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Le brigadier Frédéric.

la figure rouge, les mains croisées sur son ventre d’un air de satisfaction.

C’était un bel homme, dans sa camisole de drap vert bordée de peau de martre, oui, Georges, il faut le reconnaître, un très-bel homme, grand, bien bâti, la tête carrée, les cheveux courts, les mâchoires solides, avec de longues moustaches et de larges favoris roux qui lui couvraient pour ainsi dire les épaules. Seulement son gros nez rouge, recouvert de petites plaques farineuses, vous étonnait au premier abord, et vous forçait en quelque sorte de détourner les yeux, par respect pour son grade.

Il nous regardait entrer, ses petits yeux gris plissés jusqu’aux oreilles ; et quand nous fûmes tous rangés autour de la table, la casquette à la main, après nous avoir bien observés, il tira son gilet par le bas, en toussant un peu, et nous dit d’un air d’attendrissement :

« Vous êtes de braves gens, vous avez tous de bonnes figures allemandes, cela me tait plaisir ! Votre tenue est aussi très-bien ; je suis content de vous ! »

Dans la salle à côté, les invités riaient ; cela força M. l’Oberfœrster de s’interrompre :