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AVIS DE L’ÉDITEUR vij

avec les idées acquises, qui fût l’expression complète de l’état actuel de l’esprit humain. Plusieurs routes s’offraient à nous pour atteindre ce but, et nous devons compte à nos lecteurs des motifs qui nous ont fait préférer celle que nous avons suivie.

Il était facile d’extraire des Encyclopédies françaises les articles que les découvertes nouvelles n’avaient point vieillis. Mais d’abord, faits pour un ouvrage plus étendu, il eût fallu les resserrer dans un cadre plus étroit ; et quelle main eût osé mutiler les productions de J,-J. Rousseau, de Voltaire, de d’Alembert, de Diderot ? D’ailleurs les articles les plus parfaits sont incontestablement ceux de littérature et de philosophie ; et toutefois qui ne sait que, familiarisés aujourd’hui avec les langues étrangères, les Français ont fait éprouver, à leur insu, et presque malgré eux, de grandes, d’heureuses modifications à leur système littéraire ? Notre littérature sera toujours classique, et parceque nos grands modèles ont tracé la route, et parceque la précision de notre langue ne saurait se prêter au vague idéalisme de la Germanie, ou au fantastique romantisme de l’Angleterre ; mais cependant il faut tenir compte de l’influence qu’exercent ces innovations exotiques sur nos productions indigènes, et, sous ce rapport, les meilleurs articles des anciennes Encyclopédies sont incomplets. Il en est ainsi de leur philosophie ; l’école écossaise et le kantisme ont influé, même pour ceux qui rejettent leurs systèmes, sur la doctrine de Locke