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M. l’abbé Needham dit dans ſes nouvelles obſervations microſcopiques qui parurent en 1750, qu’il a vu pluſieurs petits corps mouvans ſur différentes matières ; par exemple, on a apperçu ſur de petits grains de ſable paſſés au tamis, un animalcule qui a un grand nombre de pieds, & le dos blanc & couvert d’écailles. On a trouvé de petits animaux reſſemblans à des tortues, dans la liqueur des puſtules de la galle. On a vu dans l’eau commune, expoſée pendant quelque temps à l’air, quantité de petits corps mouvans, de différentes groſſeurs & de différentes figures, dont la plupart ſont ronds ou ovales. Leuwenhoeck eſtime que mille millions des corps mouvans que l’on découvre dans l’eau commune, ne ſont pas ſi gros qu’un grain de ſable ordinaire. » Le dernier obſervateur ajoute encore qu’il a trouvé dans un chabot, plus d’animalcules que la terre ne peut porter d’hommes. On ſait que M. Paulin a prétendu que tout étoit plein de vers imperceptibles à la vue simple, & d’œuf de vers, mais qui n’écloſent point par-tout indifféremment. M. de Maleſieu a vu de ces animalcules microſcopiques qui étoient vingt-ſept millions de fois plus petit qu’une mite.

Nous ne parlerons point ici des animaux microſcopiques qu’on obſerve dans la liqueur ſpermatique. Hartfoeker, & enſuite Leuwenhoek, ont cru que le fœtus n’étoit qu’un de ces vers qui ſe développoit, & qu’il n’y en avoit qu’un ou deux, ſelon les eſpèces, qui échappoient à mille cauſes de deſtructions, & que ces vers étoient de pères en fils contenus les uns dans les autres dans la ſemence des mâles. M. de Buffon penſe que ces corps mouvans ſpermatiques, ne ſont pas de vrais animaux, mais ſeulement des molécules organiques, vivantes & propres à former un nouveau corps organiſé de la même nature que celui dont elles ſont extraites. Mais quand même ce ſeroient de vrais animaux que ces petits êtres mouvans, ainſi que le croient d’autres obſervateurs, il ne s’enſuivrait pas que l’opinion de Hartfoeker fût vraie ; car on apperçoit auſſi, dit-on, de ſemblables animalcules dans la ſemence des femelles ; & d’un autre côté, ces vers ſont dans les liqueurs ſpermatiques de tous les individus, comme ils ſont dans toutes les autres liqueurs.

Quoique la plupart des naturaliſtes & phyſiciens obſervateurs aient parlé des petits animaux que le microſcope fait découvrir dans les eaux imprégnées de particules de ſubſtances animales & végétales, cependant tous, depuis Leuwenhoek juſqu’à Spallanzani, dans l’intervalle d’un ſiècle, ont négligé d’en déterminer diſtinctement les eſpèces, ce qui eſt bien plus difficile qu’une ſimple obſervation. M. Hille eſt le premier qui ait oſé inſérer dans le genre animal d’un petit nombre d’eſpèces des animalcules d’infusion. M. Müller, ſavant naturaliſte danois, qui a conſacré tous ſes travaux à l’étude de cette branche de l’hiſtoire naturelle, a fait un ouvrage très-étendu ſur cette matière, que le ſavant Othon Fabricius a publié après la mort de ſon ami, ſous ce titre : Animalcula infuſoria, fluviatilia & marina, quæ detexit, ſyſtematice deſcripſit et ad vivum delineari curavit, &c. 1786, in-4°. 4.

M. Müller diviſe les petits animaux microſcopiques, en animalcules d’infufion & en bullaires. Les premiers paroiſſent très-petits, même à l’œil armé, ont la plus grande affinité avec les ſpermatiques, ſont homogènes, gélatineux, ſans diſtinction des parties. Les bullaires ſont la plupart microſcopiques, aquatiques, hétérogènes, membraneux : on y diſtingue des parties internes & externes. La propagation eſt incertaine dans la première de ces claſſes ; celle de la ſeconde ſe fait dans quelques eſpèces par les œufs, par les fœtus vivans, par une eſpèce de bourgeons, & par la ſéparation tranſversale ou longitudinale, qu’un obſervateur trop précipité pourroit prendre pour une copulation.

Quelques obſervateurs ont cru que parmi les animalcules, les plus grands dévorent les plus petits pour s’en nourrir. Mais M. Müller prétend que c’eſt une erreur, & que les petits animalcules ne ſont qu’arrêtés dans les cils ou poils dont quelques eſpèces ſont pourvues, & ſont rejetés enſuite encore vivans. On trouve des animalcules dans les eaux les plus pures, dans leſquelles on n’aperçoit aucune partie végétale ; mais on en aperçoit un plus grand nombre dans les liquides putréfiés ; cependant il n’y en a pas dans toutes les liqueurs putrides : on en voit encore dans celles qui le ſont au plus haut degré, & même après que la fermentation putride a ceſſé.

Il y a des eſpèces d’animalcules qui vivent pluſieurs jours, d’autres pluſieurs ſemaines, quelques-uns pluſieurs mois, & même une année, dans une eau renouvelée ſans être fétide. Aucune expérience n’a pu faire voir à M. Müller, non plus qu’à MM. Spallanzani & Wrisberg, la réſurrection des animalcules bullaires.

Division méthodique des animalcules selon M. Müller

Ire. Classe. Animalcules qui n’ont aucun organe extérieur.

Ire. Classe. Sect. 1re. An. épais (craſſiuſcula) 5 g.

Ire. Classe. Sect. 2e. An. membraneux. 5 genres.

IIe. Classe. Animalc. pourvus d’organes extérieurs.

Ire. Classe. Sect. 1re An. nus, 6 genres.

Ire. Classe. Sect. 2e. An. teſtacées (teſta tecta). 1 g.

Ces 17 genres comprennent 378 eſpèces, dont M. Müller donne les deſcriptions, avec les ſyno-