Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
AIR
127

quantité d’air ou de ſubſtances aériformes ; pourquoi les carminatifs produiſent le même effet, c’eſt plutôt parce qu’ils renferment beaucoup de ſubſtance aériforme, que parce qu’ils ont la propriété de chaſſer un air ſurabondant à l’économie animale ; pourquoi les alimens cuits ſurchargent moins l’eſtomac et donnent moins de coliques que ceux qui ſont crûs ; la chaleur étant un moyen d’expulſer une grande partie d’air ou de fluides aériformes.

La chaleur dégage bien plus facilement l’air des ſubſtances liquides ou ſolides qui y ſont expoſées ; & ce moyen rend bien plus efficace tout autre procédé ; parce que la chaleur dilatant l’air, augmente ſon élaſticité & ſon volume, & force l’air à ſortir des cavités où il étoit en quelque ſorte empriſonné.

La congélation qui concentre les liqueurs, concentre de même en quelque ſorte l’air, en le réuniſſant dans un plus grand eſpace : ainſi, l’eau qui s’eſt tranſformée en glace, préſente de grands intervalles remplis d’air qui y étoit auparavant diſſéminé dans une infinité de petits vacuoles.

Toute diviſion mécanique ou chimique, les diſſolutions, les efferveſcences, les fermentations, &c. facilitant à l’air contenu dans les corps de s’en échapper, ſont conſéquemment des moyens de prouver que l’air eſt contenu ou répandu dans tous les corps.

À l’article Eau, nous traiterons plus particulièrement de l’air contenu dans l’eau.

Non ſeulement l’air eſt répandu par-tout, mais il adhère encore à tous les corps : cette vérité eſt établie ſur un grand nombre d’expériences qu’on peut voir au mot Adhérence. Une aiguille de fer ou d’acier placée horiſontalement ſur l’eau, ſe ſoutient ſur la ſurface de ce fluide, quoique le fer ſoit huit cents fois plus peſant que l’eau. Il en eſt de même des aiguilles d’or, d’argent, de cuivre & de tout autre métal, & de tout autre corps. Ce phénomène, qui paroît oppoſé aux lois de l’hydroſtatique, y eſt réellement conforme, parce que l’aiguille de métal ne repoſe ſur l’eau que par le milieu de ſa partie inférieure, & que, par ſes côtés, les particules d’air qui y adhèrent, forment une eſpèce de gondole aérienne qui rend la totalité de ce ſyſtême de corps plus léger qu’un égal volume d’eau qui lui répond. Auſſi, lorſqu’on mouille l’aiguille, & qu’on chaſſe par-là l’air adhérent, voit-on cette aiguille tomber auſſitôt au fond de l’eau. Cette expérience, variée de différentes manières, a toujours le même ſuccès ; car des feuilles d’or, de cuivre ou d’autres métaux très-minces, non-ſeulement ſe ſoutiennent ſur l’eau, à cauſe des molécules d’air qui adhèrent à leur ſurface inférieure & à leurs côtés, mais encore elles remontent à la ſuperficie de l’eau, lorſqu’on les a plongées dans ce fluide. M. Petit, de l’académie de Paris, ayant chiffonné ces feuilles & diminué par-là leur ſurface, & conſéquemment le volume d’air qui adhéroit à la ſuperficie en contact avec l’eau, obſerva que ces feuilles tomboient au fond de l’eau, quoique leur poids n’eût pas augmenté.

X. L’air environne le globe de la terre juſqu’à une hauteur conſidérable. En effet, quelque part que nous allions ſur la ſurface de la terre, du midi au ſeptentrion, & de l’orient à l’occident, ſoit que nous deſcendions dans les grottes les plus profondes, ſoit que nous montions ſur les montagnes les plus élevées, que nous nous élevions dans les aéroſtats les plus légers, par-tout nous ſommes environnés d’un air plus ou moins propre à la reſpiration.

Dans l’article Atmosphère terrestre, on a traité de la formation de cet air atmoſphérique, de ſa conſtitution, du poids de l’atmoſphère, de la preſſion qu’elle exerce ſur les différentes ſurfaces des corps, de ſa hauteur, &c. des ſubſtances diverſes qui y ſont dans un état de mélange, ou bien dans un état de compoſition, &c. &c.

La définition ou deſcription de l’air, que nous avons donnée au commencement de cet article, étant ſuffiſamment développée & prouvée, il faut examiner maintenant ſi l’air a une grande influence dans les opérations de la nature.

XI. L’air eſt le principal inſtrument de la nature dans toutes ſes opérations ſur la ſurface de la terre & dans ſon intérieur.

Aucun végétal, ni animal terreſtre ou aquatique, ne peut être produit, vivre ou croître ſans air. Les œufs ne ſauroient éclorre dans le vide. L’air entre dans la compoſition de tous les fluides, comme le prouvent les grandes quantités d’air qui en ſortent. Le chêne en fournit un tiers de ſon poids ; les pois autant ; le blé de Turquie, un quart, &c. Voyez la Statique des végétaux de M. Hales.

L’air produit en particulier divers effets ſur le corps humain, ſuivant qu’il eſt chargé d’exhalaiſons, & qu’il eſt chaud, froid ou humide. En effet, comme l’uſage de l’air eſt inévitable, il eſt certain qu’il agit à chaque inſtant ſur la diſpoſition de nos corps. C’eſt ce qui a été reconnu par Hippocrate, & par Sydenham, l’Hippocrate moderne, qui nous a laiſſé des épidémies écrites ſur le modèle de celle du prince de la Médecine, contenant une hiſtoire des maladies aiguës, en tant qu’elles dépendent de la température de l’air. Quelques ſavans médecins d’Italie & d’Allemagne ont marché ſur les traces de Sydenham ; & une ſociété de médecins d’Edimbourg ſuit actuellement le même plan. Le célèbre M. Clifton nous a donné