraculeusement vient de l’imagination du malade ; c’est pourquoi si des os réputés être d’un saint, étoient ceux d’un chien, le malade n’en serait pas moins guéri : il arrive même souvent que les reliques qui opèrent le plus de prodiges, ne sont que les tristes débris d’une disposition particulière du malade.

Les prières faites avec ardeur, pour demander la pluie, ont eu souvent leur effet, par la force de l’imagination de ceux qui la demandoient ; car les vents & les élémens ont une certaine analogie, une certaine sympathie avec un tel degré d’imagination, & ils lui obéissent. Voilà pourquoi les prières n’opèrent point qu’elles ne partent du fond du coeur, & qu’elles ne soient ferventes.

Suivant ce sentiment, il n’est pas incroyable qu’un homme né sous une telle constellation, puisse commander aux vents & à la mer, chasser len démons, & opérer en un mot toutes sortes de prodiges.

Nier que Dieu & les esprits soient cause de tous les maux physiques qui arrivent, c’est renverser l’ordre qui consiste dans la diversité.

Comme Dieu ni les corps célestes ne peuvent forcer la volonté à se porter vers un objet ; aussi ne peuvent-ils pas être la cause du mal moral.

Les astrologues disent toujours des choses conformes à la raison & au bon sens : l’homme par la force de ce qu’il renferme, peut-être changé en loup, en pourceau, prendre en un mot toutes sortes de formes.

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