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d’autres phénomènes, & il a tâché d’expliquer la diverſité des ſaiſons par les différentes ſituations & les mouvemens des planètes ; par leurs rétrogradations, par le nombre des étoiles qui compoſent une conſtellation, &c. D’autres ont dit que l’humidité, la chaleur, le froid, &c. (qualités que la nature emploie à la production des deux effets conſidérables, la condenſation & la raréfaction,) dépendent preſqu’entièrement de la révolution, des mouvemens, de la ſituation, &c. des corps celeſtes.

L’aſtrologie judiciaire, que l’uſage déſigne à préſent sous le nom d’aſtrologie, eſt l’art prétendu d’annoncer les évènemens moraux avant qu’ils arrivent, c’eſt-à-dire les évènemens qui dépendent de la volonté & des actions libres de l’homme, comme ſi les aſtres avoient quelque influence ſur lui. Le ciel, diſent les aſtrologues, eſt un grand livre où Dieu a écrit de ſa main l’hiſtoire du monde, & où tout homme peut lire ſa deſtinée. On croit que l’aſtrologie a pris naiſſance dans la Chaldée, d’où elle pénétra en Égypte, en Grèce & en Italie, &c. Le peuple romain les ſoutint malgré les édits des empereurs qui les banniſſoient. Les Brames ou Bramines furent régardés dans l’Inde comme des oracles, & paſſoient pour les diſpenſateurs des biens & des maux à venir. Les Juifs & les Grecs modernes croyent encore aux prédictions par les aſtres, aux horoſcopes, aux taliſmans. En France on a été long-temps infecté de la même ſuperſtition : ſous la reine Catherine de Médicis, on n’oſoit rien entreprendre d’important ſans avoir auparavant conſulté les aſtres ; & ſous le règne de Henri III & de Henri IV, il ne fut queſtion dans les entretiens de la cour, que des prédictions des aſtrologues.

Barclay, évêque de Cloine, a fait dans le ſecond livre de ſon argenis, une réfutation de ce ridicule préjugé qui régnoit alors dans beaucoup d’endroits, ſi c’eſt de la configuration & de l’influence des aſtres qui ont préſidé à votre naiſſance, dit-il, que dépendent les différentes circonſtances heureuſes ou malheureuſes de notre vie & de notre mort, comment concilier cette opinion avec la rapidité du mouvement des cieux qui eſt ſi grande, qu’un ſeul inſtant ſuffit pour changer la diſpoſition des aſtres ? & puisque ce mouvement ſi prompt qu’on ne peut le concevoir, entraîne avec lui tous les corps céleſtes, les promeſſes ou les menaces qui y ſont attachées, ne doivent-elles pas auſſi changer ſelon leurs différentes ſituations ? pour lors comment fixer les deſtinées ? connoît-on l’heure préciſe de la naiſſance d’un enfant, & pourquoi choiſir plutôt l’étoile qui a préſidé à la naiſſance, que celle qui dominoit durant le temps de la formation de l’enfant. Ceux qui s’engagent dans le parti des armes, & qui périſſent dans une même bataille, ſont-ils tous nés ſous la même conſtellation ? Et peut-on dire qu’un vaiſſeau qui doit échouer, ne recevra que ceux que leurs mauvaiſes étoiles auront condamnés en naiſſant à faire naufrage ? &c. Barclay développe, d’une manière fort ingénieuſe, pluſieurs bonnes raiſons contre l’aſtrologie. Dans l’ancien article que nous avons abregé juſqu’ici, on trouve de longues citations de l’argenis, mais le peu que nous en avons rapporté, ſuffit pour réfuter l’opinion extravagante des partiſans de l’aſtrologie, qu’on ne trouve guère plus que dans l’Aſie, au Japon & dans les îles Maldives. Car aujourd’hui, ainſi qu’on l’a remarqué avec raiſon, le nom d’aſtrologues eſt devenu ſi ridicule, qu’à peine le plus bas peuple ajoute-t-il quelque foi aux prédictions des almanachs.

Quant à l’astrologie naturelle, reſtreinte dans de justes bornes, c’eſt-à-dire des bornes très-étroites, elle eſt une partie de la phyſique ; & elle ne peut guère prédire que, peu à l’avance, des changemens de temps, des variations de température, en conſultant les inſtrumens phyſiques ſur leſquels l’état de l’atmoſphère exerce une action. Voyez Air, Baromètre, Influence, Changement de temps, Points lunaires, Hygromètre, Météorologie.

ASTRONOMIE. On donne ce nom à la ſcience qui a pour objet la connoiſſance des phénomènes céleſtes, c’eſt-à-dire des mouvemens, des grandeurs, des ſituations, des diſtances, en un mot de tout ce qui a rapport aux corps céleſtes. L’aſtronomie, dit d’Alembert, eſt une ſcience dont l’étude, après celle de nous-même, eſt la plus digne de notre application, par le ſpectacle magnifique qu’elle nous préſente ; joignant l’obſervation au calcul, & les éclairant l’une par l’autre, cette ſcience détermine avec exactitude digne d’admiration, les diſtances & les mouvemens les plus compliqués des corps céleſtes ; elle aſſigne juſqu’aux forces mêmes par leſquelles ces mouvemens ſont produits ou altérés. Auſſi peut-on la regarder à juſte titre comme l’application la plus ſublime & la plus ſûre de la géométrie & de la mécanique réunies, & ſes progrès, comme le monument le plus inconteſtable du ſuccès auquel l’eſprit humain peut s’élèver par ſes efforts.

L’origine de l’aſtronomie ſe perd dans la nuit des temps ; mais il eſt très-probable, ainſi que pluſieurs ſavans l’ont remarqué, qu’elle a été inventée dès le commencement du monde. Joſeph raconte dans ſes antiquités judaïques, livre premier, que les deſcendans de Seth, pour conſerver la mémoire des obſervations céleſtes qu’ils avoient faites avant le déluge, gravèrent les principales ſur deux colonnes, l’une de pierre & l’autre de brique ; celle de pierre réſiſta aux eaux du déluge, & de ſon temps même, dit-il, on en voyoit encore des veſtiges dans la Syrie. Quoi qu’il en ſoit de cette narration qui