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aiguillonnées, ou sans aiguillon, & elles en jettent de cette derniere façon tout le reste de l’année.

Fumées des cerfs en Juin & Juillet.

Depuis la mi-Juin jusqu’à la mi-Juillet, & même un peu plus avant, les cerfs jettent leurs fumées en grosses torches, fig. 7. se tenant l’une à l’autre, & un peu molles, en forme de plateaux arrondis, elles sont un peu ridées aux cerfs de dix cors & aux vieux cerfs, & ils en jettent de cette façon jusqu’à ce qu’ils touchent au bois; ce qu’ils font, savoir, les plus avancés dans le 12 ou le 15 de Juillet, les autres à la Magdeleine ou le 22 du même mois, d’autres sur la fin de Juillet, & quelques-uns dans le mois d’Août, toujours à proportion de ce qu’ils sont avancés ou tardifs. Quand les fumées sont liées, jaunes & glaireuses, c’est une marque que les cerfs sont bien en venaison, car après qu’ils les ont jettées en torches & arrondies, elles deviennent aiguillonnées, & c’est environ vers le tems qu’ils veulent toucher au bois. Les fumées du relever sont toujours mieux moullées & mieux digérées que celles de la nuit, à cause du repos du jour.

Les airs notés, qui sont au bas de la Planche, servent dans les occasions qui y sont marquées; ils sont sonnés avec la trompe, autrement cor de chasse.

PLANCHE II.

La vignette, aussi de la composition de Rhidinger, représente le laisser courre ou la chasse par force.

Il faut que celui qui laisse courre, ait le trait de son limier déployé, tout prêt à ses brisées, & qu’il mette ensuite le limier sur les voies du cerf en le laissant aller en liberté environ de la longueur du trait, suivi des chiens & des piqueurs. Il doit alors toujours en le suivant, parler à son limier à haute voix en ces termes, hau valet, après, après mon valet, après veleci aller, il dit vrai; puis s’arrêter en le tenant ferme sur les voies, & l’animant pour le faire appuyer, lui dire, aroute, aroute à lui, veleci aller après, après, l’ami. Lorsque l’on revoit du cerf par le pié ou par les foulées, on crie, veleci, vau, vau. Si c’est dans l’été, saison où les cerfs font des portées, on dit, veleci vau, vau par les portées, veleci vau, vailà; & l’on fait ensuite arrêter son limier en le faisant appuyer: s’il est sur les voies, il demeurera ferme arrêté, & s’il n’y est pas, il les cherchera, c’est pourquoi il faut l’animer sans cesse, en lui disant, vailà, vailà, & lui parler toujours à propos dans les termes que nous avons marqués. Mais tandis qu’il cherche les voies, il faut avoir les yeux attentifs pour tâcher d’en revoir soi-même sur la terre, & lorsqu’on en revoit, lui crier souvent, veleci vau, vau il dit vrai, veleci vau, vau veleci, il dit vrai, après, après, veleci aller. Enfin, il ne faut pas cesser un moment de parler à son limier pour régler tous ses mouvemens & le faire suivre dans les formes.

Il arrive souvent qu’un cerf va jusqu’au milieu de l’enceinte sans faire de retours, ou qu’après en avoir fait un, il ne s’en écarte plus; ce qui fait qu’on le peut lancer en s’en approchant. Alors, si votre limier a le vent de sa reposée ou de ses voies, ou si les chiens de la meute qui suivent, l’ont senti, ils se réchaufferont & crieront tous; mais s’ils n’en ont de connoissance qu’au lieu même de la reposée, il faut d’abord bien examiner si c’est la reposée de votre cerf, & voir de ses fuites pour vous en assurer; après quoi l’on dit, vaule ce l’est, il dit vrai, vaule ce l’est: & aussitôt on appelle les chiens, hau tahaut tahaut; & en cas qu’ils soient éloignés, on sonne deux mots de la trompe. Lors-

que les chiens sont arrivés, vous marchez deux longueurs de trait avec votre limier devant eux pour leur faire sentir les voies, & aussitôt celui qui laisse courre, sonnera pour faire découpler les chiens, ce que les valets feront à l’instant.

Lorsqu’on laisse courre pendant le rut, le valet de limier a bien plus de peine à cause des retours que les cerfs font partout en cette saison; c’est pourquoi il faut prendre garde, lorsque l’on est au bout des voies, quel est le retour de votre cerf, afin de faire repasser le limier par-dessus les mêmes voies. On prend ensuite à droite & à gauche du retour, pour trouver où le cerf tournera; & en faisant revenir le limier pour lui faire rechercher les voies, on lui crie, hau l’ami, hau veleci revari. Enfin, quand on est retombé sur les voies, on répéte les termes ci-dessus, après, après, veleci aller, à route. Mais à tous les retours où l’on se trouve avec son limier, on lui crie, ha hourva tien veleci revari; & souvent au bout de ces retours, il s’arrête, comme je l’ai marqué.

Le cerf étant lancé, s’il est accompagné ou d’un jeune cerf ou de quelque bête, il faut suivre aussitôt environ de deux ou trois longueurs de trait, pour voir s’ils ne se séparent point; car en partant de la reposée, ils se séparent bien souvent: & quelquefois aussi ils ne se séparent point.

Si c’est un cerf de dix cors, qui soit accompagné dans l’enceinte, il ne manquera pas de se faire chasser cinquante pas sans se séparer; ensuite il quittera le cerf ou les bêtes qui l’accompagnoient, & faisant un retour sur ses voies, il les laissera aller, & se dérobera des chiens sans daigner les suivre.

Il est d’une extrème conséquence de ne donner jamais qu’un cerf aux chiens d’une nouvelle meute, qui n’ont pas encore chassé, car ils en prennent de bonnes impressions; au lieu qu’en leur donnant plus d’une bête, on leur en fait prendre de mauvaises, & ils en contractent une habitude, qu’il est difficile de leur faire perdre.

Lorsqu’un cerf a été lancé le matin par le valet de limier qui a été au bois, & qu’il ne peut le détourner parce que le cerf va toujours, il est obligé de l’abandonner pour se rendre à l’assemblée: & après en avoir fait son rapport, on va à ses brisées découpler les chiens pour y prendre les voies & lancer le cerf; au lieu que, quand on laisse courre un cerf avec un limier, & que l’on en revoit, on crie, veleci vau vau, jusqu’à ce qu’il soit lancé; & après qu’il est lancé, vaulecelez, vaulecelez. Lorsqu’on reverra, soit dans un chemin soit dans des plateaux d’un cerf ainsi lancé dès le matin, on criera, veleci outrevau, veleci outrevau, & cela autant de fois que l’on en reverra jusqu’à ce qu’il soit lancé; & en revoyant de ses fuites, vaulecelez, vaulecelez: c’est un terme qu’on a introduit, & qui a paru convenir dans cette occasion.

De tout ce qui concerne la fonction des piqueurs à la chasse, des termes dont ils doivent se servir pour parler aux chiens, & de l’ordre qui doit s’observer à la mort du cerf.

Ceux qui piqueront de meute, c’est-à-dire, les piqueurs qui seront commandés pour faire chasser les chiens, feront leur possible pour connoître le pié du cerf que l’on donne aux chiens dans le tems même qu’il est lancé & avant que les chiens soient donnés, afin que si le cerf s’accompagnoit après avoir un peu couru, ils le puissent reconnoître dans le change, ou lorsqu’il sera séparé. Mais il faut pour cet effet que les piqueurs soient bons connoisseurs,