Page:Erckmann-Chatrian - Le brigadier Frédéric, 1886.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
Le brigadier Frédéric.

« Je vous accorde vingt-quatre heures ! Demain, à cette heure-ci, je veux avoir la réponse écrite et signée de chacun de vous : oui ou non ! Ne croyez pas que les hommes nous manquent, il en existe beaucoup en Allemagne, et de braves gens, de vieux forestiers, connaissant le service aussi bien que le plus fin d’entre vous, qui ne demanderaient pas mieux que de venir dans cette riche Alsace, où tout pousse en abondance, se loger dans de bons nids, au milieu de magnifiques forêts en plein rapport, faire un petit tour aux environs matin et soir, dresser un procès-verbal, et recevoir pour cela quinze cents francs par an, avec le jardin, le bout de prairie, le bois de chauffage, la pâture pour la vache, et le reste. Non, ne le croyez pas ! Des centaines attendent avec impatience qu’on leur fasse signe de venir. Et pesez bien votre réponse ; songez à vos femmes et à vos enfants ; craignez d’avoir à vous repentir amèrement, si vous dites non ! La France est ruinée de fond en comble, elle n’a plus le sou ; les pauvres forêts qui lui restent du côté des Landes et de la Bretagne sont des manches à balais ; les gardes de ces broussailles seront maintenus à leurs