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Le brigadier Frédéric.

devant un devoir ; et qu’il allait aussi partir, avec sa femme et ses enfants, abandonnant sa clientêle, le fruit de son travail depuis des années, pour ne pas entrer dans le troupeau du roi Guillaume !

En causant ainsi, nous arrivâmes, vers trois heures, devant la pauvre auberge du Graufthâl. Nous montâmes le petit escalier. Marie-Rose nous avait entendus ; elle était sur la porte, et s’empressa de présenter une chaise à M. Semperlin.

Le docteur regardait les poutres noires du plafond, les petites fenêtres, le petit poêle et dit :

« C’est bien petit et bien sombre, pour des gens habitués au grand air. »

Il se rappelait notre jolie maison de la vallée, ses fenêtres si claires, ses murs si blancs. Ah ! les temps étaient bien changés.

Enfin ayant respiré deux minutes, il dit :

« Allons voir la malade. »

Nous, entrâmes ensemble dans la petite chambre à côté. Le jour baissait, il fallut allumer la lampe ; le docteur, se penchant sur le lit, regarda la pauvre vieille en lui disant :