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BAL
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conſiſte à diminuer le frottement à l’axe autant qu’il eſt poſſible ; on en vient à bout en donnant à cet axe la forme d’un couteau ; les ſurfaces qui ſe touchent ayant alors moins d’étendue, le contact eſt plus petit, & le frottement diminue conſéquemment, puiſqu’il ne peut s’exercer que par le tranchant du couteau ſur le fond des yeux de la chaſſe. (On a également ſoin de tailler en forme de couteau l’extrémité des bras du fléau, & de bien arrondir les crochets auxquels on ſuſpend les baſſins). On diminue encore le frottement de l’axe, en donnant au fléau le moins de poids qu’il eſt poſſible, relativement aux matières qu’on veut peſer. Si le fléau a trop de maſſe, ſa preſſion, & conſéquemment le frottement ſur les points d’appui, ſont trop grands, & la balance eſt moins mobile qu’elle ne le ſeroit avec un fléau plus léger. Dans le cas où le fléau auroit trop de légereté, il n’auroit pas aſſez de force, & il ſe courberoit ſous le poids des puiſſances qui le chargent, inconvénient dont nous avons déjà parlé.

Afin qu’une balance conſerve les qualités qu’on lui a données dans ſa conſtruction, il faut que l’axe ſoit fait d’une matière très-dure, d’un acier bien trempé ; que les yeux de la chaſſe ne puiſſe pas ſe déformer par la preſſion de l’axe & le poids des matières, que le fléau ſoit également d’un bon fer ou acier, bien forgé, qui conſerve long-temps ſa forme primitive.

La ſeconde qualité propre à donner à une balance une grande mobilité, exige qu’on ſuſpende le fléau par ſon centre de gravité. On ſait que le centre de gravité d’un corps eſt le point dans lequel on conçoit que réſide toute la peſanteur d’un corps ; que ce point étant ſoutenu, tout le corps l’eſt auſſi ; & qu’autour de ce point, toutes les parties d’un corps ſont en équilibre. Or, le centre de gravité du fléau & ſon centre de mouvement étant confondus, & ne faiſant qu’un ſeul point, dans toute poſition du fléau le parfait équilibre aura lieu ; le fléau reſtera dans la ſituation qu’on lui aura donnée, quelle qu’elle ſoit, & le plus petit poids rompra cet équilibre, ce qui eſt un ſigne de grande perfection, laquelle eſt ſur-tout néceſſaire, lorſque les balances ſont deſtinées à peſer des matières très-précieuſes, comme le diamant, par exemple.

Mais pour les balances ordinaires dont on ſe ſert afin de connoître le poids des matières communes dont la valeur eſt peu de choſe, il n’eſt pas à propos de donner aux fléaux cette perfection qui, dans un uſage journalier, auroit l’inconvénient d’une grande perte de temps ; car un petit excès de marchandiſe feroit auſſi-tôt trébucher la balance, & on ne pourroît attraper l’équilibre que par une grande préciſion d’égalité, ce qui exigeroit une longue ſuite de tâtonnemens. Pour éviter l’inconvénient de cette perfection, on a ſoin de placer le centre de gravité du fléau un peu au-deſſous du centre de mouvement. Alors un petit excès de poids d’un côté, ne fait pas trébucher la balance ſans retour, mais celle-ci fait une ſuite d’oſcillations alternatives en ſens contraire, qui en facilite l’uſage. Néanmoins il faut toujours que le tranchant de l’axe, & que les points de ſuſpenſion d’où pendent les baſſins ſoient dans la même ligne droite. L’appareil ſuivant ſert à démontrer ces vérités par voie d’expérience. La figure 78 repréſente un fléau de balance ; Α eſt le centre de mouvement au-deſſus du centre de gravité B. Si on met une axe en B ſeulement, ce fléau reſtera dans toutes les poſitions inclinées qu’on lui donnera, parce qu’il eſt ſuſpendu par ſon centre de gravité ; ſi on place ce petit axe en Α, quelque ſoit la ſituation inclinée qu’on donne à ce fléau, il ne pourra la conſerver, parce que le centre de gravité ne paſſant plus par la ligne de direction, & conſéquemment n’étant plus ſoutenu, ce centre élevé ſera déterminé à retomber par un mouvement accéléré que lui imprimera la force de peſanteur, ce qui produira en lui des oſcillations comme dans un pendule. Ceux qui déſireront un plus grand détail ſur cet objet, peuvent conſulter le troiſième tome des leçons de Phyſique de l’abbé Nollet, page 66 & ſuivantes.

La troiſième qualité pour la mobilité d’une balance eſt la longueur de ſes bras ; plus ils ſont longs (toutes choſes égales), plus le fléau eſt mobile, parce que le plus petit poids peut alors faire mouvoir la balance ; un petit poids étant dans ce cas, une petite maſſe qui agit avec d’autant plus d’efficacité que le levier au bout duquel elle exerce ſon action, eſt lui-même plus long, c’eſt-à-dire, plus éloigné du point d’appui. Ainſi ; une balance dont le fléau a plus de longueur eſt toujours plus ſenſible, à égal degré de perfection, que celle dont les bras ont moins d’étendue. Nous avons dit : toutes choſes égales, parce que la longueur du fléau doit être renfermée dans de justes bornes, puiſqu’un long fléau, trop léger, devient flexible, & peut ſe déformer en ſe courbant ; s’il a, au contraire, une grande ſolidité, la preſſion de l’axe ſur le point d’appui étant conſidérable, augmente le frottement & diminue la mobilité.

Nous ajouterons ici que lorſqu’on cherche la grande exactitude, on doit ſuſpendre les baſſins par des chaînes, & non par des cordes, qui, à cauſe de leur vertu hygrométrique, s’imbibent ou ſe dépouille de l’humidité répandue dans l’atmoſphère, mais d’une manière fort inégale.

La balance étant un levier, comme on l’a établi, il en réſulte qu’on aura cette proportion, comme le poids connu eſt au poids inconnu ; ainſi la diſtance depuis le poids inconnu jusqu’au centre du mouvement, eſt à la diſtance où doit-être le