Page:Engel - Traité de la nature, de la culture, et de l'utilité des pommes de terre, 1771.djvu/65

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pas qu’il ſe ſéchât ſi promptement que celui de pur froment, qui en manquoit ; tout comme on voit la même choſe, à proportion, dans le pain de ſeigle & de meſſel.

Un trop grand degré de chaleur bruleroit ce pain, ou tout au moins le rendroit noir à l’exterieur, quoique l’interieur n’en fut pas moins blanc ; il ſe fait une tranſſudation conſiderable ſur la ſurface, qui étant frappée d’une grande chaleur, la noirciroit : comme d’ailleurs ce pain n’exige pas une ſi forte cuiſſon, il faut moins chauffer le four, & c’eſt encore une économie.

Avec cette attention, on aura de fort beau pain, qui ne differera point en apparence du pain de froment ; il est léger, très blanc, & de bon goût. La groſſe farine qui ne donneroit que du pain bis, étant mêlée avec les pommes de terre, donne du pain plus blanc, qui a l’avantage de ſe conſerver frais bien plus longtemps que le pain de froment. J’en ai gardé pendant quinze jours, il étoit encore bien mangeable, & tel que ſeroit le pain ordinaire après cinq ou ſix jours de cuiſſon. On peut s’en ſervir de même dans le potage.

Ceux qui connoiſſent les bonnes qualités de la pomme de terre, ne peuvent douter que ce pain ne ſoit très ſain. De quelle reſſources ne ſeroit-il pas dans les temps de diſette ? & pourquoi n’en feroit-on pas toujours uſage dans les campagnes ; les Communautés peu riches, les hôpitaux, &c., où l’on ne mange ſouvent que du pain de mauvais grains ?