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BAL

mité à l’autre, étoit de 57 pieds.

Son diamètre de 41 pieds.

Il pouvoit contenir 37 500 pieds cubes.

L’air déplacé (en ſuppoſant le poids de l’air de 784 grains, le pied cube), peſoit 3 192 livres.

Mais le fluide de M. de Montgolfier étant d’une peſanteur moindre de moitié que celle de l’air atmoſphérique, ſon poids étoit de 1 596 livres ; l’équilibre étoit donc rompu de 1 596 livres, ſur quoi il faut déduire le poids du ballon, celui de la cage & du mouton, &c., 900 livres ; il reſtoit donc net une force de 696 qui auroit pu encore être enlevée. Cette belle machine en toile de fil & de coton, étoit peinte en dehors & en dedans de la détrempe, l’on avoit mêlé dans la couleur de l’intérieur de la terre d’alun, comme très-propre à réſiſter à la plus forte chaleur : 80 livres de paille & cinq livres de laine hachée ſuffirent pour produire les 37 500 pieds cubes de vapeur ; & ſans les déchirures de la partie ſupérieure, il n’eût fallu que cinquante livres de paille, ainſi qu’on l’avoit éprouvé la veille.

Pluſieurs ont voulu donner le nom de gaz de M. de Montgolfier au fluide qui remplit & élève une machine aéroſtatique, & qui a été développé par le moyen du feu. Il paroît que le mot de gaz doit être réſervé aux fluides aériformes, doués d’un caractère propre & ſpécifique, qu’on peut produire ſans le concours & abſtraction faite de l’air atmoſphérique, ſoit par des procédés phiſico-chimiques, ſoit par des moyens naturels ; & qu’il ne convient pas de le donner aux différentes vapeurs combinées qui compoſent l’air qui ſert à remplir & à enlever les machines aéroſtatiques de MM. de Montgolfier. Il eſt vrai que dans cette opération on a brûlé des matières animales qui produiſent du véritable gaz alkalin, que la paille allumée laiſſe échapper différentes ſubſtances volatiles & même des ſubſtances huileuſes réduites en vapeurs, qui peuvent occaſionner diverſes modifications dans l’air atmoſphérique ; ce dernier lui-même traverſant la flamme, y éprouve quelque changement ; & comme il réſulte de tous ces mêlanges un mixte aériforme particulier, plus léger que l’air commun, il ne paroît pas qu’il y ait un grand inconvénient à lui donner le nom de gaz de MM. de Montgolfier.

La connaiſſance exacte de ce gaz ou fluide mixte n’eſt pas aiſée, parce qu’elle tient à une foule de circonſtances acceſſoires ; en ſecond lieu, parce que les expériences faites juſqu’à préſent ayant été peu nombreuſes, & exigeant des manœuvres promptes, il n’a pas encore été poſſible de recueillir des proviſions de cet air, priſes à différentes hauteurs de la machine, ce qui n’étoit pas aiſé, ſoit parce que l’on a dû être naturellement plus occupé d’abord du ſuccès des expériences, que des recherches ſur les qualités du gaz. En attendant qu’on ait fait les eſſais convenables avec l’eudiomètre, on pourra ſe contenter de quelques faits recueillis par M. de Saint-Fond.

Il eſt très-important d’éparpiller la paille, de ſorte qu’elle s’enflamme très-promptement, & ſans produire de fumée ; un feu vif & brillant, un feu de flamme eſt ce qui convient le mieux.

Une machine de 70 pieds de hauteur, ſur 46 de diamètre, peut être remplie en 5 minutes.

À meſure que le dôme de la machine commence à ſe remplir, on l’élève doucement à l’aide d’une corde & d’une poulie fixée entre les deux mâts de 50 à 60 pieds de hauteur qui doivent être placés à côté de l’échafaud ; cette manœuvre facilite l’entrée de la vapeur dans la machine, & ſert à la contenir, juſquà ce qu’étant parvenue à la hauteur des mâts, elle ſe dégage elle-même & quitte ſes liens.

Dès que l’aéroſtat commence à ſe gonfler, il ſe forme ſur le champ un courant d’air rapide qui vient de l’extérieur, & entre dans la machine, de manière qu’avant qu’on eût pris les précautions néceſſaires, les toiles diſpoſées ſous l’échafaud & autour du foyer en manière d’entonnoir cylindrique, étoient agitées avec une violence extrême, & venoient ſe joindre contre le foyer. Pour y remédier, il faut les arrêter par le moyen de poteaux diſpoſés autour du réchaud, ſur leſquels les toiles ont été clouées. Il entre donc une quantité conſidérable d’air atmoſphérique dans la machine.

Cet air commun, avant de pénétrer dans la capacité du ballon, eſt obligé de traverſer la flamme que produit la paille allumée. Il a paru probable à quelques-uns, qu’en s’échauffant l’eau qu’il contient & celle qui réſulte de la combuſtion de la matière végétale, ſont réduites en vapeur. Cette eau forme alors un fluide élaſtique plus rare & plus léger que l’air même, & cette vapeur diffère de tous les fluides aériformes connus, en ce que le ſeul refroidiſſement ſuffit pour ſéparer le feu, & pour faire reparoître ſous une forme denſe & non élaſtique, l’eau qui s’étoit réduite en vapeur.

Lorſque la flamme a produit une chaleur égale non ſeulement les vapeurs aqueuſes, mais toutes les autres émanations renfermées dans l’aéroſtat, telles que les parties huileuſes de la laine (ſi on a employé celle-ci), & celles produites par la combuſtion, ſont tellement diviſées & diſſoutes, que la machine, quoique pleine & tendue dans tous les points, n’offre qu’un fluide