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Le brigadier Frédéric.

remarquer les délinquants, que les bois appartenaient toujours à la France, et qu’après la guerre il faudrait rendre des comptes. Mon triage avait moins souffert que les autres, parce que je continuais de faire mes tournées comme autrefois ; les gens respectent toujours ceux qui remplissent leur devoir.

Enfin, j’envoyai Jean prévenir ses camarades d’être sans faute le lendemain, vers neuf heures, à la maison forestière, en uniforme, mais sans plaque, et que nous partirions ensemble pour Zornstadt.

Le lendemain, tous étant venus, on se mit en marche, et, vers midi, nous arrivions dans le vestibule de la grande maison où s’était installé monsieur l’Oberfœrster avec toute sa famille.

C’était grande fête à Zornstadt pour les Prussiens. Ils venaient d’apprendre la capitulation de Bazaine, et chantaient dans tous les cabarets. L’Oberfœrster donnait aussi gala.

Naturellement, cette triste nouvelle nous rendait sombres.

Les autres brigades se trouvaient déjà réunies à la porte, les brigadiers Charles Werner, Balthazar Rœdig et Jacob Hepp en tête.