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le mercure du baromètre, dit d’Alembert, ſe ſoutient auſſi bien dans une chambre exactement fermée qu’en plein air, parce que l’air de cette chambre, quoiqu’il ne porte pas le poids de l’atmoſphère, eſt comprimé de la même manière que s’il le portoit. Si l’air demeure du même poids, & que la compreſſion de ces parties vienne à augmenter ou à diminuer par quelque cauſe accidentelle, alors le mercure deſcendra ou montera dans le baromètre, quoique le poids de l’air ne ſoit pas augmenté ». Traité des fluides de d’Alembert, p. 61. Au lieu de l’exemple de la chambre fermée, j’aime mieux citer celui d’un baromètre, ſous un récipient luté ſur une platine avec de la cire verte. Le poids de l’atmoſphère eſt ſoutenu par le dôme du récipient, & néanmoins le mercure du baromètre renfermé eſt auſſi haut que l’étoit d’abord un autre baromètre égal, expoſé à l’air libre ; effet qui réſulte dans celui là, non du poids, mais de la preſſion de l’air du récipient, qui eſt égale à celle de la compreſſion d’une autre maſſe d’air libre, & à la même diſtance de la ſurface de la terre.

Poids de l’atmoſphère qui pèſe ſur la ſurface du corps d’un homme de taille ordinaire, ſelon les variations du baromètre. Lorſque le baromètre eſt à 28 pouces, la maſſe totale qui comprime le corps d’un homme eſt de 22 033 livres 12 onces. Le poids d’un pouce de mercure, lorſque cet inſtrument varie, eſt de 787 livres 3 onces 40 grains. La variation d’une ligne équivaut à 67 livres 9 onces 42 grains (Voyez atmoſphère).

Il eſt faux, comme avoit cru l’obſerver M. de Chanvallon (mém. acad. 1751, pag. 275), qu’un baromètre ſcellé hermétiquement de toutes parts, obéiſſe aux différentes peſanteurs de l’air. M. l’abbé Nollet a très-bien prouvé cette vérité, & a démontré que les baromètres ſur leſquels on avoit fait des obſervations contraires au principe connu, étoient imparfaitement ſcellés, ou qu’il s’étoit fait au verre quelque fêlure imperceptible par où l’air s’introduiſoit pour y exercer ſa preſſion. Des baromètres fermés hermétiquement par les deux bouts, ne peuvent que faire fonction de thermomètres, obéiſſant ſeulement aux impreſſions de la chaleur & du froid.

M. l’abbé Nollet a encore éprouvé qu’un baromètre dont la boule eſt terminée par un tube capillaire, devient thermomètre & ceſſe d’être baromètre, ſi l’on fait tomber une ſeule goutte d’huile ſur l’orifice du tuyau capillaire : cette goutte réſiſte plus ou moins à la peſanteur de l’air, ſelon que le tube eſt plus ou moins capillaire. On voit la goutte baiſſer ou s’élever & ſortir, ſelon que le mercure s’élèvera ou deſcendra.

C’eſt encore une ſuite des principes établis ſur la peſanteur de l’air, qu’un baromètre ſcellé hermétiquement de tous côtés, mis ſous la machine pneumatique, n’éprouve aucune variation. Si on a quelquefois vu le contraire, cet effet aura été occaſionné par quelque léger balancement de la machine, ou bien parce que le récipient qui étoit fort étroit, ſe ſera échauffé entre les mains des obſervateurs, & aura communiqué quelques degrés de chaleur à l’air contenu dans la boule du baromètre, & le mercure preſſé ſera conſéquemment monté.

Une colonne de mercure de 28 pouces 5 lignes, contenue dans un tube vertical & cylindrique, fermé par en haut & ouvert par en bas, ſans aucune courbure & ſans être plongé dans aucune cuvette remplie de mercure, ne monte ni ne deſcend, lorſqu’il arrive du changement dans le poids de l’atmoſphère ; car une colonne toujours de même longueur, ne peut faire équilibre aux différens poids de l’atmoſphère, uniquement par ſa différence de poſition dans le tuyau.

Juſqu’à préſent nous avons traité du baromètre en général, du baromètre ſimple, des conditions néceſſaires pour ſa conſtruction, des principaux phénomènes que préſente ſa marche, de la cauſe en général des effets qu’on obſerve ; il eſt à propos d’examiner maintenant les principales eſpèces ou variétés de baromètres ſimples ou compoſés : nous les expoſerons de telle ſorte que les eſpèces qui ont des rapports entre elles ſe trouvent enſemble, autant que l’ordre chronologique des inventions le permettra, & réciproquement, l’ordre méthodique ne pouvant être ſacrifié à un arrangement alphabétique ; obſervation à laquelle nous nous conformerons dans d’autres occaſions. Les diverſes eſpèces de baromètres ſimples doivent être expoſées avant de décrire celle des baromètres compoſés : ainſi nous allons commencer par les premières.

Baromètre à bouteille. Le baromètre fait ſelon la méthode de Toricelli, ne pouvant ſe transporter aiſément, on imagina bientôt de recourber le tube par en bas, & de terminer cette dernière extrémité du tube par une bouteille de verre ſoufflée & ſoudée à la lampe de l’émailleur. Voyez la figure 279. On fit cette bouteille ou réſervoir d’une capacité aſſez grande, pour que les variations de la colonne de mercure dans le tube ne puſſent pas produire des changemens ſenſibles dans le niveau, c’eſt-à-dire, dans la hauteur de la ſurface du mercure ſtagnant dans cette bouteille. Cette forme de baromètre eſt la plus uſitée.

Les baromètres à réſervoir en bas ont toujours une colonne barométrique, plus courte que dans un tuyau ſimple en forme de ſiphon ; c’eſt pourquoi M. du Luc a ſouvent déſiré que les phyſiciens vouluſſent fixer l’échelle de leurs baromètres à réſervoir (très-commode pour l’uſage ordinaire), en