sans doute depuis longtemps au coin d’un bois, ou dans un sillon quelque part ; ils sont bien heureux.
Un matin, dans la grande salle en bas, étant seuls, le père Ykel me dit :
« Frédéric, on sait que Jean Merlin, votre gendre, est parti pour rejoindre l’armée nationale. Méfiez-vous, les Prussiens pourraient vous faire de la peine ! »
J’étais tout saisi, et je lui répondis au bout d’un instant :
« Mais non, père Ykel ! Jean a des affaires du côté de Dôsenheim ; il court pour faire rentrer de vieilles créances ; dans ce moment on a besoin d’argent.
— Bah ! bah ! dit-il, vous n’avez pas besoin de me cacher la chose ; je suis un vieil ami des Bruat et le vôtre. Merlin n’est pas venu depuis quelques jours ; il a passé la montagne et il a bien fait, c’est un brave garçon ; mais les traîtres ne manquent pas, vous êtes dénoncé, ainsi soyez sur vos gardes. »
Cet avertissement me donna l’éveil ; et, pensant qu’il était bon de prévenir aussi la mère Margrédel et l’oncle Daniel, après déjeuner, sans