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ſon flûteur automate, qui jouoit avec une préciſion ſurprenante, une ſuite d’airs différens, par le moyen du mouvement des lèvres & par celui des doigts. En 1741, il montra son joueur de tambourin qui, en faiſant uſage de ſa bouche & d’une de ſes mains, jouoit du flageolet, & de l’autre du tambourin. Le canard automate, parut en même temps : il prenoit du grain avec le bec, l’avaloit, le trituroit intérieurement, & le rendoit enſuite ſous forme d’excrémens chauds & fumans. Une grande partie de l’Europe fut témoin, pendant les années ſuivantes, des effets étonnans de ces trois automates ; par-tout on courut en foule pour voir ces prodiges de l’art, & on admira le genre créateur de ce célèbre méchanicien.

1o. Le flûteur automate, qui étonna même les plus habiles méchaniciens, produiſoit un grand nombre de mouvemens très-variés, & jouoit une ſuite d’airs de flûte ; cependant, comme on le penſe bien, tous ces mouvemens étoient déterminés & arrivoient dans des périodes de temps réglées ; ils étoient exécutés avec une précision ſingulière & une imitation ſi parfaite des mouvemens du plus habile joueur de cet inſtrument (M. Blavet), qu’on ſera charmé d’en trouver ici la deſcription qui mérite d’être conſervée.

La figure de cet automate étoit de cinq pieds & demi de hauteur environ, aſſiſe ſur un bout de roche, placé ſur un piédeſtal carré, de quatre pieds & demi de haut, ſur trois pieds & demi de large.

À la face antérieure du piédeſtal (le panneau étant ouvert), on voit à la droire un mouvement qui, à la faveur de pluſieurs roues, fait tourner en-deſſous un axe d’acier de deux pieds ſix pouces de long, coudé en ſix endroits dans ſa longueur, par égale diſtance, mais en ſens différens. À chaque coude ſont attachés des cordons qui aboutiſſent à l’extrémité des panneaux ſupérieurs de ſix ſoufflets de deux pieds & demi de long, ſur ſix pouces de large, rangés dans le fond du piédeſtal, où leur panneau inférieur eſt attaché à demeure ; de ſorte que l’axe tournant, les ſix ſoufflets ſe hauſſent & s’abaiſſent ſucceſſivement les uns après les autres.

À la face poſtérieure, au-deſſus de chaque ſoufflet, eſt une double poulie, dont les diamètres ſont inégaux ; ſavoir, l’un de trois pouces & l’autre d’un pouce & demi ; & cela pour donner plus de levée aux ſoufflets, parce que les cordons qui y ſont attachés, vont ſe rouler ſur le plus grand diamètre de la poulie, & ceux qui ſont attachés à l’axe qui les tire, ſe roulent ſur le petit.

Sur le grand diamètre de trois de ces poulies du côté droit, ſe roulent auſſi trois cordons qui, par le moyen de pluſieurs petites poulies, aboutiſſent aux panneaux ſupérieurs de trois ſoufflets, placés ſur le haut du bâti, à la place antérieure & ſupérieure.

La tenſion qui ſe fait à chaque cordon, lorſqu’il commence à tirer le panneau du ſoufflet où il eſt attaché, fait mouvoir un levier placé au-deſſus entre l’axe & les doubles poulies, dans la région moyenne & inférieure du bâti. Ce levier, par différens renvois, aboutit à la ſoupape qui ſe trouve au-deſſous du panneau inférieur de chaque ſoufflet, & la ſoutient levée, afin que l’air y entre ſans aucune réſiſtance, tandis que le panneau ſupérieur, en s’élevant, en augmente la capacité. Par ce moyen, outre la force que l’on gagne, on évite le bruit que fait ordinairement cette ſoupape, cauſé par le tremblement que l’air occaſionne en entrant dans le ſoufflet : ainſi, les neuf ſoufflets ſoient mus ſans ſecouſſe, ſans bruit, & avec peu de forces.

Ces neuf ſoufflets communiquent leur vent dans trois tuyaux différens & ſéparés ; chaque tuyau reçoit celui de trois ſoufflets ; les trois qui ſont dans le bas du bâti à droite, par la face antérieure, communiquent leur vent à un tuyau qui règne en devant ſur le montant du bâti du même côté, & ces trois là ſont chargés d’un poids de quatre livres. Les trois qui ſont à gauche dans le même rang, donnent leur vent dans un ſemblable tuyau qui règne pareillement ſur le montant du bâti du même côté, & ne ſont chargés chacun que d’un poids de deux livres ; les trois qui ſont ſur la partie ſupérieure du bâti, du même côté, & ne ſont chargés chacun que d’un poids de deux livres ; les trois qui ſont ſur la partie ſupérieure du bâti, donnent auſſi leur vent à un tuyau qui règne horiſontalement ſous eux & en devant ; ceux-ci ne ſont chargés que du poids de leur ſimple panneau.

Ces tuyaux, par différens coudes, aboutiſſent à trois petits réſervoirs placés dans la poitrine de la figure. Là, par leur réunion, ils en forment un ſeul qui, montant par le goſier, vient, par ſon élargiſſement, former dans la bouche une cavité, terminée par deux eſpèces de petites lèvres qui poſent ſur le trou de la flûte ; ces lèvres donnent plus ou moins d’ouverture & ont un mouvement particulier pour s’avancer & ſe reculer. En dedans de cette cavité eſt une petite languette mobile qui, par son jeu, peut ouvrir & fermer le paſſage au vent que lui laiſſent les lèvres de la figure.

Voilà par quel moyen le vent a été conduit juſqu’à la flûte. Voici ceux qui ont ſervi à le modifier.

À la face antérieure du bâti à gauche, eſt un autre mouvement qui, à la faveur de ſon rouage, fait tourner un cylindre de deux pieds & demi de long ſur ſoixante-quatre pouces de circonférence. Ce cylindre eſt diviſé en quinze parties égales, d’un pouce & demi de diſtance. À la face poſtérieure & ſupérieure du bâti, eſt un clavier traînant ſur ce cylindre, compoſé de quinze leviers très-mobiles, dont les extrémités du côté de dedans ſont armées d’un petit bec d’acier qui répond à chaque diviſion du cylindre ; à l’autre