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BAG BAI
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y trouvoit des hommes dont la vue étoit aſſez pénétrante pour diſtinguer ſous la terre les veines d’eau, les métaux, les tréſors, & les cadavres. Ces hydroſcopes, connus en Eſpagne ſous le nom de Zahuris ou Zahories, avoient, ſuivant l’auteur qu’on vient de nommer, les yeux fort rouges, & il aſſure avoir vu à Madrid, en 1575, un jeune homme de cette eſpèce.

Dans un ouvrage intitulé : Mémoire inſtructif pour un voyageur, imprimé en 1738 à Amſterdam, on lit que « ſi on fait attention ſur le rayon de lumière qui part de la fontaine de Cintra en Portugal, en s’élevant perpendiculairement vers le ſoleil, & qu’on apperçoit de loin, on ne doit plus être ſurpris qu’un frère religieux de Liſbonne puiſſe decouvrir les amas d’eau qui ſont ſous la terre à cinquante & cent palmes de profondeur, en regardant fixement le ſoleil à midi ; car il voit alors la vapeur qui s’élève perpendiculairement vers le ſoleil depuis l’endroit où l’eau eſt cachée. Il ſeroit à ſouhaiter qu’on pût expliquer auſſi aiſément par quel moyen la femme du ſieur Pedegache, marchand françois, peut voir diſtinctement ce qui ſe paſſe dans l’intérieur du corps humain & juſques dans les entrailles de la terre. Voici quelques faits conſtans dont la vérité eſt univerſellement reconnue dans Liſbonne »… Nous faiſons grace ici à nos lecteurs de pluſieurs récits ridicules, & entièrement incroyables que cet auteur rapporte : ce qu’on en a dit en général, ſuffit pour prouver qu’il eſt peu d’abſurdités que l’eſprit du vulgaire n’ait crues.

De tout ce qu’on vient de voir on doit conclure qu’il en eſt de la baguette comme de cette fameuſe dent d’or qui fit autrefois tant de bruit en Allemagne. Sur la fin du ſeizième ſiècle, un homme de Siléſie voulant profiter de la crédulité populaire, annonça un fils âgé de ſept ans que la nature avoit gratifié d’une dent d’or. Auſſi-tôt on vint de toutes parts voir cette merveille, & pluſieurs ſavans crurent qu’un phénomène auſſi extraordinaire méritoit bien d’être expliqué. En 1693, 1694, & 1695, les docteurs Horſtius, Rullandus, Ingolsteturus, Libavius écrivirent l’hiſtoire de cette dent ; le premier dit qu’elle avoit été envoyée de Dieu pour la conſolation des chrétiens affligés alors par les turcs.

La grande différence des opinions qui réſultoit de tant de diſſertations qu’on compoſa alors, fit naître de grandes diſputes ſelon la coutume, & les écrits étoient déjà fort multipliés, lorſqu’un orfèvre, ſans ſe mettre en peine du ſentiment des philoſophes, voulant en juger par lui-même, découvrit que la dent ſi vantée ne différoit des autres que par une feuille d’or artiſtement appliquée.

Mais quelle peut être l’origine du préjugé de la baguette divinatoire ? C’eſt peut-être parce que de tout temps un bâton ou une baguette a été le ſigne le plus ordinaire de la puiſſance donnée aux hommes. Auſſi eſt-il peu d’opérations magiques attribuées aux divinités fabuleuſes où les poëtes n’aient fait entrer des baguettes. Pallas, Mercure, la fameuſe Circé, &c., ſont repréſentés par les poëtes opérant des prodiges avec une baguette. Les brachmanes des Indes, de Perſe, &c., faiſoient leurs divinations avec une baguette, de même que les magiciens d’Égypte.

On prétend que les juifs reçurent des Chaldéens cette pratique ſuperſtitieuſe que le prophète Oſée condamne : Populus meus in ligno suo interrogavit & baculus ejus annunciavit ei, &c. Mais ce mot de bois ſignifie en hébreu une idole ou ſtatue. D’autres ont cru que ce que dit l’écriture de la baguette de Moyſe qui fit ſortir de l’eau d’un rocher dans le déſert, a donné lieu à penſer qu’une baguette de même bois devoit avoir quelque vertus ſingulière pour faire trouver de l’eau.

BAI


BAIN. Il conſiſte en général dans l’application d’un liquide dans lequel on ſe plonge. Étant dans l’air, nous ſommes toujours dans une eſpèce de bain, & l’action de l’air agit continuellement ſur notre corps par ſes différentes qualités ; mais l’uſage a reſtreint la notion du bain à l’action de ſe plonger du fluide dans lequel nous ſommes accoutumés de vivre dans un autre qui en eſt différent.

Il paroît que les bains ſont très-anciens, car de tout temps on a dû ſe laver & ſe rafraîchir le corps au bord des ruiſſeaux & des rivieres, & être invité à ſe plonger dans l’eau par les ſenſations agréables qu’on éprouvoit ſur-tout dans la ſaiſon des chaleurs, & principalement dans les climats brûlans. Homère parle des bains, Caſſiodore fait auſſi mention des thermes d’Achille & d’Agamemnon. Les orientaux & enſuite les grecs & les romains ont conſtruit des bains publics avec beaucoup de magnificence. Vitruve a donné la deſcription de différens édifices publics, conſacrés aux bains ; les uns étoient ordinairement joints aux gymnaſes ou paleſtres, parce qu’en ſortant des exercices on prenoit le bain ; d’autres étoient détachés des paleſtres. Il y avoit auſſi dans les uns & les autres des ſalles de bains chauds. Selon Pline, les bains ne furent en uſage à Rome que du temps de Pompée ; dès-lors les édiles eurent ſoin d’en faire conſtruire pluſieurs. Dion, dans la vie d’Auguſte, rapporte que Mécène fit bâtir le premier bain public ; mais Agrippa, dans l’année de ſon édilité, en fit conſtruire cent ſoixante-dix. À ſon exemple Néron, Veſpaſien, Tite, Domitien, Sévère, Gordien, Aurélien, Dioclétien, & preſque tous les empereurs qui cherchèrent à ſe rendre agréables au peuples, firent