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dans les airs au ſon d’une ſuperbe muſique. On le ſuivit enſuite très-long-temps de vue à la lueur du tranſparent, juſqu’au moment où par ſa hauteur prodigieuſe, il parut prendre place & ſe confondre parmi les étoiles ; il ne faiſoit point de vent : il monta preſque en droite ligne ; après avoir reſté douze heures en l’air, il tomba à Madrid dans le même bois de Boulogne, à fort peu de diſtance, ſans autre dommage qu’un trou très-petit à la partie ſupérieure.

Dès le 18 novembre 1783, M. Montgolfier imagina à Lyon un nouveau ſpectacle dans le genre aéroſtatique. Vers les neuf heures & un quart du ſoir, on fit partir de la rive du Rhône oppoſée à la ville, un aéroſtat chargé d’artifice. Cette machine étoit faite en papier brouillard ; ſa forme étoit pyramidale, ayant de hauteur vingt-quatre pieds, & à ſa baſe douze pieds en quarré ; des rubans de fil le traverſoient de diſtance en diſtance pour le tenir raſſemblé, & empêcher qu’il ne ſe déchirât par l’effort de l’air dont il déplaçoit environ 1 200 pieds cubes ; il étoit terminé dans ſa partie inférieure par un tranſparent de papier rouge, qui préſentoit une ouverture de ſept pieds, en dedans de laquelle étoit un réchaud d’un pied de diamètre, rempli de papier ordinaire roulé & très-ſerré, imbibé de graiſſe & d’huile, le tout peſant, l’artifice compris, 24 livres ; ce ne fut qu’avec de la paille brûlée qu’on le chargea ; lorſqu’on s’apperçut qu’il l’étoit ſuffiſamment, on mit le feu aux mêches de l’artifice, & on laiſſa partir l’aéroſtat, qui s’éleva pompeuſement au bruit d’une excellente muſique, de pluſieurs décharges de boîtes, &c. ; l’aéroſtat s’éleva à une hauteur prodigieuſe ; déjà il ne ſembloit plus qu’une de ces étoiles qui brillent dans une belle nuit, lorſqu’une bombe dont la mêche avoit duré quatre minutes, éclata, & ſema autour d’elle une quantité d’étoiles ; inſenſiblement la lumière du ballon ſe perdoit dans les nues, il avoit même tout à fait diſparu, lorſqu’une ſeconde bombe, deux fois plus forte que la première, & dont la mêche avoit duré deux minutes de plus, éclaira toute la ville, & produiſit le plus bel effet, &c ; le ballon diſparut enſuite, & on n’en eut plus dé nouvelles.

Cette application, qui n’eſt ici que curieuſe, peut être faite à l’uſage des ſignaux, dont par ce moyen on peut ſe ſervir à une diſtance bien plus conſidérable que celle d’où peuvent être apperçues les fuſées & autres artifices qu’on lance quelquefois de terre pour cet objet.

BALLON chimique, eſt un vaiſſeau de verre plus ou moins grand, mais de forme ſphérique, qu’on adapte ordinairement à une Cornue, pour recevoir les produits de la diſtillation. Si ce vaiſſeau eſt petit ou médiocre, il porte le nom de récipient ; s’il eſt grand, il garde le nom de ballon. (Voyez le dictionnaire de chimie de l’encyclopédie).

BAN

BANDES de Jupiter. Les bandes ou ceintures de Jupiter ſont pluſieurs eſpèces de zones qu’on remarque ſur le diſque de la planète de Jupiter ; en général, elles ſont renfermées entre des lignes parallèles, & ſont plus ou moins brillantes que le reſte du diſque. Elles ont été obſervées, pour la première fois, par deux jéſuites nommés Zuppi & Bartoli, & en 1633 par Fontana, qui donna la figure de trois de ces bandes. Les pères de Rheita, Riccioli, Grimaldi les obſervèrent auſſi. Campani, qui conſtruisit à Rome d’excellentes lunettes, obſerva dans Jupiter, le 1er juillet 1664, quatre bandes obſcures & deux blanches, au rapport de M. Caſſini. Ces bandes ne ſont pas toujours de la même grandeur & en même nombre : quelquefois elles paroiſſent très-peu ; d’autrefois elles ne ſont pas également bien marquées ; il y a des temps où elles paroiſſent interrompues. Elles ne ſont pas toujours non plus à la même diſtance les unes des autres ; elles paroiſſent même augmenter & diminuer alternativement de grandeur, de diſtance & de nombre. En 1691, on vit même juſqu’à 7 ou 8 bandes obſcures fort près les unes des autres, quelquefois on n’en apperçoit qu’une ou deux. Hevélius, dans ſa ſélénographie, a remarqué que ces bandes étoient ſenſiblement parallèles à l’écliptique ; M. Caſſini reconnut qu’elles étoient plutôt parallèles à l’équateur de Jupiter, mais cet équateur diffère très-peu du plan de l’écliptique. On peut voir ſur les variations des bandes de Jupiter divers mémoires de M. Caſſini & de M. Maraldi, ſoit dans les anciens mémoires de l’académie (Tom. 2. pag. 104, & Tom. 10, page 1, 513 & 707), ſoit dans les mémoires depuis le renouvellement (année 1699, 1708, 1714). On trouve encore dans les tranſactions philoſophiques de la ſociété royale de Londres, les figures des bandes de Jupiter, obſervées en divers temps par M. Herſchel. M. le bailly Schroeter, ayant obſervé en 1785 & 1786 Jupiter Perihelie, nous donnerons, d’après lui, la figure des bandes de cette planète, telles qu’elles paroiſſent à cette époque ; il les a vues avec un téleſcope newtonien de quatre pieds de M. Herſchel, & un oculaire qui agrandiſſoit les objet 150 fois. Il aperçut auſſi ſur le diſque de Jupiter pluſieurs taches nouvelles, noires & rondes. Les unes & les autres ſont repréſentées dans la figure 113 & 114 de ce dictionnaire.

M. Schroeter obſervant de nouveau, en 1787, Jupiter, remarqua qu’auprès des deux bandes obſcures du milieu, il s’étoit formé deux zones ou bandes blanches & lumineuſes, telles que M. Campani en découvrit auſſi à Rome, en 1664, figure 119 de cet ouvrage, lettres a, b. La zone équatoriale au contraire qui ſe renferme entre les deux bandes obſcures du milieu, avoit pris une couleur terne,