Page:Encyclopedie Planches volume 5.djvu/376

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transversales des bancs à l’instant qu’on les sort des carrieres, aussi distinctement qu’après que ces mêmes bancs ont été tant soit peu desséchés à l’air libre.

Réponse.

Quoique l’ardoise soit composée, ainsi qu’on l’a dit précédemment, d’une infinité de couches divisibles à l’infini, on ne remarque cependant aucunes distinctions dans les coupes transversales des feuillets, ni dans les joints des blocs, soit avant que la pierre soit détachée de la masse de la carriere, soit avant qu’elle en ait été tirée.

L’ouvrier qui fend l’ardoise, n’observe aucun ordre dans son travail pour la division des blocs & des feuillets, sur son ciseau posé au hasard sur les fils de l’ardoise qu’il ne peut distinguer, il donne un coup de marteau & divise le bloc en deux; il recommence ainsi toujours la même opération, & pourroit le réduire en feuillets aussi minces qu’une feuille de papier, lorsqu’il est franc; car s’il est aigre, trop dur ou mêlé de corps étrangers, les feuillets ne peuvent être réduits qu’à une certaine épaisseur, ce qui fait que l’ardoise qui provient même du quartier le plus franc, ne peut jamais avoir une épaisseur réguliere, comme si ces feuillets étoient bien distincts; d’où l’on peut conclure que l’Ordonnance de la ville de Paris de 1672, qui enjoint que l’épaisseur de l’ardoise sera constamment la même, pêche dans son principe.

Les blocs d’ardoise se dessechent étant trop longtems exposés à l’air & au soleil; & lorsqu’ils ont totalement perdu leurs eaux (en terme de carriere), il n’est plus possible de les fendre: on a vu ci-dessus l’effet que produit la gelée sur l’ardoise, on peut en faire l’application.

Onzieme & derniere Question.

Les fontaines qui sont ordinairement dans les ardoiseries, ont-elles quelques propriétés particulieres? Ne charient-elles pas des matieres noires & sulfureuses? Ne s’est-il jamais rencontré dans l’exploitation des ardoiseries quelques filons de charbon de terre, des pyrites, des coquillages pétrifiés, des impressions de feuilles ou d’animaux, des nodus, & enfin des matieres étrangeres?

Réponse.

Les Fontaines qui sortent ordinairement des délits des bancs d’ardoise sont quelquefois minérales, elles charient des matieres ferrugineuses & sulfureuses; les médecins les ordonnent pour certaines maladies. On a dit ci-dessus qu’il s’y trouvoit des filons d’une terre noire semblable au charbon de terre, mais n’en ayant point les qualités ni les propriétés.

Les pyrites y sont très-communes, elles sont quelquefois parsemées en forme de gros grains de sable sur des couches très-étendues d’ardoise où elles sont adhérentes & retenues par une matiere pierreuse & fort dure, bien différente de celle de l’ardoise, d’autres fois elles forment des nodus, toujours empreints sur cette matiere pierreuse; les plus fortes de celles qui forment des nodus sont de figure cubique de la grosseur d’un dé à jouer, elles semblent participer de la mine de cuivre, cependant en leur faisant éprouver le feu, elles n’y résistent point, elles rendent une odeur sulfureuse très-forte, & tombent en dissolution, ce qui pourroit induire à croire que ces pyrites ne sont autre chose qu’un amas de parties sulfureuses très-fines & très-déliées, ce qui augmente leur densité; toutes ces pyrites frappées avec un morceau d’acier, laissent échapper des parties ignées très-vives.

On rencontre aussi des marcassites par petites couches ou filons mélangés de sable & d’argille, & dans lesquels on remarque la même matiere pierreuse des couches d’ardoise auxquelles les pyrites sont adhérentes; les chats, les pyrites & les marcassites forment également des nodus, l’ardoise même produit cet effet, c’est ce que les ouvriers appellent moelles ou mousses.

