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LA MAISON FORESTIÈRE.

« Sois maudit comme Hérode. » (Page.29.)

Et, se dressant sur ses étriers à plein vol, les deux bras en l’air et sa longue figure jaune animée d’enthousiasme, il jetait des cris de triomphe qui retentissaient dans tous les bois d’alentour.

Honeck ne l’avait vu qu’une fois si joyeux : c’est à l’assaut de Landau, quand il grimpait aux murs et se dressait dessus en abattant les lances à coups de hache, comme l’herbe des champs. Il était terrible à voir dans sa joie.

Mais lorsqu’ils approchèrent du Veierschloss, le Burckar devint plus grave, sans cesser d’être content ; il emboucha sa trompe pour avertir les reîters d’abaisser le pont-levis. Et, le pont étant baissé, tous deux entrèrent au pas.

Dans la cour se trouvaient le capitaine Jacobus, le lieutenant Kraft et bon nombre de trabans. Vittikâb, avant de mettre pied à terre, dit à tout ce monde d’une voix nette et brève :

«  Je vous fais savoir que moi, Vittikâb, Comte-Sauvage et seigneur du Veierschloss, et la noble demoiselle Vulfhild, de Roterick, nous sommes fiancés à partir d’aujourd’hui, et que le mariage aura lieu dans trois semaines. Je veux que tout le monde soit content, comme un jour de victoire au partage du butin. Le vin ne nous manquera pas. Celui qui ne serait pas content, mériterait d’étre pendu, et celui qui se permettrait de redire quelque chose à tout cela, c’est à moi qu’il aurait affaire. Réjouissez-vous donc, je le veux ! »

Il lança sur tout ce monde stupéfait un regard étincelant puis il grimpa l’escalier de ses