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Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/615

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mercure, exécutées en Angleterre, & décrites par Defaguilliers, tom. II, p. 576, me paroiſſent préférables pour condenſer l’air, à toutes celles que l’on trouve dans nos Cabinets de phyſique ; mais nous croyons cependant que lorſqu’il ne faudra condenſer l’air de la caiſſe que d’un tiers de plus que la denſité atmoſphérique, c’est-à-dire, qu’il faudra ſeulement ſoutenir par la compreſſion de l’air une colonne d’eau de 10 ou 11 pieds, des ſoufflets ſeront plus commodes.

On auroit pu augmenter les dimenſions de notre chambre & celles des pontons à proportion ; il en ſeroit réſulté que l’on auroit pu y renfermer un plus grand nombre de travailleurs, & embraſſer à chaque marée une plus grande ſurface ; mais il nous a paru que tout compenſé, les dimenſions que nous adoptons ſuffiſoient pour ſatisfaire à la queſtion actuelle. La hauteur de la chambre a été réglée de manière que les hommes commençaſſent à travailler lorſqu’il reſteroit encore 5 pieds 7 pouces de hauteur d’eau au-deſſus du rocher ; mais d’après les données de la queſtion, comme le rocher ne reſte couvert à baſſe mer que d’un pied de hauteur d’eau, les travailleurs, dans beaucoup de marées, auront plus de trois heures de travail ; temps que nous croyons ſuffisant à quatre hommes pour enlever 50 pieds de ſurface ſur un pied de profondeur, quand même ils ſeroient gênés par 8 ou 9 pouces de hauteur d’eau.

Il nous reſte encore, pour remplir l’objet de ce mémoire, de chercher les moyens de se débarraſſer à chaque marée, des déblais que les travailleurs formeront ſous la caiſſe de compreſſion. L’on voit, figure 156 & 157, dans l’intérieur de cette caiſſe, une grande hotte qui a cinq pieds de hauteur, trois pieds de largeur la partie ſupérieure, & ſeulement un pied & demi dans la partie inférieure ; le fond qui ferme la partie inférieure de cette hotte eſt attaché à charnières au côté de la chambre, & eſt ſoutenu au moyen de deux chaînes liées au plafond de la chambre, mais que l’on peut lâcher à volonté ; cette hotte eſt attachée trois ou quatre pieds plus haut que le terrein que l’on veut déblayer, pour que l’on puiſſe travailler par-deſſous ; elle a toute la longueur de la chambre, & contiendra facilement les déblais que quatre travailleurs pourront fournir dans une marée. La hauteur des bords des pontons au-deſſus de la ſurface de l’eau eſt trop grande, pour que l’on puiſſe craindre que la charge de 50 pieds cubes de déblai puiſſe faire couler le bateau ; c’eſt de quoi l’on s’aſſurera facilement par le calcul. Lorſque le travail ſera fini, & que le montant de la mer mettra le bateau à flot, on le conduira dans quelque partie de la rivière, où les déblais que l’on videra en lâchant les chaînes, ne pourront point nuire à la navigation.

Après tous les détails dans leſquels nous venons d’entrer, nous croyons qu’il ne doit reſter aucun doute ſur la réuſſite des moyens que nous propoſons. Le seul danger que l’on pourroit peut-être craindre, ſeroit que la condenſation de l’air ne nuiſît à l’économie animale des hommes renfermés ſous la caiſſe de compreſſion ; mais ſi l’on fait attention que l’excédent de la denſité de notre air comprimé ſur celui de l’atmoſphère ne répond qu’à une colonne d’eau de cinq pieds & demi, & qu’en traverſant des pays de montagne, l’on éprouve quelquefois de pareilles différences ſans s’en appercevoir, l’on ſera entièrement raſſuré ſur ce danger. Je pourrois rapporter un grand nombre d’expériences faites à ce ſujet, mais je me contenterai de citer celles de quelques Phyſiciens dont l’exactitude & la ſagacité ſont connues. M. Muſſchenbroeck dit « que les hommes ſe trouvent aſſez bien ſous l’eau à une profondeur de 300 pieds, pourvu que l’on y renouvelle l’air, & que l’on y ſoumiſſe celui néceſſaire à leur conſommation ». Si une variation de denſité répondant à une colonne d’eau de 300 pieds de hauteur ne dérange pas l’économie animale, celle qui répond à 5 ou 6 pieds doit être abſolument inſenſible. L’on trouve dans la Phyſique du docteur Deſaguilliers, que M. Edmond Halley a fait lui-même pluſieurs expériences en s’introduiſant ſous la cloche du plongeur, où il renouveloit l’air au moyen d’un tonneau que l’on deſcendoit de la ſurface de la mer, ſans qu’il lui ſoit jamais arrivé aucun accident. L’on trouve dans le même ouvrage une lettre de M. Martin Triewal, qui tenoit du gouvernement de Suède le privilége des plongeurs ſur le bord de la mer Baltique. Il aſſure avoir toujours fait avec ſuccès ſes opérations au moyen de la cloche du plongeur de M. Halley ; il dit entre autres choſes remarquables qu’un des plongeurs dont il ſe ſervoit étoit âgé de ſoixante-ans, & faiſoit ce métier depuis l’âge de vingt ans.

En réfléchiſſant ſur l’aſſertion de M. Muſſchenbroeck & ſur les expériences rapportées par M. Déſaguilliers, il en réſulteroit qu’il n’y auroit aucune eſpèce de danger à craindre en faiſant travailler les hommes dans un air condenſé ſous une colonne d’eau de trente à quarante pieds de hauteur. Ainſi il paroît qu’un bateau à air pourroit être de la plus grande utilité pour exécuter ſous l’eau une foule de travaux qui, juſqu’ici ont paru impoſſible, ou n’ont été tentés qu’avec des frais & des riſques énormes. Le bateau que l’on deſtineroit à de grandes constructions, pourroit avoir 30 ou 40 pieds de hauteur, la chambre de compreſſion auroit 15 ou 20 pieds de longueur & de largeur, les autres dimenſions du bateau s’augmenteroient dans les mêmes proportions.

Si l’on vouloit ſe ſervir d’un pareil bateau pour fonder une maçonnerie dans la méditerranée ou dans le lit profond d’une rivière, après avoir ap-