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ment, 1o. que ſolidité, liquidité, élaſticité, ſont trois états différens de la même matière, trois modifications particulières, par leſquelles preſque toutes les ſubſtances peuvent ſucceſſivement paſſer, & qui dépendent uniquement du degré de chaleur auquel elles ſont expoſées ; c’eſt-à-dire, de la quantité de calorique dont elles ſont pénétrées ; 2o. qu’il eſt très-probable que l’air eſt un fluide naturellement en vapeurs, ou pour mieux dire, que notre atmoſphère eſt un compoſé de tous les fluides ſuſceptibles d’exiſter dans un état de vapeur & d’élaſticité conſtante, au degré habituel de chaleur & de preſſion que nous éprouvons ; 3o. qu’il ne ſeroit pas par conſéquent impoſſible qu’il ſe rencontrât dans notre atmoſphère des ſubſtances extrêmement compactes, des métaux même, & qu’une ſubſtance métallique, par exemple, qui ſeroit un peu plus volatile que le mercure, ſeroit dans ce cas. On ſait que parmi les fluides que nous connoiſſons, les uns, comme l’eau & l’alkool ou eſprit-de-vin, ſont ſuſceptibles de ſe mêler les uns avec les autres dans toutes proportions : les autres, au contraire, comme le mercure, l’eau & l’huile, ne peuvent contracter que des adhérences momentanées, ils ſe ſéparent les uns des autres lorſqu’ils ont été mélangés, & ſe rangent en raiſon de leur gravité ſpécifique. La même choſe doit, ou au moins peut arriver dans l’atmoſphère : il eſt poſſible, il eſt même probable qu’il s’eſt formé dans l’origine, & qu’il ſe forme tous les jours des gaz qui ne ſont que difficilement miſcibles à l’air de l’atmoſphère, & qui s’en ſéparent ; ſi ces gaz ſont plus légers, ils doivent ſe raſſembler dans les régions élevées, & y former des couches qui nagent ſur l’air atmoſphérique.  »

Tout ce qu’on vient de voir dans cet article, ne doit pas s’entendre ſeulement de l’atmoſphère terreſtre, mais doit être également appliqué aux atmoſphères des autres planètes, & des ſatellites des planètes dont l’origine, la formation & la compoſition ſont les mêmes, si toutes choſes ſont égales ; autrement elles ſeront proportionnelles aux différences.

Sgraveſande avoit aſſez bien vu, depuis long-temps, la production d’un fluide élaſtique par la diminution de preſſion de l’atmoſphère ou par  l’augmentation de chaleur. « Je ferai, dit-il, quelques autres obſervations ſur l’eau, on en peut ſéparer un fluide à reſſort ſans une diminution ſenſible de son volume ; cette ſéparation ſe fait par  la chaleur ou le froid, ou en ôtant la preſſion de l’atmoſphère : nous obſervons que cette ſéparation eſt très-ſubite, ſi on ôte ſubitement toute preſſion. » Ce phyſicien cite enſuite l’expérience ſuivante, qui conſiſte à remplir très-exactement un vaſe de verre cylindrique, fermé hermétiquement par une extrêmité, & maſtiqué par l’autre à une pompe aspirante ; ſi, tandis que cet appareil eſt dans une direction perpendiculaire à l’horiſon, le piſton en bas, en fait deſcendre celui-ci, l’eau deſcend dans le corps de pompe, & la partie ſupérieure du vaſe eſt vuide d’eau & d’air. Aussitôt on voit un nombre infini de petites bulles de fluide élaſtique qui paroiſſent dans le même moment, & toute l’eau en devient blanche. Ce fluide à reſſort, ajoute-t-il, diffère de l’air qui couvre la ſurface de la terre, quoiqu’il y en ait une grande quantité dans l’air. Néanmoins ceci ne diminue en rien la gloire des modernes qui, des découvertes récentes, ont déduit un principe général qui établit une grande vérité dont on n’avoit pas une idée directe.

[ Poids de l’atmoſphère. Les corps organiſés ſont particulièrement affectés par la preſſion de l’atmoſphère : c’eſt à elle que les plantes doivent leur végétation, que les animaux doivent la reſpiration, la circulation, la nutrition, &c.

Elle eſt auſſi la cauſe de pluſieurs altérations conſidérables dans l’économie animale, & qui ont rapport à la ſanté, à la vie, aux maladies, &c. Voyez Air, &c. par conſéquent, c’eſt une choſe digne d’attention que de calculer la quantité préciſe de la preſſion de l’atmoſphère. Pour en venir à bout, il faut obſerver que notre corps eſt également preſſé par l’atmoſphère dans tous les points de ſa ſurface, & que le poids qu’il contient eſt égal à celui d’un cylindre d’air, dont la baſe ſeroit égale à la ſurface de notre corps, & dont la hauteur ſeroit la même que celle de l’atmoſphère. Or, le poids d’un cylindre d’air de la même hauteur que l’atmoſphère, eſt égal au poids d’un cylindre d’eau de même baſe & de 32 pieds de hauteur environ, ou au poids d’un cylindre de mercure de même baſe & de 29 pouces de hauteur ; ce qui ſe prouve tant par l’expérience de Torricelli, que par la hauteur à laquelle l’eau s’élève dans les pompes ; dans les ſiphons &c. Voyez Tube de Torricelli. Voyez auſſi Pompe, Siphon, &c.

De-là il s’enſuit que chaque pied quarré de la ſurface de notre corps, eſt preſſé par le poids de 32 pieds cubes d’eau : or, on trouve par l’expérience, qu’un pied cube d’eau pèſe environ 70 livres. Ainſi chaque pied quarré de la ſurface de notre corps ſoutient un poids de 2 240 livres ; car  : par conſéquent la ſurface entière de notre corps porte un poids égal à autant de fois 2 240 livres, que cette ſurface a de pieds quarrés. Donc ſi on ſuppoſe que la ſurface du corps de l’homme contient 15 pieds quarrés, ce qui n’eſt pas fort éloigné de la vérité, on trouvera que cette ſurface ſoutient un poids de 33 600 livres ; car .

La différence entre le poids de l’air que notre corps ſoutient dans différens temps, eſt auſſi fort grande.