On trouve sur l’ardoise des impressions de feuilles, d’herbes, de mousses, ou plantes de différentes especes, mais on n’a aucune connoissance d’impressions d’animaux.

Tels sont à-peu-près les corps étrangers qui se rencontrent dans les ardoiseries: quant aux coquillages pétrifiés, & autres productions marines, elles n’en ont jamais produit, ou du moins on n’en a jamais trouvé, quelque extrême attention que l’on ait apportée à cette recherche.

Si l’auteur des éclaircissemens demandés desire avoir quelques instructions plus amples sur ce qui concerne les ardoiseries, ou s’il se trouve dans ce Mémoire quelques objets qui méritent des détails plus particuliers, l’Ingénieur fera tout ce qui dépendra de lui pour satisfaire aux nouvelles questions qui pourront lui être adressées à ce sujet; si l’on a même besoin de faire quelques expériences qui exigent du tems & des précautions, il les exécutera avec d’autant plus de facilité & d’assurance, qu’il peut compter sur le travail, les soins & l’intelligence du sieur Sarthe, possédant & exploitant, comme on l’a dit ci-dessus, deux des plus belles carrieres d’ardoises des environs d’Angers, & auquel il doit une partie du travail & des observations ci-jointes.

Le présent Mémoire fait par nous, Ingénieur du Roi pour les ponts & chaussées des provinces du Maine & d’Anjou. A Angers le 12 Janvier 1754.


Observations sur l’Art nouvellement publié, de tirer des carrieres la pierre d’ardoise , &c. Avertissement, page iv.

ON promet de détailler les moyens employés pour tirer la pierre d’ardoise des carrieres de la Champagne. C’est principalement cette partie de l’ouvrage qu’on se propose d’examiner ici. Le zele de l’auteur pour le progrès des Arts fait espérer qu’il approuvera qu’on remarque des négligences qui doivent moins lui être imputées qu’aux personnes auxquelles il a été obligé d’avoir recours, n’étant pas possible qu’il vît tout par lui-même. Par rapport au petit nombre d’observations qu’on fera sur ce qu’il a dit de la maniere d’exploiter les carrieres des environs d’Angers, elles sont beaucoup moins importantes; mais l’ouvrage mérite qu’on ne néglige rien de ce qui peut tendre à n’y laisser aucune tache dans une nouvelle édition.

Corps de l’Ouvrage, page 4. ligne 31.

Les carrieres ont environ 157 ou 200 piés de largeur, les plus grandes en longueur, 120 ou 150 piés. La longueur doit ordinairement être plus grande que la largeur. On ne fait ici cette observation, que parce que ces négligences de style sont fort communes dans cet ouvrage où elles portent quelquefois même de l’obscurité. On y trouve souvent le mot vague de grandeur pour désigner des dimensions bien déterminées, telles que la longueur, la largeur, l’épaisseur. On y trouve petit pour mince, détruire pour effacer une figure de géométrie tracèe avec de la craie sur une ardoise. Il y auroit eu de l’affectation à relever toutes les négligences de cette espece à mesure qu’elles se seroient présentées; mais j’ai cru devoir observer en général qu’elles se présentent souvent.

Page 7. ligne 12 & suivantes.

Cet article manque de précision; car on entend communément par puits, des trous verticaux par lesquels on enleve les matériaux & vuidanges à l’aide de quelque machine: je ne connois point de carriere en Champagne au-dessous de Charleville, qui s’exploite de cette maniere. Quand l’entrée de la fosse est sur le dessus de la montagne, on descend dans la carriere par une galerie inclinée suivant le même angle que le banc d’ardoise; & quand il est possible d’attaquer la carriere par le flanc de la montagne, on y entre par une galerie horizontale. Il peut y avoir au surplus dans le pays de Liege au-dessous de Charleville, & en Champagne du côté de Chaumont, des ardoisieres où l’on descende