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BAL

conſtruite de telle ſorte que des poids égaux, qui paroiſſent placés à différentes diſtances du point d’appui, ſont néanmoins en équilibre, ce qui ſemble, au premier coup d’œil, contredire le principe fondamental de la ſtatique. Mais en conſidérant plus attentivement cette machine, on découvre bientôt que ſon effet ſe rapporte réellement à la théorie du levier ſi bien démontrée. Voyez l’article Levier, dans lequel on trouvera une figure de cette ingénieuſe balance.

Balance de Sanctorius. On a donné ce nom à une grande balance ordinaire, à l’un des bras de laquelle on ſuſpend un fauteuil dans lequel eſt aſſiſe une perſonne qui ſe propoſe d’évaluer en poids la quantité de la tranſpiration qui a lieu chaque jour. Sanctorius, médecin italien, d’une patience admirable, a eu ſoin, pendant trente ans, de faire des expériences ſur la tranſpiration, avec cette balance dans laquelle il se plaçoit, lorſqu’il prenoit ſes repas, & lorſqu’il vouloit ſavoir la perte occasionnée par la tranſpiration. Il a obſervé que ſur huit livres d’alimens ſolides ou liquides qu’il prenoit chaque jour, il en perdoit cinq par la tranſpiration inſenſible & trois par les déjections ordinaires. Voyez Transpiration. Sanctorius a exercé avec distinction la Médecine, & l’a profeſſée avec éclat à Padoue, au commencement du ſiècle dernier.

Balance trompeuſe. La balance qui porte ce nom est celle qui par ſa construction a une inégalité dans les bras ou dans les baſſins. Suppoſons, par exemple, que cette balance qui reſſemble à la balance ordinaire, ayant deux bras & deux baſſins, ait un bras C Α = 6, & l’autre C B = 5, figure 419. Alors celui qui veut tromper place ſa marchandiſe dans le baſſin P, & le contrepoids dans le baſſin M. Si le poids M égale ſix livres, le poids de la marchandiſe en P = 5 livres. Il opérera tout différemment s’il veut lui-même acheter quelque choſe au poids, il placera alors la marchandiſe dans le baſſin M, & le contrepoids dans le baſſin P.

On peut reconnoître l’erreur dans chacun de ces cas, en plaçant la marchandiſe succeſſivement dans chaque baſſin ; ſi on vouloit s’en tenir à cette ſeconde évaluation, le marchand ſeroit léſé ; mais comme cela n’eſt pas jusſe, il eſt à propos de connoître un moyen de trouver, même avec cette balance trompeuſe, le véritable poids de la marchandiſe. Pour cela on cherchera l’équilibre entre la choſe qu’on placera dans un des baſſins, & les poids qui ſeront mis dans l’autre ; enſuite on changera de baſſin la marchandiſe & les poids en cherchant de nouveau l’équilibre, & en s’aſſurant à chaque fois du poids néceſſaire pour équilibrer la marchandiſe. Cette opération étant faite, on multipliera les deux poids trouvés l’un par l’autre, on prendra la racine quarrée de ce produit, & cette racine ſera exactement le poids cherché. Par exemple, ſoit m le poids d’une marchandiſe placée du côté du petit bras de la balance, p le contrepoids mis de l’autre côté ; nommons q le poids de la marchandiſe peſée enſuite du côté du bras le plus long, on aura, dans le premier cas,  ; & dans le ſecond cas on aura  ; en multipliant les termes les uns par les autres, on aura, . Si on diviſe enſuite chaque produit par , il reſtera , & par conſéquent , qui ſera le véritable poids de la marchandiſe ; & comme ce poids eſt au contrepoids qui la tient en équilibre, ainſi ſont entre elles réciproquement les diſtances au centre du mouvement, car on a cette proportion m : p : : Α C : B C.

Balance économique. C’eſt un inſtrument dont on ſe ſert dans le commerce des bleds. Le poids du bled fait connoître ſes différentes qualités ; plus il eſt peſant à meſure égale, & mieux il vaut, parce que une plus grande peſanteur dans le bled & dans tout grain, indique qu’il y a plus de farine, & que celle-ci a une qualité meilleure. Un ſetier de bled de la tête, meſure de Paris, pèſe, année commune, 240 livres, celui de la ſeconde claſſe 230, & celui de la troiſième claſſe 220 livres. Auſſi les marchands de bleds ont-ils ſoin de ſouspeſer le bled à la main dans les marchés, pour eſſayer d’en connoître la qualité par le poids.

On ſe ſert avec plus de précision & de ſuccès de la balance des grains ou balance économique, inſtrument compoſé de deux cylindres creux de cuivre, bien ajuſtés & d’un poids égal. Ces deux cylindres ont exactement 3 pouces 10 lignes de largeur ſur 3 pouces 6 lignes de hauteur, qui ſont préciſément les dimenſions que doit avoir le litron ou la 192e. partie du ſetier de Paris. Aux deux côtés de chaque cylindre ſont deux oreillons où paſſent deux cordons de ſept pouces chacun de longueur, qui viennent ſe réunir au crochet qui s’agraffe au fléau de la balance. Le fléau a ſix pouces de longueur.

Un litron étant la 192e. partie du ſetier, il faut la balance économique des poids proportionnels, dont le premier ſoit également la 192e. partie d’une livre poids de marc, ce qui ſe rencontre préciſément dans un poids de 2 deniers ou 48 grains. Ces 48 grains sont à 9 216 grains contenus dans une livre (poids de marc), comme 192 (ou la meſure d’un litron) eſt à un ſetier de Paris. Enfin 2 deniers, poids de marc, ſont d’une livre la 192e. partie ; le litron eſt d’un ſetier la 192e. partie. Or la meſure étant pleine, le nombre de poids de 2 deniers qu’elle peſera,