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Le brigadier Frédéric.

À peine avait-il fini de parler, que je montais quatre à quatre, pour raconter ces bonnes nouvelles à Marie-Rose. Je la trouvai sur le palier ; elle descendait à la buanderie, et ne parut pas donnée du tout :

« Oui… oui… mon père, dit-elle, je pensais bien que cela finirait de cette manière ; il faut que tout le monde s’en mêle, il faut que tous les hommes partent. Ces Allemands sont des voleurs, ils reviendront en déroute. »

Sa tranquillité m’étonnait, car l’idée devait aussi lui venir que Jean, un homme hardi, ne resterait pas au pays dans un moment pareil, et qu’il pouvait tout à coup s’en aller là-bas « malgré toutes les promesses de mariage.

Enfin, songeant à cela, je rentrai dans ma chambre, pendant qu’elle descendait l’escalier, et deux minutes après le pas de Jean Merlin retentit sur les marches.

Il entra tranquillement, son large feutre rabattu sur les épaules, et dit de bonne humeur :

« Bonjour, père Frédéric. Vous êtes seul ?

— Oui, Jean, Marie-Rose vient de des-