Les cônes ſont traverſés à leur baſe par une barre d’acier rhomboïdale, dont un des angles a 80 degrés, & par conſéquent l’autre 100 degrés. Cette verge a environ quatre pouces de longueur ; une portion eſt terminée en pointe arrondie, & repoſe ſur les deux montans ; l’autre eſt quarrée, & l’angle qui a 80 degrés forme le couteau, qui porte, comme nous le dirons, ſur des plaques de pierre dure très-polies ; perpendiculairement à cet axe eſt une autre petite verge d’acier qui traverſe également la baſe des cônes, & porte un poids qui ſe trouve au-deſſous de l’axe, & dont la peſanteur détermine la ſenſibilité de la balance. Cette verge eſt terminée à la partie ſupérieure par une vis qui peut faire monter ou descendre le poids, ſuivant qu’on veut avoir l’inſtrument plus ou moins ſenſible.
Les extrémités des cônes ſont tronquées, ainſi qu’on l’a dit, & terminées par des plaques d’acier traverſées par des axes auxquels ſont attachés des anneaux qui ſoutiennent les plateaux.
M. Ramſden connoiſſant toute la difficulté de faire les deux bras du levier parfaitement égaux, y a ſuppléé par un mécaniſme très-bien entendu. Une des extrémités d’acier R du cône eſt terminée par une vis de rappel, qui en s’enfonçant dans le cône, peut en alonger cette partie ou la raccourcir, en ſorte qu’il ramène les deux côtés à une parfaite égalité.
Il eſt auſſi preſqu’impoſſible d’avoir des baſſins d’une égale peſanteur. Cet artiſte y a ſuppléé en plaçant à l’autre extrémité T du cône une petite plaque de cuivre au-delà de la plaque d’acier. Cette pièce de cuivre eſt traverſée par la pointe d’acier, qui eſt une vis, en ſorte qu’on peut, en éloignant ou rapprochant la plaque de cuivre, mettre les baſſins parfaitement en équilibre.
Il y a encore à cette extrémité dans la plaque d’acier, une petite vis f, qui peut élever ou abaiſſer l’axe qui traverſe les deux cônes, & par conſéquent rétablir cet axe dans ſa vraie place, s’il n’y étoit pas.
Les deux anneaux qui ſuſpendent les baſſins ſont des demi-cerceaux elliptiques d’acier ; les plateaux ſont ſuſpendus par des fils d’acier, parce que les cordons de ſoie peuvent contracter de l’humidité.
Les deux arcs de cercle P P auxquels correſpondent les deux extrémités de l’axe, indiquent lorſque la balance eſt parfaitement ſtationnaire.
Cette balance eſt renfermée dans un châſſis Α, qui eſt un parallélogramme de trente-un pouces de longueur à l’intérieur, & de trente-trois pouces à l’extérieur. Sa largeur eſt de neuf pouces, ſa hauteur de dix-ſept pouces ; les deux grands côtés du parallélogramme ſont renfermés dans des vitres, & les deux autres latéraux C C ſont en bois d’Acajou : ils ont chacun une petite porte. La tablette ſupérieure & l’inférieure ſont également d’Acajou. La partie D D a environ huit pouces d’épaiſſeur, & porte deux petits rangs de tiroirs, pour mettre les poids, &c., &c.
Au-deſſous ſont quatre colonnes F, terminées à leurs parties ſupérieures par des vis qui entrent, dans le fond du châſſis, & peuvent le ſoulever ou l’abaiſſer ; la partie inférieure de la colonne a auſſi des pointes pour les fixer ſur la table qui porte la machine.
Du milieu de la tablette B s’élèvent quatre colonnes E ſolides en laiton, de dix pouces de hauteur, diſtantes de trois pouces & demi, aſſemblées par en haut & par en bas par des châſſis quarrés de quatre pouces de diamètre. Ces châſſis ſont traverſés par deux règles de cuivre en diagonale. Au milieu de ces quatre colonnes, il y en a une cinquième, qu’on peut élever ou abaiſſer par un mécaniſme ſimple caché dans la table.
Cette cinquième colonne porte quatre bras dont on va parler : le châſſis N qui ſurmonte les quatre colonnes, a environ trois pouces d’élévation.
Deux des bras de la cinquième colonne portent deux montans qui s’élèvent un peu au-deſſus du châſſis, & ont une entaille a dans laquelle entrent deux tourillons, qui ſont des prolongemens du couteau. Lorſqu’on élève cette colonne, les deux montans ſoulèvent tout le fléau, qui ne porte plus par conſéquent ſur le couteau.
À côté de ces deux montans, ſur la lame ſupérieure du châſſis, ſont deux entailles d’un demi-pouce de longueur, où ſont nichées deux plaques d’une pierre fine, très-dure, parfaitement polies, & dreſſées ſur un même plan ; c’eſt ſur ces plaques que porte le couteau. M. Ramſden préfère ces plaques, parce qu’il a très-bien obſervé que ſouvent le couteau ne tombe pas toujours dans la partie la plus baſſe de l’anneau, où on le place ordinairement, ce qui cauſe une erreur conſidérable. Au-deſſus du châſſis ſont deux niveaux, qui ſe croiſent à angles droits ; ils ſont fait d’eſprit-de-vin, avec une bulle d’air ; ils ſervent à mettre la machine parfaitement à plomb par le moyen des vis qui la ſupportent. Dans la table B ſe trouvent deux cylindres O, percés à jour, qui par une verge X, peuvent s’élever ou s’abaiſſer. Ils ſont ſurmontés d’une plaque de cuivre, dans laquelle ſont fixées ſix pointes d’ivoire, trois grandes & trois petites. Ces cylindres ſervent à ſupporter les baſſins qui repoſent ſur les pointes d’ivoire, les grands ſur les grandes, les petits ſur les petites, crainte qu’il n’y ait aucune adhérence.