Page:Erckmann-Chatrian - Le brigadier Frédéric, 1886.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

123
Le brigadier Frédéric.

IX

Le lendemain, 1er  novembre, au petit jour, je partis pour le Graufthâl. J’avais mis ma blouse, mes gros souliers et mon feutre. Les arbres au bord du chemin, se courbaient sous le givre ; de loin en loin, un merle, une grive s’élevaient sous les broussailles blanches, poussant leur cri, comme pour me dire adieu. Depuis, j’y ai rêvé bien des fois ; j’étais sur le chemin de l’exil, Georges, il commençait seulement et devait aller bien loin.

Vers sept heures, j’arrivais sous les grosses roches, où se cachent les plus pauvres maisonnettes du hameau ; d’autres suivent la rivière, et je m’arrêtai devant celle du père Ykel. J’entrai par la cuisine, dans la salle d’auberge tout enfu-