Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/346

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
332
ATT

de l’attraction dans les petites distances & en démontre conſéquemment l’exiſtence.

Nous avons vu que des plans de glace, de marbre, de métal, de bois bien polis, superposés l’un ſur l’autre, adhèrent entr’eux avec une force de beaucoup ſupérieure à celle de la preſſion des colonnes d’air, puiſque dans le vide de la machine pneumatique, cette adhérence à lieu, et qu’un poids aſſez conſidérable, attaché au plan inférieur, ne peut en procurer la ſéparation ; il a été auſſi prouvé que la prétendue matière ſubtile ne peut opérer cette cohérence dans le vide ; d’où il réſulte néceſſairement que cette adhérence eſt un effet & une preuve de l’attraction. On peut en dire autant de la cohérence dont les effets ſont très-grands, & qui ſubſiſtent également dans le vide de la machine pneumatique.

Sans parler ici des expériences ſur l’adhérence qui ont été rapportées à l’article Adhérence, nous dirons que des cylindres de verre, d’argent, de cuivre rouge, de fer tendre, de marbre blanc & de marbre noir, de même diamètre, & comprimés après les avoir enduits de suif, ont cohéré, ſelon Muſſchenbroeck, avec une force de 130, 125, 200, 300, 225, 230 reſpectivement, & qu’en déduiſant 41 livres pour le poids de l’atmoſphère, il a reſté 89, 84, 159, 184, 189 livres auſſi reſpectivement, ce qui ne s’accorde pas avec le rapport de la poroſité de ces corps, ni par conſéquent avec l’action d’un fluide ſubtil.

La cohérence des corps eſt d’autant plus grande, que les points de contact ſont plus nombreux, parce que dans ce cas, il y a plus de parties attirantes, & que l’attraction totale doit être d’autant plus conſidérable, que la ſomme des petites attractions particulières eſt grande, c’eſt ce que l’expérience confirme ; car les fluides (dont les parties paroiſſent être ſphériques, n’ont preſqu’aucune cohérence ; on ne remarque, entre leurs parties, que celle qui eſt néceſſaire pour former des gouttes. Les corps mols ont une cohérence plus grande, parce que leurs parties, approchant moins de la figure ſphérique, ſe touchent en plus de points. Les parties des corps élaſtiques, entre leſquelles ne ſe trouvent pas des parties de liquides interpoſés, s’attirant davantage réciproquement, mais ayant encore des molécules à-peu-près rondes, comme celles du verre, ſeront douées d’une force de cohérence plus grande que celles des corps mols, mais inférieure à celle des corps durs ; auſſi le verre eſt-il fragile, se caſſe-t-il facilement, ſes parties ſe ſéparant aiſément, les corps durs, dont les molécules ne paroiſſent pas rondes, ſe touchant en un grand nombre de points, ont une force de cohérence proportionnellement plus grande & conſéquemment une dureté qui réſiſte fortement à une ſéparation réciproque des parties.

Si deux planches de ſapin, par exemple, d’une ſurface bien unie, ſont collées enſemble dans le milieu, le long de la veine du bois, on les rompra plus aiſément par-tout ailleurs que dans l’endroit où elles ſont ainſi collées ; cet effet dépend de l’attraction ; car la colle rempliſſant les pores du bois, le contact des parties ſera plus grand dans les parties collées que dans celles qui ne le ſont pas. Dans celles-ci, il n’y aura pas d’attouchement dans les parties où ſont les pores ou petits vides de matière ; dans celle-là, outre le contact des parties ſolides, il y aura encore celui des parties de la colle qui ont rempli les pores & forment ainſi une augmentation de parties qui ſe touchent, & un accroiſſement d’attraction. Au contraire, ſi le bois eſt denſe & dur, comme l’ébène, par exemple, & que les molécules de la colle ne puiſſent pas s’y inſinuer, la cohérence eſt beaucoup moins forte dans les endroits collés, que dans ceux qui ne le ſont pas. La ſoudure eſt une eſpèce de colle à chaud, ou, ſi l’on veut, à fusion ; & la cohéſion qui en réſulte, dépend des mêmes principes. Voyez Alliage, Soudure.

La rondeur des gouttes d’eau de mercure, & de tous les fluides ſont une preuve de l’attraction de cohéſion, parce que toutes les parties qui compoſent chaque goutte, ſont alors dans le contact le plus intime qu’elles puiſſent avoir. Si ces gouttes s’aplatiſſent lorſqu’elles touchent une ſurface plane, ſur laquelle elles ſont placées, ſet effet vient de l’attraction du plan, & de la peſanteur de la goutte ſi le plan eſt horiſontale. Ce qui prouve encore que cette ſphéricité des gouttes de liqueur vient de l’attraction, & nullement de la preſſion d’un fluide extérieur, c’eſt qu’elle a également lieu dans le vuide, & ſous le récipient d’une machine pneumatique, dont on a pompé l’air ; c’eſt qu’on n’y apperçoit aucune différence dans la ſphéricité des gouttes de liqueur, à meſure qu’on évacue l’air, ni même après que le vuide a été auſſi complet qu’il puiſſe l’être. Voyez l’article Sphéricité des gouttes, des liquides, &c.

Tous les jours nous voyons les gouttes de pluie ſphériques, celles de la roſée ; les gouttes d’huile jetées dans l’eau, nous montrer par leur rondeur des preuves de cette attraction mutuelle des parties. C’eſt même une règle générale que toutes les matières molles ou fluides affectent une forme ſphérique, lorſqu’elles ſont plongées dans un milieu qui ne s’oppoſe pas à l’attraction réciproque de leurs parties. Ainſi les métaux parfaits mis en fuſion dans la coupelle, l’air dans les bulles de ſavon, en un mot, tous les fluides prennent une forme ſphérique.

La viſcoſité de certains fluides, la ténacité de pluſieurs matières molles & la dureté de quelques corps, leur élaſticité même, ſont des effets de l’at-