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plus ſaillantes ; elles le ſont bien davantage, lorſque les ſurfaces n’ont été que dégroſſies : alors ces aſpérités ſont de vraies rugoſités, & la ſurface eſt rude & âpre au toucher.

Comme il y a différens degrés de poli, il y a de même pluſieurs degrés de rudeſſe & d’âpreté ; & ce qui eſt fort âpre pour l’un, peut ne l’être pas autant pour un autre, dont le tact ſera plus émouſſé : ces deux cauſes combinées produiſent un grand nombre de variétés dans ce genre. Il en eſt de même des degrés de poli, & du jugement qu’en portent différentes perſonnes, dont l’organe du tact peut être plus ou moins délicat.

Boyle rapporte de Vermauſen, aveugle, devenu fameux par la délicateſſe & la fineſſe de ſon toucher, qu’il diſtinguoit par le tact, la plupart des couleurs : des personnes dignes de foi, m’ont aſſuré avoir vu des aveugles connoître par le tact les différentes cartes qu’on leur préſentoit. Des joueurs qui ſe ſeroient exercés à diſtinguer les couleurs & les figures des cartes, deviendraient bien redoutables : ces faits étant ſuppoſés, il paroît que chaque couleur a ſon degré ou ſon eſpèce particulière d’âpreté. Le noir paroît être la plus rude, de même qu’il eſt la plus obſcure des couleurs ; mais les autres ne ſont pas plus douces à proportion qu’elles ſont plus éclatantes ; c’eſt-à-dire, que la plus rude n’eſt pas toujours celle qui réfléchit le moins de lumière : car le jaune eſt plus rude que le bleu ; & le vert, qui eſt la couleur moyenne, eſt plus rude que l’une & l’autre.

Ce qu’on vient de dire, montre combien il ſeroit à ſouhaiter qu’on perfectionnât par l’habitude le tact dans les enfans : M. Hauï eſt entré dans ces vues, & a formé à Paris un établiſſement bien utile, dans l’inſtitution des aveugles nés, auquel il apprend journellement à lire dans les livres faits à leur uſage, la géographie, à imprimer, &c. Voyez l’article Tact.

APS

APSIDES ou ABSIDES. On nomme ainſi, dans une orbite céleste, le point de la plus grande diſtance au foyer, & celui de la plus petite diſtance : la ligne qui réunit ces deux points, porte le nom de ligne des apſides. Les points des abſides ſont donc la même choſe que Aphélie & Périhélie. (Voyez ces mots.) Suppoſons que la courbe elliptique, fig. 53, Α B G P E D Α, ſoit l’orbite d’une planète, dont le foyer ſoit S, que le ſoleil occupe, le point Α eſt celui de la grande apſide, ſumma apſis ; le point P eſt celui de la petite apſide, infima ou ima apſis. On voit par là, 1o. que la grande apſide n’eſt autre choſe que l’aphélie, lorſque le ſoleil eſt au foyer, ou l’apogée, lorſque la terre l’occupe ; & de même que la petite apſide ne diffère pas dans les mêmes hypothèses du périhélie & du périgée. 2o. Que la ligne des apſides qui, paſſant par le centre C de l’orbite, joint les deux points des apſides, n’eſt autre choſe que le grand axe de l’orbite elliptique ſur la ligne des apſides, qu’on évalue l’excentricité ; car celle-ci eſt la diſtance du centre C au foyer S de l’orbite.

Le grand axe Α P ; & conſéquemment les points Α & P des apſides, ſont mobiles ſelon l’ordre des lignes d’orient en occident ; & il eſt inutile de remarquer que ce changement de poſition, par rapport aux étoiles fixes, eſt abſolument le même que celui des aphélies.

Quelques phyſiciens ont regardé le mouvement d’une planète d’une apſide à l’autre, comme des oſcillations d’un pendule ; tel eſt, entr’autres, le célèbre Jean Bernouilli dans ſa pièce couronnée en 1730, & dont le titre eſt : nouvelles penſées ſur le ſyſtème de Deſcartes, avec la manière d’en déduire les orbites & les aphélies des planètes. Mais il ne ſuffit pas, remarque d’Alembert, comment il peut arriver que, dans le ſyſtême des tourbillons, une planète ne ſoit pas toujours à la même diſtance du ſoleil, mais qu’elle s’en approche & s’en éloigne alternativement, ce qui n’eſt qu’un phénomène particulier ; il faut encore que l’hypothèſe d’où l’on part pour l’expliquer, puiſſe s’accorder avec tous les autres phénomènes qui y ont rapport. Or, il eſt difficile, dans l’explication de Bernouilli, de montrer comment la planète peut décrire une éclipſe autour du ſoleil, de manière que cet aſtre en occupât le foyer, & que les aires décrites autour de cet aſtre par les rayons recteurs, fuſſent proportionnelles aux temps, ainſi que l’obſervation le prouve. Voyez un mémoire de M. Bouguer, ſur le mouvement curviligne des corps dans des milieux qui ſe meuvent. Mém. acad. 1731. C’eſt dans la doctrine de l’attraction, qu’on doit chercher la ſolution de ces beaux problêmes.

Apsides. (ligne des) (Voyez Ligne des apsides.)

APY

APYRE. Par ce mot on déſigne la propriété qu’ont pluſieurs ſubſtances de réſiſter à l’action d’un feu très-violent, ſans éprouver ni fuſion, ni aucune altération ſenſible. Les ſubſtances réfractaires, au contraire, expoſées au même feu, ſubiſſent des altérations conſidérables, quoiqu’elles ne fondent pas. Les pierres calcaires pures ſont réfractaires & non apyres, parce qu’elles ne fondent jamais ſeules, mais deviennent chaux vive, ce qui forme une altération très-grande. On avoit cru autrefois que le diamant étoit apyre, mais les expériences des modernes ont prouvé qu’il s’évaporoit à un feu médiocre, même dans des vaiſſeaux clos. Peut-être n’y a-t-il aucun corps qui soit abſolument apyre, mais pluſieurs ſont régardés comme apyres, relativement au degré du feu que l’art emploie ordinairement.

AQU


AQUARIUS. Voyez Verseau.