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Le brigadier Frédéric.

ment. Vous êtes signalé comme un être dangereux, ennemi acharné des Allemands. Vous avez détourné vos hommes de prendre du service chez nous ; votre gendre est allé rejoindre les bandits de Gambetta. Vous vous êtes vanté dans une brasserie d’avoir refusé les offres de l’Oberfœrster de Zornstadt : en voilà quatre fois plus qu’il n’en faut pour mériter d’être mis à la porte. »

Je lui parlai de l’état delà grand’mère.

« Eh bien ! laissez-la dans son lit, fît-il ; l’ordre du Kreissdirector n’est que pour vous. »

Puis, sans m’écouter davantage, il entra dans une chambre à côté, appelant un domestique, et referma la porte derrière lui.

Je redescendis bouleversé ; ma dernière espérance était perdue, il ne me restait aucune ressource, il fallait partir, il fallait annoncer ce malheur à ma fille, à la grand’mère ! Je savais ce qui allait en résulter ; et le front courbé, je passai la porte d’Allemagne, le pont, l’avancée, sans rien voir. Sur les glacis, au Biechelberg, tout le long du chemin sous bois et parla vallée, j’étais comme fou de désespoir ; je parlais en moi-