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ARÉ
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enfonce trop, on ôte un peu de mercure de la petite boule ; s’il ne s’enfonce pas aſſez, on en ajoute ſuffisamment. Lorſqu’il s’enfonce convenablement, on marque zero à l’endroit où il s’arrête, cela forme le premier terme, comme on le voit dans la figure 267 en Α. Enſuite on enlève l’inſtrument, on le lave & on le plonge dans de l’eau diſtillée : on marque dix degrés à l’endroit où il s’eſt fixé B ; cela forme le ſecond terme de la graduation. Enſuite on diviſe en dix parties égales, l’eſpace compris entre ces deux termes, ce qui donne dix degrés. Ces degrés ſervent d’étalon pour former les autres de la partie ſupérieure du tube. On donne l’étendue de cinquante degrés à cette échelle, ce qui eſt ſuffisant.

Les degrés de cet aréomètre ont un uſage inverſe de celui qui ſert aux liqueurs ſalines ; car l’aréomètre propre aux ſels, annonce une eau d’autant plus riche en ſel, qu’il s’enfonce moins dans cette eau. Celui-ci, au contraire, annonce une liqueur d’autant plus riche en eſprit, qu’il s’enfonce davantage dans les liqueurs ſpiritueuſes.

Aréomètre de Cartier. Cet inſtrument de comparaiſon eſt en argent, & ne diffère pas eſſentiellement de celui de M. Baumé. Sa forme, ſelon l’auteur, reſſemble à un fuſeau ; ſon corps rond & alongé ſe termine en pointe : il eſt ſurmonté d’un tube diviſé en progreſſion arithmétique ; & ſa diviſion comprend 33 degrés. Le premier degré marqué par le n°. 10, déſigne l’eau de rivière pure. Le vingt-unième degré eſt le terme où finit l’eau-de-vie ſimple. Le vingt-deuxième & le trente-troiſième renferment l’eau-de-vie rectifiée ; & l’eſprit-de-vin comprend le trente-quatrième degré & au-delà.

La température influant ſur les liqueurs, la chaleur les raréfiant & le froid les condenſant, il eſt de toute néceſſité que l’aréomètre enfonce plus ou moins dans la même liqueur, à proportion qu’elle eſt plus ou moins raréfiée. Le dixième degré au-deſſus de la congélation du thermomètre de M. de Réaumur, eſt le degré de température fixé pour la vérification des eaux-de-vie ſimples, & c’eſt à ce degré qu’il eſt conſéquemment néceſſaire de les ramener.

Avant de faire uſage de l’aréomètre, il faut mettre dans un vaſe la liqueur que l’on veut eſſayer, y laiſſer pendant quelques minutes le thermomètre, pour s’aſſurer de ſa température : ſi la liqueur du thermomètre eſt au-delà du dixième degré fixé par la conſtruction, alors en mettant le vaſe qui contient l’eau-de-vie, dans de l’eau froide, il eſt aiſé de la rafraîchir, juſqu’à ce que le thermomètre, que l’on laiſſe toujours dedans, marque le dixième degré au-deſſus de la congélation. Si au contraire c’eſt en hiver, & que la liqueur ſoit froide, on l’échauffe juſqu’à ce que le thermomètre ſoit monté au dixième degré ; alors on plonge l’aréomètre dans la liqueur, & on voit le degré de ſon enfoncement. Il faut prendre garde ſeulement que l’immerſion ſe faſſe perpendiculairement, & que l’inſtrument n’ait point contracté d’adhérence avec quelques parties graſſes qui arrêteroient ſon enfoncement.

Dans les vérifications ordinaires, pour n’être pas obligé de ramener les eaux-de-vie à la  température fixée par la loi, il suffit de ſavoir que dix degrés de chaleur au-dcſſus du degré fixé pour la vérification, raréfient toutes les eaux-de-vie ſimples, de façon que l’aréomètre s’y enfonce d’un degré de plus, & que dix degrés au-deſſous de celui fixé pour la vérification, condenſent ces eaux-de-vie, de façon que l’aréomètre s’y enfonce d’un degré de moins.

Pour les eſprits-de-vin, c’eſt-à-dire, depuis le trente-troiſième degré, dix degrés de chaleur augmentent l’enfoncement de l’aréomètre d’un degré & demi, & dix degrés de froid diminuent ſon enfoncement d’un degré & demi.

Si, par exemple, c’eſt en été, & que l’on veuille connoître le degré de force d’une eau-de-vie, on commence par y mettre le thermomètre : ſi, après quelques minutes, le thermomètre marque le vingtième degré au-deſſus de la glace, c’eſt-à-dire, dix degrés au-deſſus de la température fixée par la loi, & que l’aréomètre s’y enfonce juſqu’au vingt-deuxième degré, on peut dire, ſans craindre de ſe tromper, que cette eau-de-vie eſt au vingt-unième degré, priſe au dixième degré de température. Si dans un eſprit-de-vin pris au vingtième degré de chaleur, l’aréomètre s’y enfonce juſqu’au trente-quatrième degré & demi, on peut dire que c’eſt de l’eau-de-vie rectifiée du trente-troiſième degré. Si au contraire la vérification ſe fait en hiver, & que la température de la liqueur ſoit à la glace, c’eſt-à-dire, dix degrés au-deſſous du tempéré, alors il faut compter un degré pour toutes les eaux-de-vie ſimples, & un degré & demi pour les eſprits-de-vin, de plus que n’en préſente l’aréomètre. Ainſi une eau-de-vie qui, examinée à la glace, ne donneroit que vingt-un degrés à l’aréomètre, ſeroit une eau-de-vie du vingt-deuxième degré, & conſéquemment dans la claſſe des eaux-de-vie rectifiées ; de même une eau-de-vie qui, à cette température, c’eſt-à-dire, à la glace, ne laiſſeroit enfoncer l’aréomètre que juſqu’au trente-troiſième degré, ſeroit un eſprit-de-vin ; puiſque cette liqueur, au dixième degré de la température, donne à l’aréomètre trente-quatre degrés & demi.

Cet aréomètre étant fort en uſage dans le commerce, il étoit à propos de dire quelque-choſe ſur la manière de s’en ſervir, d’autant plus que cela peut être appliqué, proportion gardée, aux autres aréomètres.

Aréomètre de M. le Raz de Lanthenée, M. le Raz