rable de la ſubſtance aérienne, à cauſe du grand nombre de volcans, de grottes, de cavernes, & de ſoupiraux ; d’où il ſort une quantité conſidérable de ſoufres qui ſe répand dans l’atmoſphère. Voyez Soufre, Volcan, &c.
Et l’on peut regarder les agrégations, les ſéparations, les frottemens, les diſſolutions, & les autres opérations d’une matière ſur une autre, comme les ſources d’une infinité de ſubſtances neutres & anonymes qui ne nous ſont point connues.
L’air pris dans cette acception générale, eſt un des agens les plus conſidérables & les plus univerſels qu’il y ait dans la nature, tant pour la conſervation de la vie des animaux, que pour la production des plus importans phénomènes qui arrivent ſur la terre. Ses propriétés & ſes effets ayant été les principaux objets des recherches & des découvertes des philoſophes modernes, ils les ont réduits à des lois & des démonſtrations préciſes qui font partie des branches des mathématiques qu’on appelle Pneumatique & Airométrie, Voyez Respiration, Pneumatique & Airométrie, &c.]
II. L’air eſt fluide. Un corps fluide eſt celui dont les parties intégrantes ſont ſi foiblement unies entr’elles, qu’au moindre mouvement elles ſe ſéparent les unes des autres & peuvent être diſjointes ſans opérer la diſſolution du tout. Lorſque nous marchons ſur la ſurface de la terre, nous diviſons avec la plus grande facilité la maſſe d’air qui nous environne ; il en eſt de même d’un brin de paille ou de tout autre corps léger qui tombe dans l’air. La fluidité de l’air eſt démontrée par l’uſage fréquent de pluſieurs eſpèces d’inſtrumens que nous avons preſque tous les jours entre les mains ; par le moyen des ſoufflets nous pompons l’air, & nous le faiſons enſuite jaillir à une diſtance notable, comme il arrive à l’eau que nous lançons fort loin de nous avec une ſeringue. Les vents ſont des courans qui ont lieu dans l’air, comme ceux qui ſont dans la mer. En un mot, toutes les raiſons qu’on peut apporter pour démontrer que l’eau, par exemple, eſt un fluide, prouvent également que l’air jouit de la fluidité. (Voyez Fluidité).
La propagation des ſons, celle des odeurs & émanations de toutes ſortes qui s’échappent des corps, montrent encore tous les jours des effets de cette fluidité, puiſque dans ces différentes circonſtances, les parties de l’air cèdent à un effort preſqu’imperceptible, & ſe meuvent avec la plus grande facilité.
L’air eſt conſtamment fluide ; car ni le froid, ni la compreſſion, ni le mélange avec diverſes ſubstances ni aucun, moyen connu, ne peuvent lui faire perdre ſa fluidité, ainſi qu’il eſt prouvé par l’expérience. Si on plonge un thermomètre d’air dans de la glace mêlée avec du ſel ammoniac, pour augmenter le degré de froid ; ſi on verſe deſſus ce mélange de l’acide nitreux fumant, afin de rendre l’intenſité du froid beaucoup plus conſidérable, on ne verra jamais la fluidité de l’air diſparoître, même dans les circonſtances où le froid a été capable de congeler le mercure, ſoit qu’on produiſe ce froid naturellement ou artificiellement ; jamais on ne remarquera que l’air ſoit réduit en parties ſolides, ce qui, ſelon M. Formey, vient de ſa rareté, de ſa mobilité & de la figure de ſes parties.
La compreſſion ne peut pas non plus détruire la fluidité de l’air. Quoiqu’on comprime fortement l’air dans des vaiſſeaux, par exemple, dans la machine à condenſer l’air, dans les fuſils à vent, dans diverſes pompes propres à cet effet, l’air conſerve toujours ſa fluidité. Le rapprochement des parties que la compreſſion occaſionne, & qui eſt proportionnel aux forces comprimantes qu’on emploie, quelque grandes qu’elles aient été juſqu’ici, n’a jamais pu faire ceſſer la fluidité de l’air. Le temps qu’a duré cette compreſſion, quoique conſidérable, ne l’a en aucune manière pu altérer. Roberval, après avoir condenſé de l’air, & l’avoir conſervé dans cet état pendant quinze ans, ne trouva pas qu’il en fût moins fluide.
Avec quelques ſubſtances qu’on mêle & qu’on combine l’air, que ces matières ſoient ſolides ou fluides, l’air conſerve toujours ſa fluidité. Ni la diverſité des eſpèces, ni la quantité des doſes ne ſont capables d’altérer cette qualité.
[Comme l’air eſt un fluide, il preſſe dans toutes ſortes de directions avec la même force, c’eſt-à-dire, en haut, en bas, latéralement, obliquement, ainſi que l’expérience le démontre dans tous les fluides. On prouve que la preſſion latérale de l’air eſt égale à la preſſion perpendiculaire, par l’expérience ſuivante, qui eſt de M. Mariotte. On prend une bouteille haute, percée vers ſon milieu d’un petit trou ; lorſque cette bouteille eſt pleine d’eau, on y plonge un tuyau de verre ouvert de chaque côté, dont l’extrémité inférieure deſcend plus bas que le petit trou fait à la bouteille. On bouche le col de la bouteille avec de la cire ou de la poix, dont on a ſoin de bien envelopper le tuyau, enſorte qu’il ne puiſſe point du tout entrer d’air entre le tuyau & le col : lors donc que le tuyau ſe trouve rempli d’eau, & que le trou latéral de la bouteille vient à s’ouvrir, l’eau s’écoule en partie du tuyau, mais elle s’arrête proche de l’extrémité inférieure du tuyau à la hauteur du trou, & toute la bouteille reſte pleine. Or, ſi la preſſion perpendiculaire de l’air l’emportoit ſur la preſſion latérale, toute l’eau devroit être pouſſée hors du tuyau, & ne manqueroit pas de s’écouler ; c’eſt pourtant ce qui n’arrive pas, parce que l’air preſſe latéralement avec tant de force contre le trou, que l’eau ne ſe peut échapper de la bouteille.]
Quelle eſt la cauſe de la fluidité de l’air ? il y en a qui prétendent, avec Descartes, que cette qualité dépend d’un mouvement continuel & inteſtin