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AIG-AIM

capitale, dont les deux extrémités ſont un peu aiguës, & qui eſt percée au milieu pour y recevoir une chape de bouſſole. Il eſt facile de ſimplifier ce petit appareil, en courbant, en ſens contraire, les deux extrémités d’une petite tige de cuivre dans l’épaiſſeur de laquelle on aura pratiqué une cavité conique avec un foret. Les figures 11 & 12 repréſentent ces deux aiguilles. Si on les place ſur un pivot, & celui-ci ſur le conducteur électriſé, on les verra bientôt tourner avec rapidité ; la vîteſſe ſera enſuite ſi grande, qu’on aura peine à diſtinguer la figure des aiguilles. Dans l’obſcurité, on apercevra, lorſque le mouvement commencera à être imprimé aux aiguilles, une aigrette électrique ; voyez Aigrette. Mais, lorſque le mouvement de rotation ſera très-rapide, on n’apercevra plus qu’un cercle de lumière. Ce dernier phénomène reſſemble à celui d’un tiſon enflammé, agité circulairement avec une grande vîteſſe, & qui n’offre plus aux yeux qu’un cercle de feu. L’aiguille électrique tournant rapidement, la lumière des aigrettes paroît continue, parce que les impreſſions que les aigrettes ont faites ſucceſſivement dans l’œil, perſévèrent en même temps.

La cauſe du mouvement de ces aiguilles vient de celui des aigrettes électriques qui, débouchant dans l’air, le frappent avec une très-grande vîteſſe. Cet air, ainſi frappé, oppoſe une réſiſtance au choc du fluide électrique qui ſort en aigrettes, & force chaque extrémité de l’aiguille à reculer, ce qui ne peut ſe faire, ſans produire un mouvement de rotation, à cauſe de la conſtruction de l’aiguille qui eſt en équilibre ſur ſon pivot.

Si on ſuſpend, ſur une même chape, enſemble pluſieurs aiguilles dont les longueurs de haut en bas ſeront proportionnellement plus petites, on verra pluſieurs cercles de feux décroiſſans ; & ſi elles ſont aſſez près les unes des autres, on apercevra une pyramide lumineuſe.

On a encore imaginé de faire tourner ces aiguilles en les plaçant perpendiculairement à l’horiſon, avec un axe horiſontal, voyez Plan incliné électrique ; voyez encore Arbre électrique.

AIL

AILE DE L’OREILLE. Voyez Oreille.

AIM

AIMANT. C’eſt une eſpèce de pierre ferrugineuſe, ou de mine de fer dans laquelle on remarque des propriétés particulières, comme celle, par exemple, d’attirer le fer, de ſe diriger vers une partie déterminée du globe, &c. ; propriétés dont nous parlerons dans un inſtant. Si l’utilité doit faire placer un objet dans le premier rang, l’aimant doit, ſans contredit, le mériter. Cette pierre de couleur ſombre, n’a pas le brillant ni l’éclat des pierres précieuſes & du diamant, propres à embellir la beauté, & à orner la couronne des ſouverains ; mais elle a fait découvrir le nouveau monde.

L’aimant eſt une mauvaiſe mine de fer ; mais il n’eſt ni fuſible ni malléable comme les métaux. Il eſt dur & caſſant ; ſa couleur eſt ordinairement noirâtre, quelquefois tirant ſur le brun : on en voit cependant de griſâtre & même de blanchâtre. Sa peſanteur ſpécifique eſt moindre que celle du fer, & plus grande que celle des pierres qui ont à-peu-près le même degré de dureté.

L’aimant, d’un grain fin & ſerré, a une peſanteur ſpécifique, comparée à celle de l’eau, comme 42 437 eſt à 10 000. Un pouce cube de cet aimant pèſe conſéquemment deux onces ſix gros, & un pied cube 297 livres 0 onces 7 gros 40 grains. D’autres variétés ont des poids différens.

On a vu la rouille de fer, mêlée avec des parties graſſes & de la pierre commune, former, par ſucceſſion de temps, un compoſé tout-à-fait ſemblable à l’aimant naturel. Hiſt. de l’Acad. 1731. Il y a quelques baſaltes qui ſont de la nature de l’aimant, ou du moins qui en ont les propriétés ; tel eſt celui de Drevin. M. de Morveau a obſervé que des morceaux de ce baſalte avoient deux pôles diſtincts : les expériences ont été faites avec un barreau aimanté.

On trouve de l’aimant dans diverſes parties de l’Aſie & de l’Europe ; c’eſt dans l’Aſie qu’il a d’abord été découvert. On en tire d’excellens de la Norwège, de la Suède & de l’Allemagne ; il y en a dans la Chine, dans les Indes orientales. On en trouve beaucoup dans les Philippines, & ſur-tout aux îles Bohol, Jolo & Mindanao. Il y en a dans l’Italie, dans l’Eſpagne, & même en France, ſur-tout du côté de l’Auvergne ; mais en général, il y eſt rare & mauvais. On en tire encore de l’île de Candie (ancienne île de Crète) ; de l’île de Serfo, des côtes d’Arabie & de celles de Guinée. La Judée en contient, car l’aimant, connu des Hébreux ſous le nom de Schabol, entroit dans leurs remèdes, & ils le trouvoient dans les contrées occupées par les tribus de Gad, d’Aſer, & d’Iſachar.

Il y a auſſi quelques aimans en Afrique ; on en a tiré dans le Bambouc d’excellens dont on a envoyé pluſieurs morceaux en France, au rapport de l’auteur de l’Hiſtoire générale des voyages. (Tom. II. pag. 644). On en trouve en Amérique. On fit voir à Gemelli-Caréri, dans un cabinet de raretés, au Mexique, une pierre d’aimant, de la groſſeur d’une pomme ordinaire qui enlevoit dix livres de fer. De plus le corrégiment de Copiapo au Chili, produit quantité de pierres d’aimant. Idem. Tom. XI & XIII, pages 536 & 144.

Il y a beaucoup d’aimans dans les mines de fer de l’île d’Elbe : le mont Calamita ou d’aimant, eſt un amas d’aimant & d’autres mines de fer. L’aimant qu’on tire de cette montagne, eſt quelquefois ſi fort, qu’un petit morceau attaché à un aimant, ſoutient un poids de pluſieurs onces. Mais les morceaux qu’on rencontre ſur la ſuperficie de la terre, quelque groſſeur qu’ils aient, ont géné-