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Le brigadier Frédéric.

nous punir. Mais leur tour viendra, nous irons aussi chez eux… Ils verront comme c’est agréable d’être envahis, volés, pillés. Gare !… gare !… À chacun son tour !… »

Elle parlait avec tant de confiance, que j’en prenais aussi, je me disais :

« C’est bien possible ce qu’elle raconte là… Oui, la justice arrive tôt ou tard ! À la fin du compte nous pourrions bien reprendre l’Alsace… Tous ces Allemands ne s’aiment pas entre eux… Il ne faudrait qu’une grande bataille gagnée, la débâcle commencerait tout de suite… les Bavarois, les Hessois, les Wurtembergeois, les Saxons, les Hanovriens, chacun tirerait de son côté… cela marcherait tout seul. »

Mais en attendant, nous étions dans une bien triste position.

Margrédel disait qu’ils avaient assez de seigle et de pommes de terre pour aller jusqu’à la fin de la guerre, et qu’avec quelques sous de sel, cela leur suffirait.

Maître Daniel serrait les lèvres et restait pensif.

Enfin, ayant vu l’état des choses à Felsberg, je pris congé de ces vieux amis vers onze heu-