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Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/396

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AUR

ciel ; le ceintre ſupérieur ne ſubſista que 7 & 8 minutes. Il ſe rompit enſuite & ſe diviſa entre pluſieurs petits pelotons lumineux qui ſe diſposèrent depuis l’oueſt-ſud-oueſt, juſqu’au nord-nord-eſt. Ce phénomène disparut entièrement à 7 heures : on ne remarqua aucune variation ſenſible dans l’aiguille aimantée pendant ce temps. L’air fut plus doux pendant la durée de cette aurore.

Dans le mois de septembre 1773, on obſerva, le 17, une aurore boréale tranquille ; le 21, une autre accompagnée de jets colorés ; le 22 elle fut magnifique, avec jets de lumière, couronne, agitation dans les rayons lumineux, & colorés de la plus belle nuance pourpre ; l’aiguille aimantée ſe rapprocha de 10 minutes vers le nord pendant ce phénomène. Le P. Coſte apperçut, le 21, deux corps lumineux à l’horiſon, ſemblable à jupiter, qui disparurent avec les couleurs de l’aurore boréale. Journal des ſavans, oct. 1778.

Dans la nuit du 28 au 29 juillet 1780, le même obſervateur vit, à Montmorenci, un phénomène de ce genre, & aſſez extraordinaire par ſes diverſes circonſtances. Le ſpectacle commença par une belle lumière zodiacale ; mais qui, au lieu d’être blanche, étoit d’une couleur rouge de feu : à cette lumière ſuccéda une aurore boréale tranquille, mais très-éclatante ; enſuite on vit de nouvelles colonnes de feu dans le zodiaque, qui parurent & diſparurent alternativement ; on aperçut des rayons lumineux qui, partant du foyer de l’aurore boréale, empruntoient une infinité de formes & de couleurs différentes, & qui, par leurs ondulations, ſembloient être le jouet des vents qui ſouffloient du nord-eſt. Ce phénomène ſe termina par une aurore boréale des plus brillantes ; de manière qu’on put, pendant toute la nuit, lire ſans autre secours que celui de cette lumière. On remarqua au commencement, vers neuf heures & demie du ſoir, depuis l’oueſt juſquà l’eſt, pluſieurs faiſceaux de lumière élevés ſur l’horiſon qui paroiſſoient & diſparoissoient de temps à autre, mais qui durèrent peu. La même obſervation avoit été faite, pendant l’aurore boréale du 21 ſeptembre 1778. Il eſt encore à remarquer que l’aurore boréale n’avoit peut-être jamais été obſervée juſqu’à ce jour, à Paris, pendant le mois de juillet : l’aiguille aimantée annonça ce phénomène une heure avant ſon apparition ; on la trouva à 19 degrés 40 minutes, au lieu de 20 degrés : elle fut ſingulièrement agitée pendant la durée du phénomène & pendant la matinée du 29. Ce jour, entre ſept & huit heures du matin, on la vit oſciller ſenſiblement à pluſieurs repriſes entre 18 degrés 40 minutes & 20 degrés 15 minutes ; elle ne prit que le ſoir ſa direction ordinaire, qui étoit alors de 20 degrés. Journal des ſavans, nov. 1780.

L’obſervation ſuivante mérite d’être rapportée ; je la tire d’une des lettres que m’a écrites M. Van-Swinden. L’aurore boréale du 27 mars 1781, a été remarquable par une ſingulière zone qu’il y avoit dans la partie auſtrale du ciel ; cette zone étoit ſéparée de l’aurore boréale qui étoit au nord ; elle s’étendoit de l’eſt à l’oueſt, & parut entre neuf heures & demie & dix heures ; elle reſſembloit à une eſpèce de faulx, fort large à ſon origine à l’oueſt, ſe terminant en pointe à l’eſt ; elle paſſoit, à ſon origine, par le taureau, traverſoit enſuite les gémeaux, paſſoit un peu au-deſſous de regulus, raſoit arcturus, coupoit la couronne, & alloit ſe terminer au-delà, en pointe, près de la lyre. Cette lance étoit d’une matière fort dense, car les étoiles, vues à travers, perdoient beaucoup de leur éclat ; elle étoit encore garnie de barbes, de ſorte qu’elle ne reſſenbloit pas mal à une plume courbée : ſa couleur étoit blanche, mêlée d’un peu de rouge sale & tirant par fois légerement ſur le violet. Elle s’évanouit à dix heures & demie par le côté d’eſt ; mais peu après elle reparut double au milieu & plus forte ; à dix heures trois quarts elle étoit diſſipée, excepté à l’oueſt, où elle paroiſſoit encore ſous la forme d’un balai de lumière qui s’étendoit juſqu’aux gemeaux, & étoit la plus large qu’à ſon origine : à onze heures tout étoit fini ; mais l’aurore boréale au nord ſubſiſtoit. Le 28 il y eut encore une belle aurore boréale à couronne : à onze heures on remarqua encore une zone ſemblable à celle de la veille. Celle-ci eſt fort analogue à celle qui a été obſervée à Nancy le 26 février 1777, & dont la figure ſe trouve dans les Mémoires de l’académie des ſciences pour cette année-là. Le 29 il y eut encore aurore boréale. Le 28 le vent ſe mit fixement au nord-eſt pour les trois jours ſuivans, & l’air devint fort froid, de doux qu’il étoit. Pluſieurs aiguilles aimantées ſe ſont très-peu reſſenti de la préſence de ces phénomènes qui les agitent ordinairement ſi fort. La même choſe fut obſervée à la Haye.

Le 23 ſeptembre 1781, après un temps orageux, de la pluie & un vent violent, à ſept heures du ſoir, le ciel fut, à Paris, parſemé de nuages, qui laiſſoient appercevoir vers le nord-oueſt une lumière blanchâtre, éclatante & tranquille ; elle reſta dans le même état juſqu’à huit heures & demie ; alors s’élevèrent des jets ou des rayons lumineux preſque juſqu’au zénith, & le phénomène s’étendoit depuis le nord-eſt juſqu’à l’oueſt. La partie ſupérieure du ciel fut teinte pendant quelques inſtans d’une couleur purpurine ; les jets lumineux paroiſſoient être dans une agitation continuelle : ils diſparurent enfin, & le phénomène prit une nouvelle forme. On voyait au nord, à côté d’un gros nuage noir qui touchait l’horiſon, un foyer très-lumineux, d’où s’élançoient, comme d’une fournaiſe, des tourbillons d’une lumière blanchâtre, qui paroiſſoient & diſparoiſſoient dans le même moment. À huit heures trois quarts, le ciel ſe découvrit parfaitement ; le foyer de l’aurore boréale ſe trouva au nord-oueſt.