Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
310
ATM

poration, le fait monter conſidérablement dans l’eau. On peut donner le même avantage à l’inſtrument précédent de M. Magellan.

On donne auſſi à l’atmidomètre le noms d’évaporatoire, Voyez évaporatoire. Quelques-uns nomment encore cet inſtrument atmédomètre. Voyez évaporation.

ATMÉDOMÈTOGRAPHE. C’eſt un inſtrument qui, non-ſeulement ſert à meſurer la quantité d’eau qui s’évapore, mais encore à conſerver l’évaporation pendant l’abſence de l’obſervateur. Voyez Évaporatoire.

ATMOSPHÈRE. Ce mot eſt conſacré pour déſigner cette maſſe de fluide plus ou moins ſubtil, plus ou moins élaſtique, qui enveloppe de tous côtés, le ſoleil, la lune, la terre, ou plutôt les aſtres, les planètes, & même un grand nombre de corps terreſtres ; de telle ſorte que cette maſſe de fluide environnante, à cauſe de ſon adhérence à la ſurface du corps qui l’attire, l’accompagne conſtamment & partage tous ſes mouvemens. Sans nous aſtreindre ici à l’ordre alphabétique, nous examinerons les différentes eſpèces d’atmoſphères dans l’ordre méthodique de leur rapport avec nous. Ainſi, nous commencerons plutôt par l’atmoſphère terreſtre que par celle de la lune ; enſuite nous parcourrons les différentes eſpèces d’atmoſphères des corps terreſtres, celle du ſoleil, & après celles de la lune & des autres planètes.

Atmoſphère terrestre. Par ce nom on doit entendre la maſſe de fluide élaſtique, plus ou moins tranſparent, qui environne conſtamment le globe de la terre, sans jamais l’abandonner dans aucun de ſes mouvemens diurne, ou annuel : c’eſt l’attraction que la terre exerce ſur tous corps, qui retient autour d’elle & fixe toutes les molécules dont eſt formée cette enveloppe fluide, que nous appelons l’atmoſphère terreſtre. Afin de mettre de l’ordre dans cet article, il eſt à propos d’examiner ſucceſſivement pluſieurs queſtions qui ont un rapport direct avec cet objet, & de commencer par les connoiſſances que les premiers phyſiciens ont eues, en y joignant enſuite celles que les découvertes modernes ſur les gaz nous ont procurées.

De la nature, de la conſtitution & de la formation de l’atmoſphère terreſtre. L’atmoſphère terreſtre a d’abord été regardée comme un fluide ſimple dans ſon origine & dans ſa compoſition qui, enſuite eſt devenu un mixte très-compoſé. En ſupposant que l’air fût dans le principe des choſes, un fluide ſimple enveloppant la terre, on n’a pu s’empêcher de convenir qu’il n’ait été bientôt mêlé & combiné avec un grand nombre de ſubſtances des trois règnes, & avec tous les fluides qui ſe trouvoient ſur le globe terraqué. En effet, la chaleur du ſoleil ſe communiquant à la terre, a dû produire dans tous ſes fluides une très-grande évaporation de ces ſubſtances qui, alors ont été néceſſairement mêlées avec la maſſe d’air environnant la terre ; il en a été de même de toutes les matières évaporables, contenues dans les ſubſtances animales, végétales & minérales ; les preuves ſuivantes ne permettent pas d’en douter.

Lorſque l’air nous paroît le plus pur & le plus ſec, il contient néanmoins une maſſe d’eau conſidérable. En hiver comme en été, il y a une abondante évaporation d’eau, quoique la quantité de vapeurs qui s’élèvent de l’atmoſphère, ſoit beaucoup plus grande dans la ſaison des chaleurs que dans celle des frimats, ainſi qu’il conſte par les obſervations faites avec l’atmidomètre, (Voyez ce mot & celui d’évaporation) inſtrument propre à connoître la quantité d’évaporation qui a lieu en tout temps & en tout lieu, & dont ſe ſervent habituellement ceux qui s’occupent aux obſervations météorologiques. Voyez Évaporation.

Ce qu’il y a de plus étonnant, c’eſt que la glace même, au ſein de l’hiver, eſt ſujette à l’évaporation. M. Gauteron, de l’académie des ſciences de Montpellier, ayant fait des expériences ſur ce ſujet, pendant le grand froid de 1709, obſerva, non-ſeulement que l’évaporation eſt d’autant plus grande, que le froid eſt plus conſidérable, mais encore que l’évaporation de la glace, & conſéquemment la diminution de ſon poids, ſuit la raiſon de l’intenſité du froid. Une once de la glace la plus ferme, dans une heure, diminua de ſix grains ; & depuis huit heures du matin, juſqu’à une heure après midi, elle perdit trente-ſix grains de ſon poids ; & dans vingt-quatre heures elle perdit environ le quart de ſon poids ; M. de Mairan, en 1716, obtint les mêmes réſultats de ſes expériences, le temps étant alors auſſi froid ; & une once de glace perdit en un jour plus de la cinquième partie de ſon poids.

Mais afin de pouvoir ſe former à-peu-près une idée de la quantité d’eau qui eſt en diſſolution dans la maſſe de l’atmoſphère, tâchons de découvrir celle des parties aqueuſes qui s’élèvent, pendant un jour ſeulement, dans des eſpaces connus, qu’on pourra enſuite comparer avec la ſurface entière de la terre pour en obtenir un réſultat total. Prenons, par exemple, la méditerranée ; on ne peut guère lui donner moins de quarante-cinq degrés de longitude, & dix de latitude ; ce qui fait quatre cent cinquante degrés de surface. Chaque degré étant, ſelon Muſſchenbroek, de trente mille, le degré quarré ſera de neuf cent mille : ainſi, quatre cent cinquante mille égaleront la ſurface entière de la méditerranée. D’un autre côté, la quantité moyenne de vapeurs qui s’élèvent chaque jour, étant un dixième de pouce d’eau, un eſpace de mer, de dix pouces quarrés, fournira par jour, un pouce cubique d’eau. Mais un mille quarré, contenant deux cent vingt-cinq millions de pieds quarrés, ou trente-deux