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Page:Erckmann–Chatrian — Histoire d’un paysan.djvu/105

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Histoire d’un paysan.

Une grande et haute salle remplie de monde. Sur un tabouret au premier plan, un homme lève le bras. La foule autour de lui fait de même en regardant vers lui. On aperçoit une foule encore plus compacte dans une galerie le long du mur.
« Nous le jurons !… nous le jurons !… » (Page 103.)

seuls, après un hiver aussi terrible ; qu’ils cherchent leur nourriture, et qu’on n’a pas besoin de faire signe aux sauterelles de tomber sur les moissons.

Enfin, la reine et la cour détestent ce duc, et cela lui fait beaucoup d’amis. Son Palais-Royal est toujours ouvert, et dans l’intérieur se trouvent des lignes d’arbre où chacun peut se promener. Quatre rangées d’arcades entourent le jardin, et là-dessous sont les plus belles boutiques et les plus élégants cabarets de Paris. C’est la réunion de la jeunesse et des gazetiers, qui parlent haut pour ou contre, sans se gêner de personne. Quant à ce qu’ils disent, ce n’est pas toujours fameux, et, la plupart du temps, cela vous passe par la tête comme dans un crible, le bon grain qui reste n’est pas lourd ;

ils vendent plus de paille que de froment. Deux ou trois fois, j’ai bien écouté, et puis, en sortant, je me demandais, tout embarrassé : — Qu’est-ce qu’ils ont dit ? — Mais, c’est égal, le fond est toujours bon, et quelques-uns ont tout de même beaucoup d’esprit.

Nous avons pris là, sous les arbres, une bouteille de mauvaise piquette très-chère. Les loyers sont chers aussi ; je me suis laissé dire que la moindre de ces boutiques se loue deux et trois mille livres par an : il faut bien se rattraper sur la pratique. Ce Palais-Royal est réellement une grande foire, et la nuit, quand les lanternes s’allument, on ne peut rien voir de plus beau.

Le 11, vers deux heures de l’après-midi, nous sommes repartis bien contents de notre

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