Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188
ANI-ANN

nymes, & les infuſions dans leſquelles on les obſerve.

La variété des formes de ces différens animalcules eſt très-grande. Il y en a de ronds, d’ovales, d’oblongs, de quarrés, d’anguleux ; quelques-uns ſont droits, d’autres courbes, ſphériques, plats, concaves, obtus, pointus, en forme de fleurs, de plantes, d’oiſeau, de poiſſon, de coquillage, de cloporte, de ſcolopendre, de limaçon, de hériſſon, de cornet, &c. Dans la plupart des trichodes, on découvre très-distinctement les organes & leurs mouvemens ; par exemple, dans le trichoda pocillum, on voit la bouche s’ouvrir ; on aperçoit les mâchoires, le muſcle & les cils de la bouche, les articulations & les poils de la queue. Quant aux couleurs, elles ſont moins variées que les formes ; on y trouve le blanc, le jaune, le rougeâtre, le verd, le gris & le brun. L’obſervation de ces phénomènes recule vraiment les bornes connues de la nature, & offre à la curioſité & aux recherches des savans, un nouveau monde. Chaque brin d’herbe, comme le dit à cette occaſion, M. de Kéralio, en parlant de l’ouvrage de M. Müller ; chaque feuille, chaque particule de fleur, de bois, de tout être organiſé, eſt enceint de pluſieurs milliers d’êtres vivans. Le plus petit de ces fœtus a des organes compoſés de parties, & eſt peut-être enceint lui-même d’une ſucceſſion de fœtus ſemblables. Et ſi ce monde, infiniment petit, étonne & confond l’imagination ; elle n’eſt pas moins accablée, en concevant qu’il peut exiſter un autre monde infiniment grand dans quelque partie de l’immenſité.

Conſidérons ici ſeulement deux des eſpèces de ces animalcules. Le volvox globator « eſt un globule diaphane, verd, enceint de globules plus petits, d’un verd foncé : ſa couleur devient blanchâtre & orangée. Il ſe propage de cette manière : la membrane ſe fend ; les petits globules en ſortent & deviennent des animalcules semblables à la mère, qui meurt en donnant la vie. Le volvox végétant eſt ſemblable à une petite plante qui porte à l’extrémité tranſparente de ſes branches, de petites roſes compoſées de très-petits corpuſcules ovales & diaphanes. On voit enſuite ces petites fleurs ſe détacher de leur ſupport & nager librement dans la liqueur. »

ANIMAUX phosphoriques. (Voyez Phosphorisme).

ANIMALISTES. Par cette expreſſion, on déſigne les phyſiciens qui ſoutiennent que les embryons ſont tout formé, & même vivant dans la ſemence du père qui les lance à millions dans la matrice, & que la mère ne fait que donner le logement & la nourriture à celui qui eſt deſtiné à être vivifié. Hartſoëcker eſt l’auteur de ce ſentiment ; il fut enſuite embraſſé par Leuwenhoeck qui le réforma en quelques points. Pluſieurs autres après eux ont embraſſé la même opinions, & ont cru que les animalcules ſpermatiques étoient de vrais embrions, qui, après un développement complet, étoient ſemblables aux pères dont ils tiraient leur origine. Voyez Animalcules microscopiques.

ANlMOVISTES. C’eſt ainſi qu’on appelle une ſecte des phyſiciens animaliſtes, qui admettant en partie des œufs, regardent les ovaires comme des hôtelleries, dont chaque œuf eſt un appartement où viennent loger les animaux ſpermatiques ; ſi ce ſont des mâles, des ſéries d’individus y ſont contenus : dans les femelles au contraire, il n’y a aucune poſtérité renfermée. C’eſt la modification que Leuwenhoeck a apportée au ſentiment d’Hartſoëcker.

ANN

ANNEAU DE SATURNE. C’eſt une eſpèce de couronne lumineuſe ou de bande circulaire, large & mince, placée à une certaine diſtance du globe de ſaturne, auquel elle eſt concentrique. Galilée, en 1710, peu après l’invention des lunettes aſtronomiques, découvrit cet anneau, mais ne put diſtinguer ſa véritable figure. Bien loin de là, il crut d’abord apercevoir que c’étoient deux anſes ou deux ſatellites qui accompagnoient ſaturne ; enſuite il obſerva qu’ils diminuoient de grandeur apparente ; enfin ils lui parurent disparaître entièrement vers la fin de l’année 1612. Ces variations qui lui firent dire qu’il avoit vu ſaturne compoſé de trois parties ſaturnum triformem lui parurent ſi étonnantes, ainſi qu’à pluſieurs autres Aſtronomes, qu’on déſespéra aſſez généralement de pouvoir expliquer cette ſuite d’apparences dont le ciel ne préſentoit aucun autre exemple.

M. Huyghens fut plus heureux ; il imagina que les apparences ſucceſſives de deux corps ronds, à côté de ſaturne, qui étoient ſujets à des diminutions progreſſives, & enfin à une diſparition, n’étoient autre choſe que les apparences d’un anneau concentrique à ſaturne, également éloigné de cette planète dans tous ſes points. Cet anneau, comme on l’a remarqué très judicieuſement, eſt ſoutenu par la peſanteur naturelle & ſimultannée de toutes ſes parties, tout ainſi qu’un pont qui ſeroit aſſez vaſte pour environner toute la terre, ſe ſoutiendrait ſans piliers.

Le célèbre phyſicien que nous venons de nommer, démontra que les changemens de figure, obſervés dans ſaturne, dépendoient uniquement des différentes poſitions de l’anneau par rapport à la terre. Il nous paroît tantôt ſous la figure d’un anneau lumineux, lorſqu’il eſt relativement à notre œil, dans la poſition repréſentée dans la fig. 45. Tantôt il paraît ſous une figure elliptique, (quoiqu’il ſoit réellement circulaire) lorſqu’on le voit obliquement ; & l’ellipſe eſt plus ou moins