23. Les sens sont le fondement de toutes les sciences humaines.
24. Le syllogisme est composé de deux propositions, dans l’une desquelles se trouve le sujet de la conclusion, & dans l’autre l’attribut de la même conclusion.
25. L’induction est un argument qui conclut du dénombrement des parties au tout.
26. L’exposition est la preuve d’une proposition, par d’autres propositions plus claires & équipollentes.
27. L’enthimême est un syllogisme tronqué, dans laquelle on sous-entend, ou la majeure, ou la mineure.
28. L’argument est ou démonstratif, ce qui constitue la science, ou seulement probable, ce qui engendre l’opinion.
29. La science consiste à connoître les choses par leurs causes : espèce de connoissance qu’on ne peut jamais porter jusqu’à la perfection.
30. Ce que les sens ont démontré passe dans l’entendement revêtu du même caractère, & pour ainsi dire, avec le même signe.
31. Sentir, c’est sçavoir. On a souvent une connoissance plus exacte & plus étendue des choses particulières & contingentes, que des choses universelles, éternelles & nécessaires.
32. Les propositions probables sont celles qui paroissent telles à la plupart des hommes ou à ceux qui forment le plus petit nombre, mais qui sont les plus éclairés.
Voilà ce qu’il y a de moins déraisonnable dans la logique de Campanella. Le lecteur est en état de juger s’il est, ou plus clair, ou plus méthodique qu’Aristote, & s’il a ouvert une route plus aisée & plus courte que cet ancien philosophe, dont il n’estimoit pas beaucoup la logique : il croyoit même que la plupart des raisonnemens des péripatéticiens, étoient de pures pétitions de principes. C’est bien ici le cas d’appliquer le vers de La Fontaine :
1. Les sens sont la base de la Physique : les connoissances qu’ils nous donnent sont certaines, parce qu’elles naissent de la présence même des objets.
2. La raison est d’autant plus certaine, qu’elle tient de plus près à la sensation ; elle est, au contraire, d’autant plus foible, qu’elle en est plus éloignée, & que l’imagination influe davantage sur ses résultats.
3. L’essence d’une chose n’est point différente de son existence ; ce qui n’a point d’existence ne peut avoir d’essence.
4. Ce qui existe physiquement, existe dans un lieu.
5. Le lieu est la substance première : elle est spirituelle, immobile, & capable de recevoir tous les corps.
6. Il n’y a ni haut, ni bas, ni pésanteur, ni légereté : ce ne sont que des signes que nous avons inventés pour marquer des relations.
7. Le lieu où l’espace est au-delà du monde, & il est peut-être infini.
8. Il n’y a point de vuide, parce que tous les corps sentent, & qu’ils sont doués d’un toucher : mais il est possible qu’il y ait du vuide par violence.
9. Le temps est la durée successive des êtres, c’est la mesure du mouvement, non pas réellement, mais seulement dans notre pensée.
10. Le temps peut mesurer le repos, & on peut le concevoir sans le mouvement ; il est composé de parties indivisibles d’une manière sensible : mais l’imagination peut le diviser sans fin.
11. Il n’est point prouvé que le temps ait commencé : mais on peut croire qu’il a été fait avec l’espace.
12. Dieu mit la matière au milieu de l’espace, & lui donna deux principes actifs, savoir la chaleur & le froid.
13. Ces deux principes ont donné naissance à deux sortes de corps : la chaleur divisa la matière & en fit les cieux : le froid la condensa, & fit la terre.
14. Une chaleur violente divisa fort vite une portion de matière, & se répandit dans les lieux que nous appellons élevés : le froid fuyant son ennemie étendit les cieux, & sentant son impuissance, il réunit quelques-unes de ses parties, il brilla dans ce que nous appellons étoiles.
15. La lune est composée de parties qui ne brillent point par elles-mêmes, parce qu’elles