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Page:Encyclopédie méthodique - Philosophie - T1, p2, C-COU.djvu/152

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Sorbonne. Les missionnaires, ajoute le P. le Comte, qui rapporte cette difficulté, y répondirent, & le prince fut content ; ce qui devoit être : des missionnaires seroient, ou bien ignorans, ou bien maladroits, s’ils s’embarquoient pour la conversion d’un peuple un peu policé, sans avoir préparé une satisfaisante réponse à cette objection commune. Voyez les articles Foi, Grace, Prédestination.

7o. Que les Chinois ont d’assez bonnes manufactures en étoffes & en porcelaines ; mais que s’ils excellent par la matière, ils pêchent absolument par le goût & la forme ; qu’ils en seront encore long-tems aux magots ; qu’ils ont de belles couleurs & de mauvaises peintures ; en un mot, qu’ils n’ont pas le génie d’invention & de découvertes qui brille aujourd’hui dans l’Europe : que s’ils avoient eu des hommes supérieurs, leurs lumières auroient forcé les obstacles par la seule impossibilité de rester captives ; qu’en général, l’esprit d’orient est plus tranquille, plus paresseux, plus renfermé dans les besoins essentiels, plus borné à ce qu’ils trouvent établi, moins avide de nouveautés que l’esprit d’occident. Ce qui doit rendre particulierement à la Chine les usages plus constans, le gouvernement plus uniforme, les loix plus durables ; mais que les sciences & les arts demandant une activité plus inquiete, une curiosité qui ne lasse point de chercher, une sorte de capacité de se satisfaire, nous y sommes plus propres, & qu’il n’est pas étonnant que, quoique les Chinois soient les plus anciens, nous les ayons devancés de si loin. Voyez les mémoires de l’académie, année 1727. L’histoire de la philosophie de Bruck. Bulsing. Leibnitz. Le P le Comte. Les mémoires des missionnaires étrangers.. &c. Et les mémoires de l’académie des inscriptions.

(Cet article est de Diderot)


COL


COLLINS (philosophie de) histoire de la philosophie moderne.

Notre dessein n’est pas de consacrer, dans ce dictionnaire, un article particulier à tous les auteurs modernes qui ont écrit sur des matières philosophiques, mais seulement au petit nombre de ceux qui les ont traitées en philosophes, & dont les ouvrages pensés avec cette profondeur sans laquelle on n’éclaircit rien dans aucune science, ont été utiles au progrès des lumières & de la vérité. On ne doit donc pas s’étonner de trouver ici l’article de Collins, & de n’y pas voir celui du docteur Clarke plus théologien que philosophe, & par conséquent plus fait pour figurer dans le catalogue des ennemis de la raison, que dans la liste, moins longue, de ceux qui en ont reconnu, assuré & fait respecter les droits. Les écrits de ce ministre socinien, d’ailleurs plus instruit que le prêtre de telle ou telle communion ne l’est ordinairement, peuvent avoir quelque prix aux yeux de ceux qui, vivant de l’ignorance & de la crédulité des peuples, ont un grand intérêt à entretenir & à augmenter cette source impure de leurs richesses & de leur pouvoir ; mais ces mêmes écrits, peu connus aujourd’hui des philosophes, ne le recommandent par aucun côté à leur estime, tandis que ceux de Collins plus judicieux, plus réfléchis, & conduisant à des résultats très-importans, ont mérité leur attention en les plaçant d’abord & dès leur entrée dans la carrière, sur la route de la vérité. On se souviendra longtems du traité de cet auteur sur la liberté des actions humaines, & de son essai sur la nature & la destination de l’ame. Ces deux ouvrages, les seuls dont nous parlerons avec quelque étendue dans cet article parce que c’est particulièrement à eux que Collins doit toute sa célebrité & l’honneur d’être compté parmi les bons esprits du dix-huitième siècle, seront encore lus avec fruit, lorsque ceux de Clarke, négligés, perdus dans la poussière des bibliothèques, seront absolument oubliés, ou ne seront cités qu’avec ce froid mépris que les sages ont eu dans tous les tems pour les productions de ce genre : Opinionum commenta delet dies, naturæ judicia confirmant.

Rien n’est beau que le vrai : le vrai seul est aimable.

Antoine Collins naquit à Heston dans le comté de Middlesex, le 21 juin 1676.

Pour donner au lecteur une idée générale, mais très-juste de ses talens & de ses vertus, il suffit de dire qu’il fut l’ami intime de Locke, & que cette amitié particulière fut fondée sur l’estime, le seul sentiment qui puisse rendre le premier durable : c’est ce qui est bien prouvé par les lettres que Locke écrivoit à Collins & que Des-maiseaux a publiées dans un recueil de diverses pièces de Locke qui ne se trouvent point dans ses œuvres. Nous ne citerons des lettres de ce philosophe, que deux fragmens qui feront assez connoitre le caractère d’esprit, & les qualités morales de Collins.

Voici ce que Locke lui écrivoit le 11 septembre 1704.

Mon cher monsieur.

« Quiconque a affaire à vous, doit avouer que l’amitié est un fruit naturel de votre caractère ; votre ame, terroir vraiment excellent, est enrichie des deux plus estimables qualités de l’humanité, la vérité & l’amitié. Quel trésor pour moi, d’avoir un ami de ce caractère, avec lequel je puisse avoir commerce, & dont je puis recevoir des lumières sur les sujets les plus relevés ».