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Le brigadier Frédéric.

un bon coup de collier et tu seras sur le plateau ; de Provenchères tu n’auras plus qu’à descendre.

Ainsi grimpant, m’encourageant et me cramponnant, tout fatigué que j’étais, j’atteignis Provenchères au milieu du jour et j’y fis halte.

Je bus un bon verre de vin à l’auberge des Deux-Clés, et là j’appris que M. d’Arence était toujours à Saint-Dié, inspecteur des eaux et forêts, qu’il avait même commandé la garde nationale dans les derniers événements.

Cette nouvelle me fît grand plaisir ; je repartis de là plein d’espérance ; et le soir, ayant atteint Sainte-Marguerite, au fond de la vallée, je n’eus plus qu’à suivre la route nationale jusqu’à la ville, où j’arrivai tellement fatigué, qu’il me restait à peine la force de me tenir debout.

Je fis halte à la première petite auberge de la rue du Faubourg-Saint-Martin, et j’eus le bonheur d’y trouver un lit, où je dormis encore mieux que dans ma grange de Schirmeck.

La trompette des Prussiens m’éveilla de bon matin ; un de leurs régiments occupait la ville ; le colonel logeait à l’évêché, et les autres officiers