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verre & un bâton de cire d’Eſpagne ; un de ces conducteurs étoit excité & appliqué à la ſurface du morceau de liège, afin de déterminer plus préciſément l’eſpèce d’électricité qui avoit lieu ; on eut encore ſoin de faire les expériences du côté de la maiſon où le vent avoit moins de priſe. Nous avons cru à propos de détailler les moyens que ce ſavant a employés, afin de faciliter dans cette recherche ceux qui déſireroient de s’y livrer.

M. Ronayne a trouvé que l’air des environs des maiſons, des arbres, des mâts, des vaiſſeaux, &c., étoit ſenſiblement électriſable dans l’hiver, à une diſtance particulière, quand les brouillards obſcurciſſoient le temps, ou lorſqu’il geloit, & même pendant les plus forts brouillards, cependant à un moindre degré ; il a eu également de petits effets électriques dans les jours où le temps étoit ſombre & couvert.

« L’air n’a jamais fourni dans l’été, dit-il, la plus petite étincelle électrique, excepté dans les ſoirées fraîches, lorſque le ciel étoit chargé de quelques brouillards. Pendant la nuit j’obtenois des effets ſenſibles d’électricité, quoique plus foibles que dans les brouillards de l’hiver. Ces effets m’ont paru les mêmes pendant un temps comme dans un autre.

J’ai ſouvent examiné l’état de l’air pendant les aurores boréales, ſans avoir jamais pu obtenir aucune étincelle électrique, excepté lorſqu’il ſurvenoit des brouillards ; & dans ce cas l’air a été un auſſi bon conducteur de l’électricité que dans un autre temps ; une fois, à la vérité, pendant une nuit d’un temps ſerein, j’ai obtenu une foible lumière électrique d’une aurore boréale.

En général l’électricité de l’air eſt poſitive. Je n’ai jamais vu le contraire qu’un jour d’hiver dans le temps de brouillard, quoiqu’il fît extraordinairement chaud pour la ſaiſon. On ne peut cependant pas ſe perſuader que le froid électriſe l’atmoſphère poſitivement. Perſonne n’imaginera jamais que la chaleur produiſe un effet contraire & opposé. Je préſente ce que je viens de dire comme une ſimple conjecture, & non comme un fait déciſif, parce que je ſuis intimement perſuadé qu’une eſpèce d’électricité eſt ſouvent le produit d’une autre ; ce qui paroît démontré par les expériences du docteur Franklin.

Si le froid électriſe l’air dans nos climats, ce qui paroît probable, peut-on croire avec raiſon que ce phénomène produiſe un effet contraire dans les environs de nos antipodes ? Ne faut-il pas considérer les découvertes électriques de la Tourmaline comme une preuve de cette opinion ?

L’électricité de l’air, dans les temps humides, épais ou chargés de brouillards, n’eſt pas aſſez forte pour produire quelque étincelle, même en y ajoutant un fil de métal terminé en pointe, qui attire cependant les corps minces à une petite diſtance, lorſque l’air eſt chargé de brouillards.

Lorſque le brouillard commence à devenir épais, les morceaux de liège s’approche, & lorſqu’il revient à ſon premier état, ils s’éloignent. J’ai obſervé que lorſqu’il pleut dans un temps de brouillard, les balles de liège ſe reſſerrent, & ſe ſéparent de nouveau, lorſqu’il paroît un nouveau brouillard, & que la pluie ceſſe. Malgré cela, il y a un certain degré de denſité néceſſaire au brouillard, pour que ces balles de liège puiſſent exercer leur faculté divergente ; il faut en outre remarquer que les brouillards participent d’une odeur forte, à peu près la même que celle qu’on reſſent lorſqu’on a vivement électriſé un tube de verre ; l’atmoſphère participe quelquefois de cette odeur.

Comme les brouillards ſurviennent lorſque l’air eſt chargé d’humidité, je ne pouvois guères imaginer quelle étoit la cauſe de leur pouvoir électrique, ni ſavoir d’après quel principe ils la retenoient ſi obſtinément. Après m’être convaincu, par des obſervations répétées, que les corps électriſés conſervoient aſſez long-temps leur électricité dans les différens points d’humidité de l’air, lorſqu’on avoit le ſoin de les iſoler ſur de la cire d’Eſpagne, je ne pus m’empêcher de conclure que l’humidité retardoit conſidérablement la communication de la matière electrique.

Les corps fixés avec des fils de ſoie, & que j’avois fait ſécher, avoient perdu leur électricité dans un court eſpace de temps ; je tentai de les rendre non-conducteurs, en les verniſſant avec de l’huile de térébenthine, ou avec du baume de ſoufre, ou avec toute autre ſubſtance ſemblable, mais ce fut ſans ſuccès ; les fils de ſoie d’abord, après avoir été ainſi traités, devinrent conducteurs, & en augmentèrent conſidérablement en poids, surtout lorſque l’air de l’atmoſphère n’étoit pas véritablement ſec. D’après ces faits, je conclus avec raiſon que la ſoie, par rapport aux propriétés qu’elle a d’attirer l’humidité, peut servir d’hygromètre, ſoit qu’elle ſoit miſe dans une balance, ou fixée à un corps électriſé.

Lorſque les brouillards ſont épais, qu’ils ſe traînent près de la terre & qu’ils augmentent, les balles ſe rapprochent toujours, lorſqu’ils ſont ſuſpendus dans l’atmofphère, & très-éloignés de la ſurface de la terre. Le contraire arrive preſque dans tous les cas. J’ai ſouvent trouvé une différence entre un vent frais de nord-oueſt & sud-eſt. L’un ſembloit quelquefois prévaloir ſur l’autre ; & j’ai conſtamment remarqué que lorſque cette alternative étoit ſuivie d’une brume épaiſſe, qui reſſembloit aux