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Page:Encyclopédie moderne - 1823, T01.djvu/10

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AVIS DE L’ÉDITEUR.

et de Condillac : il faut donc comparer ces systèmes et ces doctrines, et mettre le lecteur à même de juger ces grands débats intellectuels. Enfin la révolution française nous force d’envisager la littérature et la philosophie dans leurs rapports avec l’état des gouvernements et des peuples ; et ce point de vue qui relève la dignité des lettres, n’ayant pas été saisi par les grands talents du dix-huitième siècle, laisse encore incomplet ce qu’ils ont fait de mieux. Ce qu’on a le plus loué, ce qui méritait le plus d’éloges, ce sont les articles de Diderot sur les arts et métiers ; et tous ces articles, écrits avant que le travail fût perfectionné, avant que nos machines fussent inventées, avant que la chimie fût appliquée aux arts, peuvent servir à leur histoire, mais n’en peuvent faire connaître ni les progrès ni l’état actuel.

Une Encyclopédie entièrement neuve était donc nécessaire. Mais il en existe chez les étrangers, et peut-être une traduction eût-elle donné à la France un ouvrage qui manque à sa bibliographie. Le génie de l’homme est cosmopolite ; il prend le bien où il le trouve, et l’orgueil national ne murmure point de ces justes et utiles larcins. Mais toutes les productions étrangères sont dictées par un esprit qui doit nous être étranger : s’approprier nos découvertes, contester nos progrès, dénigrer nos conquêtes, voilà ce que nos voisins appellent du patriotisme, et il entre dans ce sentiment moins d’amour pour leur pays que de haine pour le nôtre. Il faut donc à la