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la peine d’être taillés ; à plus forte raiſon, ne trouve-t-on pas des rochers magnétiques, dont la ſphère d’activité s’étende au loin.

L’attraction magnétique ne s’exerce pas ſeulement entre l’aimant & le fer, mais encore entre deux aimans par leurs pôles de différens noms, c’eſt-à-dire, par les pôles ſud & nord ou nord & ſud ; car il y a répulſion, ſi on les approche par leurs pôles de même nom ; ſavoir, entre les pôles nord & nord, ſud & ſud, ainſi que nous le prouverons en traitant de la répulſion magnétique dans cet article aimant.

L’attraction a encore lieu entre un aimant artificiel & le fer, comme entre un aimant naturel & toute ſubſtance ferrugineuſe. Il en eſt de deux fers aimantés comme de deux pierres d’aimant, les uns & les autres ayant deux pôles, ne peuvent s’attirer que par les pôles de différente dénomination. Les quatre expériences précédentes peuvent être ici répétées.

On obſervera cependant, ſur cette attraction réciproque de deux aimans, que l’aimant agit plus puiſſamment ſur le fer que ſur un autre aimant, qu’il l’attire avec plus de force, (toutes choſes égales) & que l’union & l’adhérence ont une plus grande énergie. Suppoſons que ſur la ſurface Α de l’eau contenue dans un vaſe, on place du liége ſur lequel flottera un aimant B, figure 340, & qu’on lui préſente un morceau de fer C, non aimanté, ou que récîproquement on mette C flotter ſur le liége, en tenant B à la main à la diſtance C, on obſervera que la vîteſſe de l’attraction ſera la même. Mais ſi on emploie deux aimans dans l’expérience, on verra que la vîteſſe n’eſt pas auſſi grande que dans les deux cas précédens. On remarquera encore qu’après le contact, l’adhérence eſt plus grande entre le fer & l’aimant, qu’entre deux aimans.

Lorſque l’aimant naturel ou artificiel eſt armé, l’attraction, & l’adhérence qui en eſt l’effet, eſt bien plus grande entre le corps attirant & le corps attiré, que s’il n’y avoit pas d’armure. Voyez armure.


L’attraction qui régne entre l’aimant & le fer, eſt réciproque ; lorſque ces deux corps ſont ſuſpendus librement, ils font la moitié du chemin pour s’approcher, (il en eſt de même pour la répulſion).

On a obſervé que la limaille de fer eſt attirée plus puiſſamment par l’aimant, que la poudre même de la pierre d’aimant ; on a dit que cet effet venoit de ce qu’il y a plus de parties ferrugineuſes dans le fer forgé que dans l’aimant. Celui-ci agit néanmoins de plus loin ſur le fer aimanté.

L’aimant attire également le fer par ſes deux pôles, ſoit qu’on préſente ſucceſſivement un même morceau de fer, tantôt à l’un, tantôt à l’autre pôle, ſoit qu’on préſente en même temps deux morceaux de fer à ſes deux pôles.

Uſages. On peut tirer parti de la vertu attractive de l’aimant dans diverſes circonſtances de l’aimant. Si des parcelles de fer ſont mêlées dans de la limaille d’or, ou d’argent, ou de cuivre, &c. Par le moyen d’un aimant qu’on plonge dans cette limaille, on enlève, à chaque fois, les parcelles de fer. De cette manière, on peut ſéparer le fer de la platine, lorſqu’on veut l’avoir bien pure pour certaines expériences. Il en eſt de même pour obtenir le fer des ſablons ferrugineux.

Si une molécule de fer entre dans l’œil, il eſt poſſible de l’attirer & de l’enlever par le moyen d’un aimant. Un ſerrurier ſouffroit beaucoup par l’effet d’un accident de ce genre ; avec un bon aimant, je le délivrai bientôt de la cauſe de ſon mal.

L’aimant ſert à découvrir les mines de fer, & à reconnoître la préſence du fer par-tout où il eſt caché, & en même temps que les métaux ſe révivifient de leurs propres cendres. M. Geoffroy a trouvé que les cendres de pluſieurs végétaux obéiſſoient auſſi à la vertu magnétique. Muſſchenbroek a donné une liſte aſſez étendue des matières qu’il a trouvées ſuſceptibles de cette attraction, ſoit en les éprouvant dans leur état naturel, ſoit en les faiſant rougir au feu, avec une matière graſſe, végétale ou animale : preuve que le fer ſe trouve preſque par-tout, & que les métaux ſe révivifient de leurs propres cendres. Un médecin, qui a analyſé le ſang, y a trouvé du fer.

Un appareil bien ſimple, qui indique les matières ſuſceptibles d’être attirées par l’aimant, & conſéquemment qui contiennent du fer, eſt le ſuivant. Il conſiſte en un petit barreau d’acier, bien aimanté & ſupporté ſur un pivot qui entre dans une cavité conique qu’on a pratiquée dans ſon épaiſſeur, à-peu-près comme on le voit dans la figure 339, avec cette différence, que les deux bouts ne ſont pas pointus, mais coupés quarrément, & qu’au lieu d’une chape en G, il y a en deſſous une ouverture conique creuſée dans l’épaiſſeur du barreau. Ce dernier ſe renferme dans un petit étui rond, & devient par-là très-portatif. Lorſque le barreau eſt ſur ſon pivot, ſuſpendu en équilibre, il ſuffit de préſenter à une de ſes extrémités diverſes ſubſtances qu’on ſe propoſe d’examiner. Si elles contiennent du fer, elles attireront le barreau & le feront mouvoir.

De cette manière, on verra que les porphires verds & les ſerpentines attirent le barreau aimanté. Il en ſera de même de pluſieurs eſpèces ou variétés de fer ſpathique, ſur-tout ſi l’on les a un peu expoſées au feu. Quelques-uns ont prétendu que cet effet venoit de ce que le feu dégageoit des fluides aériformes qui s’y trouvoient, tels que le gaz fixe & le gaz inflammable ; après ce dégagement, le fer ſpathique devient très-fort attirable par l’aimant.

Si on expoſe au foyer d’un verre ardent des terres martiales aſſez calcinées pour n’être nullement