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Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/107

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AIM
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un bout & l’autre vers l’autre bout : après avoir répété ces frottemens trois ou quatre fois ſur les deux petits barreaux & ſur leurs deux faces, on a des barres magnétiques d’une force extrême.

Méthode de M. Anthéaume. Je place horiſontalement, dit-il, la barre que je veux aimanter, & je prends deux barres magnétiques, que je diſpoſe en ligne directe, obſervant que le pôle nord de l’une regarde le pôle ſud de l’autre, & que ces deux pôles ſoient ſéparés l’un de l’autre par un intervalle de l’épaiſſeur de trois cartes à jouer D D, ou d’environ une demi-ligne ; figure 408. Je les gliſſe dans cette poſition toutes deux enſemble, comme ſi elles ne faiſoient qu’un corps, ſur la lame que j’aimante, en allant & venant lentement pluſieurs fois d’un bout à l’autre de cette lame ſans la quitter : après quoi, je la retourne pour l’aimanter de même ſur l’autre face.

Lorſque j’ai deux barres à aimanter, je les place parallèlement, un peu éloignées l’une de l’autre, le bout marqué de l’une vis-à-vis le bout non marqué de l’autre, réuniſſant par deux petites barres de fer C, C, que j’appelle contacts, les quatre extrémités de ces deux barres, comme dans la méthode de M. Canton : & dans cette diſpoſition, je les aimante l’une après l’autre. Cette union des deux barres, par le moyen des contacts y procure une circulation du fluide magnétique pendant tout le cours de l’opération. Je leur communique par ce moyen une vertu magnétique plus conſidérable, je l’oſe dire, que par la manière de M. Knight ; ce que je crois pouvoir prouver par l’adhérence des contacts, qu’on ſépare beaucoup plus difficilement de leurs barres, en opérant par ma méthode, que par celle de M. Knight.

Deux choſes dans cette manière d’aimanter, contribuent, ſelon M. Anthéaume, à lui donner plus d’effet que dans les autres méthodes ; ſavoir, le mouvement modéré qu’il donne aux deux barres aimantées, en les gliſſant ſur la barre qu’il aimante, & la manière de gliſſer en même temps les deux barres qui ſervent à aimanter, les laiſſant toujours jointes enſemble. 1o. En ne précipitant point le mouvement, il donne, à ce qu’il prétend, le temps au fluide magnétique de s’ouvrir plus de paſſage dans la barre qu’il aimante ; ayant éprouvé que ſi on accélère le mouvement, cette barre acquiert moins de vertu magnétique. 2o. La manière dont il ſe ſert pour aimanter, étant de laiſſer toujours les deux barres jointes enſemble, fait qu’il ne ſe forme, pendant tout le cours de l’opération, qu’un ſeul tourbillon magnétique entre les deux barres aimantées, & celle qu’il aimante. Cette réunion des tourbillons doit néceſſairement, dit-il, augmenter conſidérablement la vertu magnétique de la lame qu’on aimante, & cette réunion des tourbillons ne ſe trouve en aucune autre méthode ; les lames ou barres y ont toujours leurs tourbillons ſéparés & par conſéquent communiquent moins de vertu magnétique, le cours de ce fluide ſe trouvant ainſi partagé. Mem. de M. Anthéaume, page 22.

Méthode de M. Œpinus. MM. Michell & Canton, au lieu de ſe ſervir d’une ſeule barre de fer, pour produire des aimans artificiels, ont employé avec ſuccès deux barres déjà magnétiques ; leur méthode a été appelée méthode du double contact, à cauſe du double moyen qu’ils ont préféré. Elle a été perfectionnée par M. Œpinus, qui a cherché & trouvé la manière la plus avantageuſe de placer les forces dans les aimans artificiels, afin que celles qui attirent & celles qui repouſſent, ſe ſervent le plus & ſe nuiſent le moins poſſible. Voici ſon procédé qui eſt l’un des meilleurs auxquels on puiſſe avoir recours pour cet effet, & qu’on doit ſur-tout préférer pour aimanter les aiguilles de bouſſoles.

M. Œpinus ſuppoſe que l’on veuille augmenter juſqu’au degré de ſaturation la vertu de quatre barres déjà douées de quelque magnétiſme. Il en met deux horiſontalement, parallèlement, & à une certaine diſtance l’une de l’autre, entre deux parallélipipèdes de fer ; il place ſur une de ces barres horiſontales les deux autres barres qui lui reſtent ; il les incline, l’une à droite, l’autre à gauche, de manière qu’elles forment un angle de quinze à vingt degrés avec la barre horiſontale, & que leurs extrémités inférieures ne ſoient ſéparées que par un eſpace de quelques lignes ; il les conduit enſuite d’un bout de la barre à l’autre, alternativement dans les deux ſens, & en les tenant toujours à la même diſtance l’une de l’autre. Après que la première barre horizontale a été ainſi frottée ſur ſes deux ſurfaces, il répète l’opération ſur la ſeconde barre ; il remplace alors la première paire de barres par la ſeconde qu’il place de même entre les deux parallélipipèdes, & qu’il frotte de la manière qu’on vient de le dire avec la première paire. Il recommence enſuite l’opération ſur cette première paire, & il continue de frotter alternativement une paire ſur l’autre, juſqu’à ce que les barres ne puiſſent plus acquérir du magnétiſme. M. Œpinus emploie le même procédé avec trois barres, ou avec un plus grand nombre ; mais, ſelon lui, la manière la plus courte & la plus ſûre, eſt d’aimanter quatre barres ; on peut coucher entièrement les aimans ſur la barre que l’on frotte, au lieu de leur faire former un angle de quinze ou vingt degrés, ſi la barre eſt aſſez courte pour que ſes extrémités ne ſe trouvent pas trop voiſines des pôles extérieurs des aimans, qui jouiſſent de forces oppoſées à celles de ces extrémités.

Lorſque la barre à aimanter eſt très-longue, il peut ſe faire que celui de M. Canton produiſe une ſuite de pôles alternativement contraires, ſur-tout ſi le fer eſt mou, & par conſéquent ſuſceptible de recevoir plus promptement le magnétiſme.

M. Œpinus s’eſt ſervi du procédé du double