Page:Engel - Traité de la nature, de la culture, et de l'utilité des pommes de terre, 1771.djvu/64

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qu’on n’y recherchât pas une blancheur & une délicateſſe extrême, on épargneroit le temps & la peine de cette operation, qui d’ailleurs ne peut ſe faire ſans perte. Il n’eſt pas plus néceſſaire de faire cuire les pommes ; étant rapées toutes crues le pain n’en eſt pas moins bon : j’ai même remarqué que la bouillie faite de ces pommes fraîches ne s’incorpore que mieux avec la farine de froment On y joint telle quantité que l’on veut de cette farine, ſelon l’abondance ou la rareté du bled, & le plus ou moins de qualité que l’on veut donner à ce pain.

Avec un tiers de farine & deux tiers de pommes de terre, on fait du pain très mangeable ; à parties égales, le pain eſt bon ; & ſi l’on met deux tiers de farine ſur un tiers de pommes, le pain eſt tel qu’il eſt difficile de s’appercevoir qu’il n’eſt pas de pur froment, Ce melange étant fait, on pétrit avec du levain ordinaire, & en même quantité que l’on a accoutumé d’en mettre : il faut peu d’eau, puiſque cette bouillie en contient preſque autant qu’il eſt néceſſaire. Cette pâte lève très bien ; on en fait des pains plus ou moins grands que l’on met cuire au four à l’ordinaire, obſervant de ne le pas tant chauffer.

Ayant mangé de ce pain, où il étoit entré un quart de pommes de terre, que le trouvai excellent, j’ai remarqué dans celui qui étoit tout frais, un petite humidité un peu gluante, qui provenoit des pommes de terre ; j’en ai conclu facilement que c’étoit ce qui conſervoit long-temps ce pain frais, & ne permettoit