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Page:Encyclopédie méthodique - Philosophie - T1, p2, C-COU.djvu/150

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5. Quand on aura consommé la force intellectuelle à approfondir les choses, l’intention & la volonté s’épureront, les mauvaises affections s’éloigneront de l’ame, le corps se conservera sain, le domestique sera bien ordonné, la charge bien remplie, le gouvernement particulier bien administré, l’empire bien régi ; il jouira de la paix.

6. Qu’est-ce que l’homme tient du ciel ? La nature intelligente : la conformité à cette nature constitue la règle, l’attention à vérifier la règle & à s’y assujettir est l’exercice du sage.

7. Il est une certaine raison ou droiture céleste donnée à tous ; il y a un supplément humain à ce don quand on l’a perdu. La raison céleste est du saint ; le supplément est du sage.

8. Il n’y a qu’un principe de conduite ; c’est de porter en tout de la sincérité, & de se conformer de toute son ame & de toutes ses forces à la mesure universelle : ne fais point à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse.

9. On connoît l’homme en examinant ses actions, leur fin, les passions dans lesquelles il se complait, les choses en quoi il se repose.

10. Il faut divulguer sur le champ les choses bonnes à tous ; s’en réserver l’usage exclusif, une application individuelle, c’est mépriser la vertu, c’est la forcer à un divorce.

11. Que le disciple apprenne les raisons des choses, qu’il examine, qu’il raisonne, qu’il médite, qu’il consulte le sage, qu’il s’éclaire, qu’il bannisse la confusion des pensées & l’instabilité de sa conduite.

12. La vertu n’est pas seulement constance dans les choses extérieures.

13. Elle n’a aucun besoin de ce dont elle ne pourroit faire part à toute la terre, & elle ne pense rien qu’elle ne puisse s’avouer elle-même à la face du ciel.

14. Il ne faut s’appliquer à la vertu que pour être vertueux.

15. L’homme parfait ne se perd jamais de vue.

16. Il y a trois degrés de sagesse ; savoir, ce que c’est que la vertu, l’aimer, la posséder.

17. La droiture du cœur est le fondement de la vertu.

18. L’univers a cinq règles : il faut de la justice entre le prince & le sujet ; de la tendresse entre le père & le fils ; de la fidélité entre la femme & le mari ; de la subordination entre les frères ; de la concorde entre les amis. Il y a trois vertus cardinales, la prudence qui discerne, l’amour universel qui embrasse, le courage qui soutient ; la droiture du cœur les suppose.

19. Les mouvemens de l’ame sont ignorés des autres : si tu es sage, veille donc à ce qu’il n’y ait que toi qui voie.

20. La vertu est entre les extrêmes ; celui qui a passé le milieu n’a pas mieux fait que celui qui ne l’a pas atteint.

21. Il n’y a qu’une chose précieuse, c’est la vertu.

22. Une nation peut plus par la vertu que par l’eau & par le feu ; je n’ai jamais vu périr un aussi fort appui.

23. Il faut plus d’exemples au peuple que de préceptes ; il ne se faut charger de lui transmettre que ce dont on sera rempli.

24. Le sage est son censeur le plus sévère ; il est son témoin, son accusateur & son juge.

25. C’est avoir atteint l’innocence & la perfection, que de s’être surmonté ; & que d’avoir recouvré cet ancien & primitif état de droiture céleste.

26. La paresse engourdie, l’ardeur inconsidérée, sont deux obstacles égaux au bien.

27. L’homme parfait ne prend point une voie détournée ; il suit le chemin ordinaire, & s’y tient ferme.

28. L’honnête homme est un homme universel.

29. La charité est cette affection constante & raisonnée qui nous immole au genre humain, comme s’il ne faisoit avec nous qu’un individu, & qui nous associe à ses malheurs & à ses prospérités.

30. Il n’y a que l’honnête homme qui ait le droit de haïr & d’aimer.

31. Compense l’injure par l’aversion, & le bienfait par la reconnaissance, car c’est la justice.

32. Tomber & ne point se relever, voilà proprement ce que c’est que faillir.

33. C’est une espèce de trouble d’esprit que de souhaiter aux autres, ou ce qui n’est pas en notre puissance, ou des choses contradictoires.

34. L’homme parfait agit selon son état, & veut rien qui lui soit étranger.