fait contraſter ; des moyens ingénieux de reconnoître avec certitude, par l’expérience aidée du calcul, la véritable inclinaiſon, tandis que l’aiguille, obſervée immédiatement, en donneroit toujours une fauſſe ; tels ſont les objets traités dans cette diſſertation. D’après cet expoſé, on penſe bien que les bouſſoles d’inclinaiſon, de M. Bernoulli, doivent être rangées parmi les meilleures. On en trouve la deſcription dans les Acta Helvetica, tom. III. M. Euler les a auſſi décrites dans les Novi Comment. acad. petropolit. tom. XIV, pars. II. On trouvera, dans le recueil des prix de l’académie des ſciences de Paris, ce mémoire de M. Bernoulli, avec celui de M. Euler ſur le même ſujet.
Quoique par ces différentes recherches, on ait ſurmonté quelques obſtacles qui s’oppoſent à la perfection des aiguilles & des bouſſoles d’inclinaiſon, il y en a pluſieurs autres qui ſubſiſtent encore, & qui empêchent que ces inſtrumens ne ſoient comparables : de ſorte que, dans l’état actuel de nos connoiſſances ſur cette partie, on eſt réduit à ſavoir que l’inclinaiſon de l’aimant eſt une de ſes propriétés, & que cette inclinaiſon ne ſuit point, quant à nous, de loi régulière.
Cette inclinaiſon magnétique eſt ſi conſtante que les navigateurs ont toujours ſoin de coller ſous l’aiguille aimantée un petit contre-poids, ou d’y mettre quelques gouttes de cire du côté oppoſé à celui qui s’incline, afin que l’aiguille conſerve toujours ſa poſition horiſontale ; car l’inclinaiſon augmenteroit les frottemens de leurs aiguilles. Ils ont encore ſoin d’augmenter ou de diminuer ces contre-poids, lorſqu’ils s’approchent plus ou moins des pôles.
Au mot Magnétisme, nous traiterons de la cauſe de cette inclinaiſon de l’aimant, c’eſt-à-dire, de la cauſe qui détermine l’aimant à faire un angle avec l’horiſon, à ſe diriger vers les pôles magnétiques qui ne coïncident pas avec ceux de la terre.
Les obſervations qu’on a faites ſur l’inclinaiſon de l’aiguille aimantée, ſont bien moins nombreuſes que celles de la déclinaiſon ; nous n’en citerons ici que quelques-unes, ſur-tout des plus récentes, parce qu’on peut appliquer ici, en diſcutant les obſervations de la déclinaiſon de l’aimant. Les aiguilles d’inclinaiſon, des divers obſervateurs, en différens lieux & en divers temps, étoient trop diſſemblables, ainſi que pluſieurs autres circonſtances, pour pouvoir former des tables bien exactes, ſoit par rapport aux eſpaces, ſoit relativement aux temps.
1786 |
71° | 5m | le 1er. Juin |
1787 |
71° | 0m | le 1er. Juin |
1788 |
71° | 1m | le 1er. Juin |
1789 |
70° | 56m | le 1er. Juin |
L’inclinaiſon (moyenne) étoit en 1780, à l’obſervatoire 71°. 48m. ; elle étoit en 1772 de 71°. 20m.
Le peu de variété qu’a indiqué l’inclinaiſon de l’aiguille à Paris & à Londres, où elles ont été fabriquées avec ſoin depuis cent ans, indique aſſez clairement qu’elles ont très-peu varié quant à leur inclinaiſon apparente. Il en eſt de même dans quelques autres pays. À Londres, en 1576, on a trouvé l’inclinaiſon de 73 & 71 degrés, ; en 1747, M. Graham l’a trouvée de 73 degrés & demi ou 2 degrés ſeulement plus grande qu’à Paris.
Avant le voyage de M. Richer, en l’île de Cayenne & à ſon retour, l’inclinaiſon de l’aiguille aimantée étoit de 75 degrés d’inclinaiſon apparente, à Paris. À la Cayenne, la même aiguille étoit inclinée de 50 degrés du côté du nord. Rohault trouva l’inclinaiſon de 70 degrés environ.
Il ſeroit peut-être inutile de rapporter ici un plus grand nombre d’obſervations faites en différens lieux & en différens temps, ſur l’inclinaiſon de l’aiguille aimantée, parce que la plûpart des aiguilles, dont on s’eſt ſervi, n’étoient pas comparables entr’elles : on peut dire des aiguilles d’inclinaiſon ce que nous avons dit à l’article cinquième propriété de l’aimant ; déclinaiſon. Au reſte, on peut conſulter la carte, réduite des diverſes inclinaiſons de l’aiguille aimantée, que M. Wilcke, Suédois, a publiée en 1768. On la trouvera dans les mémoires de l’académie de Stockholm & dans les lois du magnétiſme. Voyez Inclinaison de l’aimant.
En comparant un grand nombre d’obſervations ſur l’inclinaiſon de l’aiguille aimantée, on a reconnu que c’eſt aux environs de l’équateur que l’inclinaiſon eſt preſque toujours nulle ; & que l’équateur magnétique eſt au deſſus de l’équateur terreſtre dans la partie de la mer des Indes, ſitué vers le 97 degré de longitude (à l’eſt du méridien de Paris) & qu’il paroît, au contraire, au-deſſous de la ligne dans la portion de la mer pacifique qui correſpond au 197 degré ; d’où on a conjecturé que le pôle magnétique eſt éloigné vers l’eſt du pôle de la terre, relativement aux mers des indes & pacifique, & que par conſéquent il doit être ſitué dans les terres les plus ſeptentrionales de l’Amérique. Si l’aiguille aimantée étoit ſur les pôles magnétiques de la terre, elle y ſeroit dans une poſition perpendiculaire : ce phénomène eſt un indice propre à reconnoître les vrais pôles magnétiques de notre globe.
Dans l’hémiſphère auſtral, l’aiguille d’inclinaiſon, au rapport du voyageur Noël ſe tenoit perpendiculaire au trente-cinquième ou trente-ſixième degré de latitude ; & cette perpendicularité de l’ai-