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ASPECT. Ce mot déſigne les ſituations reſpectives des planètes entr’elles, ou même des étoiles. Ce terme eſt actuellement preſque hors d’uſage ; les aſtrologues s’en servoient autrefois, c’eſt une raiſon pour le répudier entièrement, puiſqu’il n’y a pas d’apparence que les vieilles erreurs des influences particulières des aſtres puiſſent jamais reſſuſciter parmi nous. Les aſtrologues croyoient que l’influence des aſtres augmentoit ou diminuoit, ſelon les ſituations reſpectives que les planètes avoient les unes par rapport aux autres dans le zodiaque, leurs forces ſe réuniſſant ou ſe détruiſant en partie. Kepler a défini l’aſpect, un angle formé par des rayons qui, partant de deux planètes, viennent à ſe rencontrer sur la terre, & qui ont la propriété de produire quelque influence naturelle.

Les anciens diſtinguoient principalement cinq ſortes d’aſpects, la conjonction, l’oppoſition, le ſextil, le trine & le quadrat. Le troiſième étoit déſigné par une étoile à ſix rayons, le quatrième par un triangle, & le cinquième par un quarré, ce qui ſignifioit que deux aſtres différoient en longitude de ſoixante degrés ou la ſixième partie de la circonférence du cercle ; de cent vingt ou la troiſième partie, de quatre-vingt-dix degrés, quart de la circonférence. L’aſpect quadrat, par exemple, étoit donc l’angle meſuré par le quart du cercle, l’aſpect en général étant l’angle des rayons lumineux qui, partis de deux planètes, viennent ſe réunir sur la terre. Par rapport aux influences, les aſpects étoient diviſés en benins, malins & indifférens. Nous paſſons ici ſous ſilence pluſieurs autres diviſions des aſpects, tels que le decile, le tridecile, le biquintile, &c., parce que ces objets, abſolument ſurannés, ſont auſſi ridicules qu’inutiles ; & nous n’en avons fait une légère mention, que pour ſatiſfaire l’intention de quelques curieux qui auroient pu croire qu’un dictionnaire qui ne renfermeroit pas les mots conſacrés anciennement, ſeroit incomplet.

Aspect ſignifie expoſition, par rapport au ſoleil levant, au midi couchant, ou relativement au notd. En agriculture on fait beaucoup de cas d’une bonne expoſition ; celle du midi eſt la plus favorable au grand nombre des plantes, parce qu’elle eſt plus long-temps échauffée par les rayons du ſoleil. On ne doit pas non plus négliger une bonne expoſition par rapport à la ſanté.

ASPIRANT ; tuyau aſpirant, c’est celui qui eſt mis au bas d’une pompe, pour faire monter l’eau à une certaine élévation. Voyez Pompe aspirante.

aspirante et foulante. Voyez Pompe aspirante et foulante.

ASPHIXIE. Ce mot vient du grec, & ſignifie ſans pouls ; il déſigne une abolition ſubite du mouvement & du ſentiment, accompagnée de la privation du pouls, & de la reſpiration. C’est le dernier degré de la ſyncope, & l’état le plus voiſin de la mort. Quoiqu’il paroiſſe au premier coup d’œil que cette matière eſt étrangère à la phyſique, cependant elle a avec cette ſcience un grand rapport. Les divers inſtrumens que la phyſique moderne a imaginé pour rétablir la reſpiration, tels que les soufflets apodopniques, les pompes apodopniques, &c. &c. Voyez Apodopnique. Les différentes expériences qu’on fait ſur les gaz, fluides aréiformes, dont la plupart ſont méphitiques & capables de faire tomber les animaux en aſphixie ; les divers moyens qui ſont relatifs à ces objets, & qu’on a imaginé pour éviter de tomber en aſphixie ou pour en échapper ; ce qu’on a établi à l’article de l’air, relativement à l’économie animale, n°. XII : toutes ces conſidérations prouvent qu’on ne peut ſe diſpenser de faire connoître ici ce qui a été dit de plus intéreſſant ſur cette matière, d’ailleurs ſi utile par elle-même. Voyez encore les articles Charbon, Méphitisme, Renouvellement de l’air, Gaz azote.

Les cauſes extérieures qui produiſent l’aſphixie, ſont la vapeur du charbon, le gaz fixe dégagé par la fermentation, une compreſſion quelconque du col ou de la poitrine, le froid, divers lieux méphitiques offerts par la nature, les émanations qui s’échappent des foſſes d’aiſance, & la foudre.

Pour être bien inſtruit de ce qui regarde l’état d’aſphixie, il faut ſavoir s’il y a quelque ſigne poſitif de l’extinction de la vie, & diſtinguer la mort apparente de la mort abſolue, mais cela eſt très-difficile ; il y a à ce ſujet pluſieurs opinions qui ne ſont pas du reſſort d’un ouvrage de phyſique. Nous dirons ſeulement ici deux mots ſur le ſentiment de M. Kite, non qu’il ſoit le plus certain, mais parce qu’il préſente une diſtinction aiſée à concevoir & à fixer les idées du grand nombre des lecteurs. La mort apparente conſiste dans la ſuspenſion de la circulation, de la reſpiration & de l’action du cerveau ; tandis que l’irritabilité ou cette propriété particulière des fibres muſculaires qui les rend capables de ſe contracter lorſqu’elles ſont irritées, ſubſiſte encore. La mort abſolue a lieu lorſque, non-ſeulement toutes les fonctions vitales, naturelles & animales ont ceſſé, mais que le principe même de l’irritabilité eſt détruit. La vie, ſelon M. Kite, ſubſiſte tant que l’irritabilité reſte ; quoiqu’il ne ſoit pas certain qu’on puiſſe rétablir l’exercice réglé & ſoutenu des fonctions, lors même qu’un certain degré de cette propriété ſe fait diſtinguer.

L’aſphixie eſt, comme on l’a dit, une maladie qui conſiſte dans la ceſſation ſubite du pouls, du ſentiment, du mouvement & de la reſpiration. Si elle est continuée trop long-temps, les vaiſſeaux du col, de la face & du cerveau s’engorgent, le ſang ſe raréfie, ſort quelquefois par différens émonctoires, & le poumon qui eſt alors ſouvent rétréci, ſe trouve rempli de ſang. M. Troja, qui a fait périr